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Dans sa Préface Testamentaire aux Mémoires d'Outre­ Tombe, Chateaubriand écrit: «Si j'étais destiné à vivre,je représenterais dans ma personne, représentée...

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« Dans sa Préface Testamentaire aux Mémoires d'Outre­ Tombe, Chateaubriand écrit: «Si j'étais destiné à vivre,je représenterais dans ma personne, représentée dans mes Mémoires, les principes, les idées, les événements, les catastrophes, l'épopée de mon temps, d'autant plus quej'ai vu finir et commencer un monde, et que les caractères opposés de cette fin et de ce commencement se trouvent mêlés dans mes opinions».

La première partie des Mémoi­ res d'Outre-Tombe illustre-t-elle ce projet? Problématique 1.

N'y a-t-il pas une contradiction sur le plan de la vie personnelle de Chateaubriand, dans la mesure où il semble refuser et fuir à la fois !'Histoire? 2.

Son moi ne devient-il pas symbolique et par là même épique dans une reconstruction uniquement due à l'écriture? 3.

Ce désir de se constituer un héros épique n'est-il pas dépassé par un projet parallèle de l'écriture des Mémoires d'Outre-Tombe? Plan 1.

Le paradoxe : Chateaubriand semble, sur le plan de sa vie personnelle, refuser et fuir à la fois !'Histoire A.

Il se définit par une impossibilité d'insertion sociale et n'ap­ paraît pas représentatif d'un groupe. Notes à rédiger: - Nature : lieu bienfaisant et intime du clair-obscur refuge accueillant : «La lune se montrait à la cime des arbres ; une brise embaumée, que cette reine des nuits ame­ nait de l'Orient avec elle, semblait la précéder dans les forêts comme sa fraîche haleine». Les paysages inconnus de l'Amérique le libèrent du chaos de!'Histoire : «Ici plus de chemins, plus de villes, plus de monarchie, plus de république, plus de présidents, plus de rois, plus d'hommes». Sentiment de relativité bénéfique que procure l'oubli. - La Révolution en tant que bouleversement ne pèse plus sur la conscience: «L'individualité sert à mesurer la petitesse des plus grands événe­ ments». - Insertion sociale avec les sauvages américains (épisode des deux Floridiennes qui se déroule dans une île, lieu de bonheur chez Chateaubriand parce que clos et intime. Cependant l'épopée mythique s'abîme dans un échec aussi irrémédiable que les précédents.

Au cœur de l'Amérique, l'His­ toire est présente et tout le parcours américain est construit selon une alternance entre une envolée dans le mythe et un retour brutal à la réalité. Notes à rédiger: - Dès l'arrivée en Amérique: «ce fut une esclave qui m'accueillit sur la terre de la liberté». - Après un moment «d'ivresse et d'indépendance» dans une forêt, c'est la découverte grotesque de M.

Violet, maître de musique des sauvages, «chose accablante pour un disciple de Rous­ seau».

«J'avais grande envie de rire, mais j'étais cruellement humilié». - Après l'épisode enchanteur des Floridiennes, c'est l'irruption de «Bois-brûlé», symbole de la cor­ ruption amenée par les européens. Ainsi, c'est toute la conception d'une Amérique de rêve, qui est remise en cause symboliquement : la terre américaine a été colonisée par une «aristocratie chrysogène», qui ayant bafoué les valeurs originelles de pureté et d'innocence, a détruit la civilisa- personnage est également producteur de la narra­ tion et le sujet del'énoncé apparaît inséparable du sujet de l'énonciation. Cependant, ce qui importe est moins la ressemblance de ce qui est décrit avec ce qui a été vraiment, que le double effort pour peindre sa propre relation au passé et ce passé tel qu'on a cru qu'il était.

En conséquence,l'inexactitude en tant que telle ne présente aucun intérêt pour l'analyse... B.

Ce qui compte, c'est que le moi se considère comme un représentant privilégié de !'Histoire de son temps.

Pour quelles raisons ? L'Histoire du XVIIIe siècle est marquée par la rupture que constitue la Révolution.

Cette rupture, syno­ nyme de déracinement et de perte d'identité se résume pour la classe nobiliaire à la mort violente ou à l'émigration.

Pour le moi, la rupture est un traumatisme et une obsession.

Il devient dès lors une illustration parfaite des conséquences du bouleversement.

Mais !'écrivain ne s'arrête pas à cette cons­ tatation.

Il fait dépendre toute l'Histoire qui suit de la rup­ ture ; de même, tout ce qui précède la Révolution, tout le passé, sont revus en fonction de cette déchirure.

Ainsi, l'obsession du moi, symbole d'une douloureuse coupure, se marque par une inlassable répétition de la Révolution dans le texte. Notes à rédiger: - Mention à plusieurs reprises des morts causées par la Révolution (son frère, sa sœur, de Gesril, de SaintRiveul, duRoi, de laReine).

La mort qui fauche est le motif révolutionnaire constant. - LaRévolution s'incruste dans chaque description (lieux, paysages, vie d'auparavant) car tout a disparu. - Le moi apparaît comme le pivot qui permet au texte de fonctionner toujours et aussitôt sur l'axe du comparatif.

Le moi pivot s'érige en témoin d'un monde révolu : «Je suis comme le dernier témoin des mœurs féodales». - Témoin nostalgique de la vieille France, témoin à charge de la nouvelle.

Ex : Prise de la Bastille qui ressemble plus à une sorte de règlement de compte individuel et dérisoire qu'à un fait gran­ diose. conception radicalement idéaliste de !'Histoire élaborée.... »

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