De nombreuses œuvres théâtrales mettent en scène des personnages de valets et de servantes. A l'aide d'exemples précis, vous essaierez...
Extrait du document
«
De nombreuses œuvres théâtrales mettent en scène des personnages de
valets et de servantes.
A l'aide d'exemples précis, vous essaierez de dégager les caractéristi·
ques et le rôle de ces personnages.
Corrigé
PLAN DÉTAILLÉ
Introduction
Le valet, la servante : des personnages traditionnels.
Déjà les comédies
grecques et latines mettaient en scène des personnages d'esclaves (surtout
Plaute : le servus currens, l'esclave empressé ...).
Voir aussi la comédie
italienne.
Le sujet est difficile à délimiter : valets et servantes sont du domaine de la
comédie; dans la tragédie, on voit plutôt le personnage du confident.
On
fera cependant allusion à la tragédie, comme semble le demander le sujet.
I.
Les caractéristiques communes de ces personnages.
1.
Des personnages dépréciés.
Dans la comédie, il est de tradition que les valets manifestent :
• de la curiosité : les valets écoutent aux portes;
· • de la lâcheté, même s'ils sont fanfarons : voir Maître Jacques dans
L'Avare, qui n'est pas courageux devant la menace des coups de bâton;
• une absence de tout scrupule : dans L 'Avare, La Flèche dérobe la cas
sette d'Harpagon;
• un esprit de vengeance: dans L'Avare {IV, 4), Maître Jacques réconcilie
le père et le fils (Harpagon et Cléante) en faisant croire à chacun que l'autre
renonce â Mariane;
• de l'insolence face à leurs maîtres : voir dans Tartuffe (II, 2), Dorine
interrompt sans cesse Orgon qui ne parvient pas à lui donner le soufflet
dont il la menace (cf.
v.
567 : Dorine à Orgon « Je ne vous parle pas»);
m{;is on verra que ce trait revêt des aspects contrastés.
Cependant, dans la comédie, valets et servantes ne sont jamais complète
ment noircis, ils ont toujours quelques aspects sympathiques.
Dans la tragédie, les confidents sont parfois des personnages très
«noirs» : dans Britannicus, Narcisse, à l'acte IV, décide Néron au crime;
dans Phèdre, Œnone pousse Phèdre au mal, en refusant d'innocenter Hip
polyte.
2.
Des personnages sympathiques (même leurs défauts peuvent découler de
traits positifs).
- Le dévouement à leurs maîtres :
• ils sont sôucieux de l'honneur de leur maître : voir dans Tartuffe, Dorine
à Orgon (v.
548): «Votre honneur m'est cher», ou dansL'Avare (III, 1),
Maître Jacques qui souffre de voir tout le monde dans la ville se moquer
d'Harpagon;
• ils ont leur franc-parler et leur sincérité, et ne sont pas flatteurs : voir
L'Avarè, où Maître Jacques dit franchement à Harpagon ce que la ville
pense de lui(« avare, ladre, vilain et fesse-mathieu»);
• ils sont complices des personnages sympathiques, en particulier des
amoureux : voir Les Fourberies de Scapin, où Scapin est complice d'Octave
et d'Hyacinthe, Tartuffe, où Dorine est complice de Mariane, L'Ecole des
Femmes, où Alain et Georgette laissent entrer Horace.
Voir aussi le rôle de
Figarn dans Le Barbier de Sévifle, ou chez Marivaux la complaisance des
valets qui acceptent de prendre momentanément la place de leurs maîtres,
et ne profitent pas de la situation : dans Le Jeu de l'amour et du hasard,
Lisette, la servante, qui joue le rôle de sa maîtresse Silvia, croit avoir
enflammé Je cœur du prétendant de celle-ci, et va honnêtement en prévenir
le père de Silvia ;
• on peut même mettre sur le compte du dévouement la conduite
d'Oenon.:, dont les conseils entraîneront pourtant la perte de Phèdre: elle
est inspirée par son amour presque maternel envers elle, et, en tout désinté·
ressernent, veut sauver la vie de Phèdre et �a réputation.
- Un solide bon sens :
• ils sont toujours du côté des personnages qui ont du bon sens.
Voir Tar
tuffe, où Dorine lutte contre un adversaire très subtil, et trouve des répli
ques qui réduisent son interlocuteur au silence: « Vous êtes donc bien ren
dre à la tentation!» dit-elle à Tartuffe; ou à Orgon : «Ah! vous êtes
dévot, et vous vous emportez».
Voir Le Barbier de Séville, où Figaro lutte
contre Bartholo, tuteur de Rosine, et qui a des prétentions sur elle;
• ils dispensent des conseils de bon-sens : voir dans Phèdre Théramène qui
conseille 'à Hippolyte·de céder à l'amour (I, 1).
Une finesse : ils sont parfois à l'aise dans toutes les situations.
Voir la
perspicacité de Dorine, dans Tartuffe, qui a découvert le point faible du
dévôt : il est amoureux d'Elmire.
Voir, dans Le Bourgeois gentilhomme,
l'aisance de Covielle déguisé en Turc : il est capable d'adapter son langage
à celui de son interlocuteur, puis il improvise un langage«turc>>.
Voir aussi
l'assurance de Figaro, dans Le Barbier de Séville:« Je vais, d'un seul coup
de baguette, endormir la vigilance, éveiller l'amour, égarer la jalousie,
fourvoyer l'intrigue, et renverser tous les obstacles».
- · Un fond de bonté et de générosité : celui-ci se manifeste envers tous les
êtres et surtout les plus faibles.
Voir L'A vare, où Maître Jacques éprouve
de la tendresse et de la pitié pour les chevaux maltraités d'Harpagon.
Par
ailleurs, il aime son maître, malgré la dureté de celui-ci.
Il est Je seul à croire
qu'il_ y a quelque chose d'humain en lui.
3.
Des personnages souvent schématiques, conventionnels :
Certains traits de caractère se retrouvent d'une pièce à l'autre.
Il.
Au service de l'action.
1.
"Ils permettent l'exposition de la situation: voir dans Phèdre, Hippolyte
qui, avant de partir, parle à Théramène; dans Je Cid, Elvire qui révèle à
Chimène que son père veut lui faire épouser Rodrigue ; ou dans Iphigénie,
Agamemnon qui dévoile à Arcas l'objet de son inquiétude : il faut, pour
que la flotte grecque parte, sacrifier Iphigénie.
Grâce à ces personnages
subalternes, le spectateur est au courant de l'action de façon naturelle (on
sait que celle-ci est toujours engagée et représentée au moment où un
«nœud» se forme).
2.
Ils permettent de «faire Je point» au milieu d'un acte, dans des scènes
de repos, où l'action est interrompue par l'intervention de va!ets,..ou com
mentée par eux : voir L 'Avare (II, 4), où le valet La Flèche parle avec Fro
sine, «femme d'intrigue»: la scène, assez longue, nous apprend seulement
que Frosine vient «traiter une affaire» pour Harpagon, mais c'est l'occasion pour le valet de dire ce qu'il pense de son maître.
3.
Parfois ils ont un rôle dramatique si important que ce sont eux qui
déterminent !'action de la pièce, à des degrés divers.
Voir les intrigues
amoureuses chez Molière, où les valets trouvent des stratagèmes pour aider
leur maître : par exemple dans Le Bourgeois gentilhomme, Covielle suggère
à Cléante la «mascarade» qui fera accepter à Monsieur Jourdain le
mariage souhaité.
Dans Les Fourberies de Scapin, c'est Scapin, le valet de
Léandre, qui mène l'action : tous les personnages dépendent de lui.
C'est
lui qui arrange les mariages de Léandre....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓