De quelle vérité l'opinion est-elle capable? 11 Éléments d'analyse NOTIONS EN JEU L'opinion, la connaissance et la vérité. Dl FFICUL...

« De quelle vérité l'opinion est-elle capable? 11 Éléments d'analyse NOTIONS EN JEU L'opinion, la connaissance et la vérité. Dl FFICUL TÉS ► Le sujet met en rapport deux notions : l'opinion et la vérité.

Il est évident qu'aucune partie, ni même aucune sous-partie du dévelop­ pement, ne devra ignorer ce lien au profit d'une définition et d'un examen exclusif de l'une des deux notions.

Ce qui nous intéresse ici est l'éven­ tuelle coïncidence de l'opinion et de la vérité et toute copie qui cher­ cherait à traiter séparément les deux notions (ou pire à n'en traiter qu'une seule) s'acheminerait irrémédiablement vers le hors-sujet. ► Le terme vérité s'entend souvent en un sens absolu.

Or le sujet suggère qu'il y a plusieurs sortes (distinctes et sans liens de hiérarchie) ou plu­ sieurs degrés de vérité (et alors qu'est-ce qu'une vérité« moins vraie»?); cette remarque incite à explorer la notion de vérité et même à tenter de la redéfinir (toujours en gardant à l'esprit son rapport à l'opinion). PROBLÈME Comment caractériser la vérité que l'opinion, en tant que jugement per­ sonnel et non justifié rationnellement, est susceptible de procurer? PRÉSUPPOSÉ Le sujet suggère implicitement que l'opinion serait malgré tout capable d'une certaine vérité.

En outre puisque la question pose « de quelle vérité », elle laisse entendre qu'il existe plusieurs sortes ou, du moins, plusieurs degrés de vérité. DÉFINITIONS ► La vérité désigne le caractère d'un jugement qui ne peut, en droit, que susciter l'accord.

Le terme de vérité renvoie à l'idée d'un certain absolu et d'une certaine universalité.

La vérité est objective ou elle n'est pas. ► L'opinion : croyance, assentiment, avis.

L'opinion n'est pas fondée rationnellement, l'opinion est toujours l'opinion de quelqu'un (dimension subjective) ou bien de quelques-uns (opinion publique).

Dans un contexte plus politique et même médiatique, l'opinion s'entend comme l'avis majoritaire dans une société tel qu'il transparaît dans les sondages et les votes.

La notion d'opinion publique prend bien évidemment une importance considérable dans les régimes démocratiques. PLAN Introduction O L'opinion est capable d'une vérité immédiate A - L'opinion comme connaissance empirique et inférieure B - L'opinion ne se discute pas C - L'opinion est capable d'une vérité relative 8 L'opinion n'est capable que d'une apparence de vérité A - L'opinion a, en droit, toujours tort B - Vérité formelle et vérité matérielle C - L'opinion est en deçà des critères de vérité 9 La vérité de l'opinion se situe au-delà de l'opinion A - L'objectivité et la vérité du sujet B - L'opinion est capable d'une certaine sincérité Conclusion vérité.

Si j'estime par exemple que tout corps se déplaçant est animé d'un mouvement fini, c'est-à-dire qui doit prendre fin à un moment ou à un autre, c'est là une opinion, dans la mesure où je n'en dis pas plus et qu'en particulier je ne définis pas les conditions dans les.quelles j'en­ visage un tel mouvement ni ne donne les raisons de ce qui semble être une vérité.

On le voit, ce type d'assertion peut être considérée comme résolument fausse dans la mesure où tout mouvement, en vertu du principe d'inertie, n'a aucune raison de s'arrêter s'il n'est pas empêché (par des forces de frottement par exemple).

Mais, parallèlement, je puis dire que cette affirmation est parfaitement vraie dans la mesure où, de fait, je ne rencontrerai jamais au cours de ma vie un objet animé d'un mouvement perpétuel et uniforme.

Dès lors, de quelle capacité à pro­ duire une vérité est douée une telle opinion? Bien qu'elle ne fournisse qu'une explication lacunaire - et même très réduite et pauvre - mon opinion a du moins le mérite d'être en accord avec toute expérience possible pour moi.

L'opinion a donc quelque chose à voir avec la connaissance puisqu'elle se présente comme jugement à propos d'une réalité et qu'elle nie du même coup l'opinion contraire.

Et si elle entre pour une part, qui reste à déterminer, dans le domaine de la connais­ sance, elle ne peut qu'avoir un rapport avec la vérité car il serait absurde d'envisager une forme de connaissance, quelle qu'elle soit, qui n'en­ tretienne aucune relation à la vérité ou qui au moins n'aspire à aucune vérité.

En ce que l'opinion peut être le départ d'une connaissance, on peut postuler qu'elle est susceptible d'énoncer une vérité ou, pour être plus exact, une part de vérité, un degré moindre de vérité.

Cela suppose cependant que l'on admette par ailleurs qu'il y a un sens à parler de degrés de vérité. B.

L'opinion ne se discute pas Ce qui demeure cependant évident c'est que si l'opinion peut être vraie et donc capable d'une certaine vérité, elle est en revanche incapable de dire pourquoi elle est telle, ni en quoi l'opinion contraire est à rejeter. C'est cette caractéristique de l'opinion, le fait qu'elle ne s'explique pas vraiment, qui fait dire à Platon dans La République que l'opinion est une connaissance empirique et inférieure.

Empirique, parce qu'elle ne s'en tient qu'à ce que les sens ou une première approche, naïve et immé­ diate, de la réalité peuvent procurer et inférieure en ce qu'elle n'est pas véritablement connaissance pour la seule raison qu'elle ne rend pas raison d'elle-même.

Cet aspect de l'opinion est très important puisque c'est ce qui explique qu'elle peut être très persuasive, et ceci ne dépend à produire la vérité revient à dénaturer et même à purement nier le concept de vérité.

La confrontation des opinions en tant que telles est parfaitement stérile; il existe dans cette rencontre un statu quo préa­ lable qui fait que l'opinion est toujours et irrémédiablement l'autre de l'opinion.

Accorder à l'opinion la possibilité d'être une vérité suppose que l'on assume une position parfaitement et absolument relativiste dans laquelle il ne saurait être question, justement, de vérité. 2.

L'opinion n'est capable que d'une apparence de vérité A.

L'opinion a, en droit, toujours tort Un des aspects les plus flagrants de l'opinion est donc son caractère relatif.

C'est ce trait particulier qui explique qu'on lui refuse généra­ lement toute relation avec la vérité.

L'opinion n'est.... »