Décidément, le Parti conservateur n'a pas de chance. La croissance économique, plus forte que prévu en 1985, et la poursuite...
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Décidément, le Parti conservateur n'a pas de chance.
La croissance économique, plus forte que prévu en
1985, et la poursuite de la baisse du chômage, qui, pour la première fois en quatre ans, a glissé sous la
barre des 10% pour se situer à 9,6% au printemps 1986, auraient normalement dû permettre au
gouvernement de Brian Mulroney de caracoler dans les sondages.
Il n'en a rien été.
Il a dû se contenter
d'une précaire égalité avec le Parti libéral de John Turner, alors même que le Nouveau parti
démocratique, toujours bon troisième, enregistrait des gains significatifs.
Cette dégradation de l'image du gouvernement a pris sa source dans une impressionnante série de
bévues et de maladresses politiques.
Soucieux de réduire l'ampleur du déficit gouvernemental, le ministre
des Finances, Michael Wilson, a voulu diminuer dans son budget de mai 1985 les prestations aux
personnes âgées.
Mal lui en prit, une large résistance s'organisa et Brian Mulroney dut faire volte-face,
non sans dommage pour sa crédibilité.
En septembre 1985, deux banques canadiennes que le
gouvernement avait imprudemment soutenues fermèrent leurs portes, ce qui coûta environ deux milliards
de dollars aux contribuables puisque l'État remboursa les banques ayant participé à la vaine opération de
sauvetage.
Le spectacle d'un gouvernement désireux de grignoter les revenus des gens modestes et
marchant main dans la main avec les plus grosses banques du pays n'est pas passé inaperçu.
Puis le
burlesque prit la relève: l'automne 1985 ne fut que démissions de ministres (quatre), déclarations
douteuses du Premier ministre et cas flagrants de népotisme de la part de certains ministres en vue.
(Une
autre démission est intervenue en mai 1986!).
Entre deux péripéties de cette série noire, s'est glissée une décision à la fois courageuse et astucieuse,
celle de ne pas participer aux travaux de recherche de l'Initiative de défense stratégique (la "guerre des
étoiles" de Reagan).
Les considérations de politique intérieure ont ainsi davantage joué que le désir de
donner satisfaction à Ronald Reagan.
Les entreprises canadiennes sont cependant libres d'y participer.
Priorité: réduire le déficit budgétaire
La préparation du budget pour l'année fiscale 1986-1987 aurait pu fournir au gouvernement l'occasion de
redorer son image.
La réduction du déficit, qui représentait 7,5% du PNB en 1985, est restée la grande
priorité, d'autant plus qu'on l'a rendu responsable de la faiblesse du dollar canadien face à la devise
américaine, alors même que la croissance canadienne surpassait celle de son puissant voisin.
Michael
Wilson a donc voulu ramener le déficit de 33,8 milliards de dollars (pour l'exercice fiscal 1985-1986) à
29,5 milliards pour le nouvel exercice.
Ce budget de février 1986 a intégré la leçon de mai 1985: aucune
prestation sociale n'a été réduite.
Le ministre a dû s'en remettre à des hausses d'impôts pour les
entreprises et les particuliers à haut revenu, à des taxes supplémentaires sur la consommation et à la
réduction des dépenses de fonctionnement du gouvernement et des institutions qui en dépendent, ce qui
implique des mises à pied au sein de la fonction publique et para-publique.
L'horizon économique, au printemps 1986, n'était cependant pas dépourvu de nuages.
Le Canada est un
exportateur net de pétrole.
Or le budget Wilson escomptait un prix moyen de 22,50 dollars américains le
baril, ce qui paraissait utopique.
La période de vaches maigres était déjà bien entamée pour l'Alberta, la
principale province productrice, et les entreprises pétrolières n'ont cessé d'amputer leurs dépenses
d'exploration.
Le gouvernement croyait cependant disposer d'une position de repli.
Les rapports
MacDonald, Nielsen et Forget, publiés entre septembre 1985 et août 1986, ont recommandé des
réaménagements majeurs dans divers programmes sociaux, et Michael Wilson n'a pas caché son intention
de s'en inspirer pour opérer, lors du prochain budget, une refonte totale de ces programmes.
Le fameux
débat sur l'universalité des programmes sociaux semblait donc voué à refaire surface.
Mais l'évolution de la situation pétrolière échappe au gouvernement fédéral, de même que celle du libreéchange avec les États-Unis, dont on a beaucoup discuté au Canada.
Mulroney et Reagan veulent tous
deux parvenir à un accord à ce sujet avant la fin de 1988.
Les négociations ont été amorcées en mai
1986 ...
dans un climat orageux: le Congrès américain est d'humeur protectionniste et Ronald Reagan n'a
pas hésité à décreter unilatéralement d'importants droits de douane sur les importations de cèdre
canadien, violant de ce fait ses engagements antérieurs.
De plus, les provinces de l'Ontario et du Québec
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sont plutôt hostiles au libre-échange, qui pourrait endommager leur tissu industriel.
C'est en fait au Québec que la cote des conservateurs a le plus décliné, malgré la cordialité qui marque
les rapports Ottawa-Québec....
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