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Défendre ses droits, est-ce la même chose que défendre ses intérêts ? ■ Analyse du sujet - La notion d'intérêt...

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« Défendre ses droits, est-ce la même chose que défendre ses intérêts ? ■ Analyse du sujet - La notion d'intérêt renvoie en général à un sujet individuel, alors que le droit concerne une collectivité, et n'est individuel que dans la mesure où l'individu fait partie d'une communauté.

La distinction entre ,< mes droits » et « mes intérêts » est donc nécessaire d'un/point de vue théorique. - II suffit d'inverser les deux tennes pour constater que, mêmes' il peut y avoir correspondance partielle entre les droits et les intérêts, ils ne sont pas interchangeables. - Si l'on prend les terme� dans une acception collective (de classe, par exemple), la réponse peut changer, et déboucher sur une conception cri­ tique du droit dans l'histoire. ■ Pièges à éviter - Ne pas déduire du verbe« défendre» qu'il s'agirait de procéder à la seule analyse des situations clans lesquelles un sujet se trouve agressé, parce que ses droits sont bafoués ou ses intérêts lésés. - Si l'on prend« droits» dans une acception floue et non juridique, la question perd toute signification sérieuse. - S'interroger sur l'universalité affirmée des droits: est-elle si évidente ou si nécessairement conforme à leur définition abstraite ? [Introduction] Pour la pensée moderne, tout sujet humain possède par principe un cer­ tain nombre de droits fondamentaux, qui définissent sa pa1ticipation à l'humanité.

Ces droits n'ont pas même à être expressément revendiqués: ils lui appartiennent par principe, en fonction d'une simple « Déclara- tion », d'abord effectuée dans le contexte de la Révolution française, puis universalisée.

Chaque système juridique peut ajouter des droits plus précis ou mieux délimités concernant les membres d'une communauté, et l'indi­ vidu se trouve ainsi doté d'un certain nombre de possibilités théorique­ ment intransgressibles.

On sait bien cependant que ces droits peuvent être violés, que ce soit par un acte de simple délinquance ou par le comporte­ ment que s'autorise un État à l'égard de ses citoyens - ce qui est sans doute plus grave.

Dans de telles conditions, le sujet peut avoir l'impres­ sion qu'on s'en prend à ses propres intérêts, dans la mesure où il est indi­ viduellement lésé.

Ce rapprochement entre droits et intérêts est-il fondé ? Si l'on défend ses droits, cela signifie-t-il seulement que l'on défend ses intérêts? (1.

Confusion possible entre les droits et les intérêts] Lorsqu'une personne est victime d'un cambriolage, elle peut évidem­ ment se sentir lésée dans son droit de propriété, mais elle peut aussi res­ sentir une agression d'ordre plus intime, comme si le cambrioleur s'en était pris à ses intérêts personnels : lui ·voler des vêtements, c'est bien la priver de biens qu'elle a intérêt à posséder.

Plus généralement, le confu­ sion entre les droits d'une personne et ses intérêts se manifeste lorsque celle-ci subit une agression, de quelque nature ou importance que ce soit, qui concerne la sphère privée de son existence.

Le propriétaire d'un ter­ rain a le droit de le posséder intégralement, mais ce sont plus immédiate­ ment ses intérêts qui lui paraîtront être mis en cause si un voisin sans scrupules prétend s'en approprier un morceau. Il résulte de cette confusion que le système judiciaire est bien souvent compris comme mis en place pour la défense des intérêts de chacun, le droit devenant alors un moyen mis au service de ces intérêts.

J'intenterai un procès au voisin pour défendre mes intérêts en même temps que mes droits, ou même en priorité par rapport à ces derniers, dans la mesure où mes intérêts me concernent de façon apparemment plus proche que mes droits, dont l'existence renvoie à celle d'un système anonyme - dont je n'ai pas nécessairement une connaissance très détaillée - qui paraît tou­ jours un peu lointain.

Dans l'organisation de la société, la défense des droits nécessite l'intervention d'un certain nombre d'institutions (la police, la justice, avec son tribunal, ses procureurs et ses avocats, son ensemble de textes et de codes, etc.) qui peuvent paraître d'une com­ plexité excessive, alors que la défense de mes intérêts semble susceptible d'être opérée de manière plus simple, éventuellement plus rapide. Pour mettre en lumière que cette confusion n'est en fait pas fondée, il suffit d'inverser la perspective : la défense de mes intérêts est-elle néces­ sairement synonyme de celle de mes droits ? Il apparaît immédiatement que non, parce que mes intérêts peuvent être en contradiction avec les droits d'autrui.

Après tout, les intérêts du cambrioleur consistent à s'ap­ proprier sans trop de travail ce qui appartient de droit à un autre. [Il.

Singularité et communauté] C'est que l'intérêt, même considéré au pluriel, renvoie à l'individu sin­ gulier: il tend à l'égoïsme, alors que les droits tiennent compte de l'équi­ libre à respecter dans une communauté.

Aussi doit-on considérer que, même si une coïncidence partielle est possible entre les deux domaines, elle n'est jamais complète: certains intérêts privés ou égoïstes peuvent se prévaloir du droit, mais ils ne sont pas tous dans ce cas. En fait, lorsque la coïncidence existe, c'est parce que mes intérêts appa­ remment privés sont reconnus comme existant chez tous : mon droit à la propriété satisfait mes intérêts, mais dans la mesure où il est partagé.

Le droit implique une réciprocité que l'intérêt peut méconnaître, puisque je ne définis ce dernier qu'en fonction de ma personne (de mes désirs, de mes ambitions).

Il.... »

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