Définition des termes du sujet Le sujet porte sur le lien existant entre humour et argumentation ; il s’agit d’abord...
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Définition des termes du sujet
Le sujet porte sur le lien existant entre humour et argumentation ; il s’agit d’abord de
définir les termes du sujet.
On appelle « humour » tout phénomène par lequel un locuteur
cherche à faire rire celui à qui il s’adresse ; cela peut prendre plusieurs formes :
plaisanterie, ironie, comique physique…Le sujet évoque d’ailleurs une sous-catégorie de
l’humour, celle de la dérision, ce mot désignant en particulier une attitude de moquerie.
Le sujet porte donc sur l’humour au sens large, et invite à ne pas oublier, dans l’étude, la
catégorie de la dérision.
Il s’agit ici de décider si le procédé de l’humour peut-être efficace – un « bon moyen » est
en effet un moyen efficace - dans le cadre d’une argumentation.
Argumenter, c’est
ordonner des idées dans le but d’exprimer des idées et de persuader celui à qui l’on
s’adresse de la pertinence de ces idées.
C’est un procédé qui exige une certaine rigueur,
une rationalité : l’humour apparaît a priori comme étant en marge de ces exigences ; mais
c’est un procédé qui recherche aussi des moyens d’être convaincant, persuasif, et, c’est en
rapport avec ces exigences que l’humour peut intervenir : l’humour permettrait alors de
rendre plus efficace l’expression des idées et leur réception par celui pour qui l’on
argumente, parce que toute plaisanterie appelle la réaction immédiate du rire, est plus
aisément mémorisée qu’un argument strictement démonstratif.
On pourra commencer par
explorer cette première piste, en observant la manière dont ceux qui cherchent à
argumenter ont recours à des procédés humoristiques, parmi lesquels la dérision, la
caricature, l’ironie, etc.
On pourra s’interroger ensuite sur les mécanismes mêmes de
l’humour, sur les raisons pour lesquelles il présente une certaine efficacité dans
l’argumentation.
Une dernière partie pourra nuancer le propos, en demandant si cette
efficacité connaît des limites : peut-on toujours pratiquer l’humour pour persuader, ou bien
seulement dans certaines situations ? Peut-on argumenter sur tous les sujets en ayant
recours à l’humour ?
Eléments pour le développement
Le rôle de l’humour dans une situation d’argumentation : humour,
argumentation et connivence entre les locuteurs
Une simple observation de la pratique habituelle de l’humour peut permettre d’esquisser
les éléments d’une première approche : plusieurs constats sont à faire : l’humour permet
d’établir une connivence entre les différents locuteurs de la situation ; il permet de
renvoyer, aussi, à des références culturelles communes, qui vont fonder une complicité
entre ces locuteurs ; il a également une fonction de détente, de divertissement : ces
caractéristiques sont fécondes dans le cadre d’une situation d’argumentation, dans la
mesure où cette situation cherche à rallier notre interlocuteur à nos arguments.
Il s’agit
finalement d’une sorte d’efficacité psychologique de l’humour dans les situations
d’argumentation.
Si l’on pose la question plus précise de la dérision, les choses sont plus complexes, dans
la mesure où la dérision se fait toujours aux dépens de quelqu’un ou de quelque chose,
puisqu’elle correspond à une moquerie, donc à une forme d’attaque.
On retiendra donc,
pour cette première partie, l’idée d’une efficacité psychologique très forte de l’humour pour
l’argumentation.
On peut voir ce souci de connivence, important pour toute situation argumentative, dans
tous les textes d’idées ayant recours à l’humour - on pourra citer, comme exemples, les
contes philosophiques de Voltaire, certaines fables de La Fontaine : à chaque fois, il s’agit
d’une littérature d’idées qui a recours à l’humour pour transmettre certaines positions
idéologiques ; la visée argumentative est comme enveloppée d’une visée humoristique, à
forte valeur pédagogique.
L’humour comme moyen de rendre un discours plus efficace parce qu’il
suppose un recul sur l’objet en jeu
On peut maintenant s’interroger sur les causes de cette efficacité particulière que l’on
reconnaît à l’humour pour l’argumentation.
Cette efficacité est sans doute due au fait
qu’elle suppose une participation active de l’interlocuteur, une prise de recul qui lui
permettra de déceler le second degré par exemple.
L’ironie par exemple, demande, pour
fonctionner, d’être reconnue comme telle ; elle peut parfaitement manquer son but, être
mal comprise, comme cela a été le cas pour ce texte de Montesquieu, dénonçant
l’esclavage, qui a parfois été pris au premier degré et compris comme une apologie de la
traite des Noirs :
« Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce
que
je....
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