Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. Des lois bien faites doivent, à la vérité,...
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Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à
son étude ordonnée.
Des lois bien faites doivent, à la vérité, déterminer elles-mêmes autant
de cas qu'il se peut, en laisser le moins possible à la décision des juges,
d'abord parce qu'un ou quelques hommes de saine intelligence et
aptes à légiférer ou juger sont plus faciles à trouver qu'un grand
nombre ; ensuite parce que les lois ne se font qu'après un long exa
men, tandis que les jugements se prononcent séance tenante ; aussi
est-il difficile que ceux qui sont appelés à juger décident comme il
faudrait du juste et de l'utile.
Mais de toutes les raisons la plus impor
tante est que le jugement du législateur ne porte pas sur le particu
lier, mais sur le futur et le général, tandis que le membre de
l'assemblée et le juge ont à prononcer immédiatement sur des cas
actuels et déterminés.
Dans leur appréciation interviennent souvent
amitié, haine, intérêt personnel ; aussi ne sont-ils plus en état de se
faire une idée adéquate de la vérité et leur jugement est-il obnubilé
par un sentiment égoïste de plaisir ou de peine.
Il faut, nous le répé
tons, abandonner le moins de questions possible à la décision sou
veraine du juge ; mais la nécessité veut qu'on lui laisse à décider si la
chose s'est produite ou ne s'est pas produite, si elle sera possible ou
impossible ; si elle a ou n'a pas le caractère prétendu; car il ne se peut
que le législateur prévoie ces choses.
ARISTOTE.
Autre notion abordée : la justice.
DÉGAGER LA PROBLÉMATIQUE
La question est celle du rapport du juge aux lois et du rôle exact
qu'il convient d'assigner au juge dans le cadre d'une législation:
quefle marge de manœuvre faut-il laisser au juge, quelle
confiance faut-il faire à son discernement?
La réponse d'Aristote n'est pas la seule possible : on peut comme
il le fait conseiller une législation aussi complète que possible
pour restreindre au maximum l'initiative personnelle du juge et
le risque d'arbitraire; mais on pourrait également penser qu'une
législation allégée et réduite aux grands principes du droit don
nerait au juge la possibilité d'une attitude plus pragmatique et
adaptée à chaque cas.
Il faudra donc bien expliquer les arguments d'Aristote, sans oublier
qu'ils ne décrivent pas la seule conception possible du droit
REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE
Limitation et nécessité de la fonction de juge : tel pourrait être
le condensé du texte.
Les trois premiers quarts du texte expli
quent les raisons d'une restriction du rôle du juge, le dernier
montre pourquoi il demeure indispensable, en raison des limites
de la loi elle-même.
Les arguments avancés par Aristote sont les suivants :
- La loi doit être suffisamment complète pour qu'un petit
nombre de juges suffise à régler les litiges : on réduit ainsi la
probabilité d'avoir de mauvais juges.
- Les fois sont des textes mûrement réfléchis et donc le plus
souvent justes; le juge au contraire est obligé de rendre son ver
dict dans une relative urgence et n'a donc pas beaucoup de
recul.
- La troisième raison est, selon Aristote, fa plus importante.
Le
juge est un homme et doit juger d'un cas particulier; il est donc
moins objectif que la loi qui est un texte général.
Il faut donc
laisser aussi peu de marge que possible aux passions.
- Enfin, il faut bien reconndi't:re que la loi ne peut fonctionner
automatiquement et être d'emblée parfaitement ajustée à
chaque cas ; c'est dans ce travail d'adaptation que le rôle du
juge demeure indispensable.
EXPLICITER LES TERMES
- « Quelques hommes de saine intelligence» : cette expression
résume la principale qualité du juge.
Celui-ci doit être intelligent,
c'est-à-dire capable d'organiser ses idées de manière correcte
et rapide ;et son intelligence doit être «saine», c'est-à-dire bien
adaptée à la réalité, bien proportionnée.
En effet, un fou peut
être extrêmement intelligent mais son jugement sera faussé.
- « Les jugements se prononcent séance tenante» : le droit
moderne connaît la « mise en délibéré» qui permet de différer
le jugement, mais bon nombre de systèmes de droit exigent que
le jugement soit rendu avant la fin du jour.L'expression « séance
tenante» doit être prise à la lettre : pendant que se tient la
séance; il s'agit, dans des procès où tout repose sur la parole
des différentes parties, de se prononcer avant que s'estompe le
souvenir des dépositions.
- « Le futur et le général» : la loi ne prédit pas ce qui va se pas
ser mais elle ne doit pas non plus être une mesure ad hoc des
tinée seulement à résoudre un problème ponctuel.
Une loi doit
être applicable pendant une durée aussi longue que possible et
pour le plus grand nombre de cas.
La généralité n'est pas le
vague: elle désigne les éléments communs que doivent présen
ter les cas particuliers pour tomber sous le coup de telle ou telle
loi.
« Le futur et le général» s'oppose à l'expression « des cas
actuels et déterminés».
- « Leur jugement est obnubilé» : c'est-à-dire entièrement
occupé par ces sentiments subjectifs.
Or le jugement sain ne
doit se laisser obnubiler par rien puisqu'il est l'art d'établir de
justes proportions.
Il faut cependant noter qu'Aristote affirme
que c'est « souvent» le cas, et non toujours.
li ne faut donc pas
prétendre que les juges sont systématiquement injustes et inca
pables d'impartialité ; d'autre part, si leur jugement est bien
encadré par la loi, leur subjectivité ne faussera pas Je verdict.
C'est seulement si la loi est trop imprécise que le jugement
risque d'être arbitraire.
- « Si la chose s'est produite ou ne s'est pas produite ...
»: ce
que le législateur ne peut prévoir, c'est l'aspect purement maté
riel de la situation.
Le juge doit donc « établir les faits» et leur
attribuer le prédicat adéquat.
Introduction
Lorsqu'il s'agit de juger un délit ou de résoudre un litige, deux instances
interviennent: la loi qui définit le cadre du jugement, et le juge qui applique
la loi en l'adaptant au cas particulier.
Pour faire de bonnes lois, il est nécessaire de réfléchir au rôle exact du
juge: doit-on simplement lui donner des directives très générales, ou fautil encadrer son action avec la plus grande précision possible pour restreindre
au strict nécessaire son initiative personnelle ? C'est nettement pour cette
deuxième option qu'Aristote se prononce dans ce texte.
Il s'attache en effet
à souligner les aspects de l'humanité, et donc de l'imperfection du juge, qui
risquent de rendre son jugement peu fiable si la loi lui laisse trop de liberté.
La plus grande partie du texte est consacrée à cette démonstration et s'articule autour de trois arguments : les hommes au jugement droit ne sont pas
si faciles à trouver ; le juge est soumis à la pression de l'urgence ; et il risque
toujours de se laisser entraîner par les passions.
Après avoir exposé ces raisons, Aristote concède que l'établissement des faits ne peut être prévu par la
loi et qu'à ce niveau le rôle du juge est irremplaçable.
Nous expliciterons ces arguments en nous demandant dans quelle
mesure ils confèrent encore au juge une autorité suffisante pour que le jugement soit reconnu valide.
Étude ordonnée et intérêt philosophique
La préoccupation d'Aristote apparaît dès les premiers mots du texte : son
but est de déterminer ce qu'il faut pour que les lois soient« bien faites».
Cette
interrogation est un des aspects d'une réflexion plus large sur la politique :
quelles sont les conditions requises pour que la cité soit harmonieuse ?
Produire une bonne législation est une opération complexe et qui doit
intégrer bien des paramètres; aussi ne trouvons-nous pas ici la totalité de la....
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