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Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. Il y a une liaison dans les perceptions...

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« Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. Il y a une liaison dans les perceptions des animaux qui a quelque res­ semblance avec la raison; mais elle n'est fondée que dans la mémoire des faits, et nullement dans la connaissance des causes.

C'est ainsi qu'un chien fuit le bâton dont il a été frappé parce que la mémoire lui représente la douleur que ce bâton lui a causée.

Et les hommes en tant qu'ils sont empiriques, c'est-à-dire dans les trois quarts de leurs actions, n'agissent que comme des bêtes ; par exemple, on s'attend qu'il fera jour demain parce que l'on a toujours expérimenté ainsi.

Il n'y a qu'un astronome qui le prévoie par raison ; et même cette pré­ diction manquera enfin, quand la cause du jour, qui n'est point éter­ nelle, cessera.

Mais le raisonnement véritable dépend des vérités nécessaires ou éternelles ; comme sont celles de la logique, des nombres, de la géométrie, qui font la connexion indubitable des idées et les conséquences immanquables.

Les animaux où ces conséquences ne se remarquent point sont appelés bêtes ; mais ceux qui connais­ sent ces vérités nécessaires sont proprement ceux qu'on appelle ani­ maux raisonnables. LEIBNIZ Autres notions abordées: la perception; la mémoire; l'anthro­ pologie. +�+++++++++++++++++++++ DÉGAGER LA PROBLÉMATIQUE La difficulté de ce texte est son caractère très didactique : Leib­ niz ne s'interroge pas, il expose.

À vous de vous interroger, par conséquent, sur la signification et les enjeux de cette analyse. Prenons la première et la dernière phrase du texte : on voit que Leibniz, partant de ce qui peut avoir « quelque ressemblance avec la raison» chez les animaux, parvient à la définition la plus rigoureuse de la raison, qui permet de distinguer les hommes qui « sont proprement ceux qu'on appelle animaux raisonnables».

Leibniz reprend donc à son compte la fameuse distinction aristotélicienne pour définir plus précisément cette différence spécifique qui distingue l'homme du reste du monde des «bêtes». ++++~++++++++++++++++++++ REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE Dans un premier temps, Leibniz repère le genre de liaison de représentations que l'on peut attribuer aux animaux d'après la cohérence de leurs conduites : ils perçoivent des images et les associent dans leur mémoire.

Mais la remémoration d'enchaînement n'est pas encore une connaissance. Leibniz remarque alors que.

l'homme est un animal raisonnable: il partage avec les animaux l'association d'idées, qu'il porte à un plus haut point d'abstraction lorsqu'il procède par induction comme le fait l'astronome. Mais ce qui fait de l'homme un anjmal raisonnable, c'est la possibilité de connaître les « vérités éternelles» : en ce/a il exprime une correspondance plus étroite avec Dieu lui-même. ++ ❖ ❖ ++ ❖ + + + + + + + ·+ + + EXPLICITER LES TERMES ❖ ++ ❖ ++++ - Mémoire des faits I connaissance_ des causes : cette opposition permet de souligner la différence entre perceptions et souvenirs d'une part, et concepts d'autre part La mémoire des faits n'implique que la faculté de se représenter d'anciennes perceptions grâce à l'imagination.

Elles ont certes subi une transformation en raison du travail de la mémoire, mais elles sont tout de même analogues aux perceptions actuelles.

La connaissance des causes mobilise au contraire des données abstraites, elle suppose une liaison logique d'éléments généraux qui ne sont plus liés directement à l'intuition sensible. - «Les hommes en tant qu'ils sont empiriques[...

] n'agissent que comme des bêtes» :il ne faut surtout pas penser que Leibniz reproche ici à l'homme un comportement« bestial» ou qu'il le juge stupide ! Il s'agit tout simplement de remarquer que notre rapport à l'expérience (« en tant que nous sommes empiriques») ne requiert pas de nous une élaboration très abstraite 110 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - de nos connaissances.

La connaissance commune repose sur l'opinion et l'habitude. - « des vérités nécessaires et éternelles» : c'est-à-dire des vérités qui ne sont pas dépendantes de l'état du monde, qui ne concernent pas les phénomènes mais ont un plus haut degré de généralité.

Aux exemples que cite Leibniz, à savoir les principes de la logique et des mathématiques, on pourrait éventuellement ajouter les « vérités métaphysiques».

Alors que Descartes pense que Dieu a créé toutes les vérités (par exemple les vérités mathématiques) « comme un souverain en son royaume», c'est-à-dire qu'il aurait pu les créer différentes, Leibniz pense que leur nécessité est telle qu'elle exclut tout changement, y compris pour Dieu.

Ces vérités sont «incréées», c'est-à-dire véritablement éternelles. Introduction Que veut-on dire au juste lorsque l'on dit que l'homme est un « animal raisonnable»? Cela signifie-t-il, comme le suggère Descartes, que les autres animaux, entièrement dépourvus de raison, soient de simples machines ? Et en quoi consiste véritablement la raison humaine ? Leibniz propose une réponse à ces deux questions simultanément en appuyant sa compréhension de la raison humaine sur une comparaison avec la conduite quasi rationnelle des animaux. Pour établir cette comparaison, Leibniz suit une démarche en trois temps qui sont autant d'étapes de l'analyse du concept de raison.

La première consiste à repérer la « liaison des idées» effectuée par les animaux doués non seulement de perception, mais aussi de mémoire.

Les deux étapes suivantes sont une analyse terme à terme du concept d'animal raisonnable : animal, l'homme utilise aussi l'association d'idées, en la perfectionnant toutefois par la démarche intellectuelle de l'induction, de la connaissance des causes empiriques.

Rationnel, l'homme ne l'est au sens propre que parce qu'il peut accéder aux« vérités éternelles».

C'est à ce concept et à ce qui le distingue même des connaissances de l'astronome, qu'il nous faudra porter une attention particulière. Suir.t national osophle • Série L 111 Étude ordonnée et intérêt philosophique En abordant le texte, on pourrait croire qu'il s'agit d'un plaidoyer pour la reconnaissance d'une raison des animaux; ceux-ci ne sont pas identifiés à de simples machines vivant purement dans l'instant : cette« liaison» ne révèle-telle pas la présence de la conscience ou de la raison? En fait, c'est pour en distinguer la raison proprement dite que Leibniz évoque cette conduite animale. Notons tout d'abord que ce qui est lié, ce sont des «perceptions» et non des idées.

Leibniz ne dit pas que les animaux tiennent des raisonnements, mais que leurs perceptions ne restent pas isolées les unes des autres et forment un tout cohérent aboutissant à des conduites pertinentes.

Il ne donne pas à penser que les animaux sont conscients de ce processus et encore moins qu'ils le dirigent et le maîtrisent.

La mémoire travaille même chez l'homme de façon souterraine. La ressemblance avec la raison apparaît.... »

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