Devoir de Philosophie

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. La vérité, je 1 le déclare en effet,...

Extrait du document

« Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. La vérité, je 1 le déclare en effet, la formule en est ce que j'ai écrit : « Chacun de nous est la mesure de toutes choses, de celles qui sont comme de celles qui ne sont pas» [...] Ainsi, rappelle-toi en effet[ ...] l'homme qui se porte mal et pour qui ce qu'il mange apparaît et est amer, tandis que cela est et apparaît à l'opposé pour celui qui se porte bien.

Or, à aucun de ces deux hommes il ne faut attribuer un savoir supérieur à celui de l'autre : ce n'est pas possible en effet, et il ne faut pas non plus accuser d'ignorance le malade parce qu'il en juge comme il fait, tandis qu'on attribuerait au bien portant le savoir, parce qu'il en juge différemment.

Mais ce qu'il faut, c'est opérer, sur le malade, un changement de sens opposé ; car l'autre manière d'être est meilleure.

C'est ainsi, d'autre part, que l'éducation consiste à opérer un changement qui fait passer d'une certaine manière d'être à celle qui vaut mieux ; mais, tandis que ce changement, le médecin l'ef­ fectue au moyen de drogues, c'est par la parole que le sophiste l'ef­ fectue. PLATON 1.

C'est un interlocuteur de Socrate qui parle. Autres notions abordées : le jugement ; autrui. +++++++++++++++++++++++++ SITUATION DU DIALOGUE Le texte est extrait du Gorgias.

Dans ce dialogue, Platon évoque la discussion de Socrate avec deux sophistes, Gorgias et Ca/li­ e/ès.

Les sophistes étaient des professeurs de rhétorique, c'est­ à-dire d'éloquence, qui préparaient (en faisant payer fort cher leur enseignement) la jeunesse aisée d'Athènes à la carrière politique.

Socrate leur demande de lui expliquer la nature, la fonction et la vertu de la rhétorique.

Gorgias lui répond qu'elle est l'art de l'apparence et de la persuasion, qui permet à l'orateur de faire passer n'importe quelle idée; Ca/lie/ès ensuite fera l'apologie de la force et du droit du plus fort. +++~+++++++++~+++++++++++ DEGAGER LA PROBLEMATIQUE L'extrait qu'on nous propose ici est assez délicat : les phrases sont parfois un peu compliquées, et une lecture très attentive est nécessaire pour bien saisir son mouvement.

La thématique, du moins, apparaît dès le premier mot : il s'agit de la vérité. Reportons-nous directement à la dernière phrase du texte : ce n'est plus de la vérité qu'il est question, mais du rôle du sophiste. Il y a donc au cours du texte un glissement d'une question à une autre : il faudra saisir et expliquer ce mouvement. Le sophiste Gorgias propose une définition de la vérité : elle est relative à chaque homme, il n'y a pas de norme universelle, de vérité unique s'imposant à tous :point de vue dont il faudra rappeler que Platon s'y oppose violemment.

La suite du ..exte tire une des conséquences de cette question polémique, en évoquant l'influence du sophiste. ++++~++++++++++++++++++++ REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE Le glissement thématique va en quelque sorte de la théorie à la pratique :partant d'une définition de la vérité, Gorgias évoque l'action que le sophiste entreprend. La première moitié du texte est donc consacrée à la définition de la vérité selon les sophistes :elle est relative à chacun.

Autant dire qu'il n'y a pas une vérité mais des points de vue individuels qui se valent tous et ne sont pas plus vrais ou faux les uns que les autres.

Nul n'ayant une connaissance absolue, chacun jugeant à partir de sa subjectivité, nul ne peut prétendre connaître mieux la vérité que les autres. Ce qui ne signifie pas qu'il faille renoncer à exercer une influence sur les autres ; mais il ne s'agit pas, pour Gorgias, d'aider les autres à trouver la vérité.

Le critère retenu est celui du «meilleur»; il faudra tenter d'élucider le sens de cet adjectif.

En tout cas Gorgias revendique une grande compétence dans ce 116 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - l L domaine: par ses paroles, le sophiste sait produire chez son auditeur l'effet qu'il désire. +++++++++++++++++++++++++ EXPLICITER LES TERMES - « Chacun de nous est la mesure de toutes choses» : dire que l'individu est la mesure de toutes choses, c'est affirmer qu'il n'y a pas de critère autre que la subjectivité pour juger de toute réalité.

li n'y a pas un repère unique et accepté par tous, mais autant de points de vue que d'individus, tous également valables. La conséquence d'une telle affirmation, c'est qu'il n'y a pas de véritable dialogue possible : c'est la raison du plus fort qui triomphe. - «ce qu'il mange apparaît et est amer» :en quoi ce double verbe il/ustre-t-il l'expression précédente ? L'identification de /'apparaître et de l'être contredit frontalement toute la théorie platonicienne de la vérité. - «l'autre manière d'être est meilleure»: un jugement n'est pas plus vrai qu'un autre, mais une manière d'être peut être meilleure; sous quel rapport ? meilleure en soi, ou relativement à un critère ? Gorgias invoque l'utilité et la force ; la santé est meilleure relativement à son utilité pour l'individu, pour son plus grand plaisir.

Socrate la subordonne à la justice, à la santé de l'âme. - «tandis que ce changement, le médecin l'effectue au moyen de drogues, c'est par la parole que le sophiste l'effectue»: Platon n'ironise-t-il pas sur /es pratiques des sophistes en mettant en parallèle /es drogues et la parole des sophistes ? La parole socratique doit éclairer son interlocuteur et lui permettre de trouver lui-même la vérité ; la parole sophistique doit endormir l'interlocuteur et le placer sous influence. Introduction Dans tous les dialogues de Platon, on voit Socrate défendre une haute idée de la vérité ; s'il philosophe en dialoguant, c'est que selon lui c'est en se posant mutuellement des questions et en se réfutant mutuellement que ~c~en,.,.tr ...e..,s'"'!ét~ra...a.....re'!!:-c'I-~v.., .c... 2u!"2... e..,1_ _ _ _~ - - - - - - - - - - - - - 117 Philosophie • Serie S deux hommes peuvent se détourner de leur opinion particulière et accéder à une vérité commune. Il se heurte cependant souvent à une opposition vigoureuse, notamment de la part des sophistes, professeurs d'éloquence, pour qui seule l'apparence de vérité compte et non la vérité elle-même.

C'est l'un d'entre eux qui prend ici la parole pour défendre un point de vue diamétralement opposé à celui de Socrate. On peut repérer deux étapes dans cette critique de la position socratique: le sophiste commence par rappeler sa définition de la vérité («l'homme est la mesure de toutes choses») et l'illustre en refusant de reconnaître une vérité plus grande au point de vue de l'homme sain qu'à celui de l'homme malade; il indique ensuite en quel sens il convient d'orienter les hommes : non pas en fonction du vrai, mais en fonction du «meilleur». En expliquant cette argumentation, nous pourrons réfléchir sur les conséquences d'une position relativiste à propos de la vérité. Étude ordonnée et intérêt philosophique C'est par une déclaration solennelle que commence le texte : le sophiste, sur un ton assez pompeux, proclame sa conception de la vérité.

L'assurance de son ton peut d'emblée paraître contradictoire : lui qui s'apprête à affirmer que tout est relatif, il semble annoncer cette affirmation elle-même comme vraie absolument.

Le fait que tous les points de vue se valent serait la seule chose qui vaudrait pour tous. Le fond de l'argument est donc que chacun.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓