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Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. Mais il me semble que la différence qui...

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« Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. Mais il me semble que la différence qui est entre �es plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires, consiste, principalement, en ce que les âmes vulgaires se laissent aller à leurs passions, et ne sont heu­ reuses ou malheureuses, que selon que les choses qui leur survien­ nent sont agréables ou déplaisantes ; au lieu que les autres ont des raisonnements si forts et si puissants que, bien qu'elles aient aussi des passions, et même souvent de plus violentes que celles du commun, leur raison demeure néanmoins toujours la maîtresse, et fait que les afflictions même leur servent, et contribuent à la parfaite félicité dont elles jouissent dès cette vie.

Car, d'une part, se considérant comme immortelles et capables de recevoir de très grands contentements, puis, d'autre part, considérant qu'elles sont jointes à des corps mor­ tels et fragiles, qui sont sujets à beaucoup d'infirmités, et qui ne peu­ vent manquer de périr dans peu d'années, elles font bien tout ce qui est en leur pouvoir pour se rendre la fortune favorable en cette vie, mais néanmoins elles l'estiment si peu, au regard de l'éternité, qu'elles n'en considèrent quasi les événements que comme nous faisons ceux des comédies.

Et comme les histoires tristes et lamentables, que nous voyons représenter sur un théâtre, nous donnent souvent autant de récréation que les gaies, bien qu'elles tirent des larmes de nos yeux ; ainsi ces plus grandes âmes, dont je parle, ont de la satisfaction, en elles-mêmes, de toutes les choses qui leur arrivent, même les plus fâcheuses et insupportables. DESCARTES Autres notions abordées : le bonheur; la raison. DÉGAGER LA PROBLÉMATIQUE Si l'on s'en tient au début du texte, on sera tenté de penser que le thème du texte est la comparaison entre /es âmes « vu/- gaires » et les âmes «nobles», les secondes étant libres à l'égard des passions qui égarent les premières. Or une lecture plus attentive montre que cette comparaison occupe une place assez réduite dans le texte. Pour s'assurer que l'on a bien saisi la problématique, il est souvent utile de comparer la première et la dernière phrase du texte en se demandant par quelle démarche l'auteur est passé de l'une à l'autre. Ici, la réflexion porte en fait sur la question suivante : comment les âmes nobles (les hommes raisonnables, les sages) font-elles pour demeurer heureuses malgré les passions et les malheurs? ++++~+++++++++++++++++++ REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE Pour mieux faire le portrait de l'âme «élevée», Descartes commence par l'opposer à l'âme« basse», dont l'état intérieur varie au gré des circonstances extérieures ; l'homme raisonnable, au contraire, nourrit la stabilité de sa «félicité» aussi bien des événements heureux que des infortunes. Descartes explique ensuite le principe des « raisonnements si forts» de l'homme raisonnable : il s'agit de maintenir la conscience de la distinction réelle entre l'âme et le corps : le caractère fragile et mortel du corps ne saurait affecter la tranquillité et la satisfaction de /'âme qui se sait immortelle. Dans le droit fil de la tradition stoïcienne, Descartes illustre cette distinction par l'analogie du théâtre.

Le sage travaille à son bonheur mais observe à l'égard de son existence l'attitude d'un spectateur que le destin des personnages de la pièce ne peut affecter. ++++++++++++++++++++++++ EXPLICITER LES TERMES - « Des raisonnements si forts et si puissants» : cette expres- sion semble emblématique du rationalisme cartésien.

Suffit-il donc de réfléchir puissamment pour vaincre les passions et n'être affecté par aucune contrariété ? Comment comprendre ce terme de «forts raisonnements» ? Deux explications sont possibles : on peut tout d'abord rappeler que la raison est la capacité d'établir des rapports, des proportions.

Autrement dit la capacité de ne pas seulement vivre l'émotion immédiate, mais de la relativiser par rapport à Polvnésie fq1ncais~ Philosophie - Serle ES 45 des éléments objectifs (considérer la nature exacte de la cause de l'émotion, /es actions concrètes possibles, etc.).

La seconde explication est proposée par Descartes dans la suite du texte : par la raison j'ai l'idée de la distinction de l'âme et du corps (qui demeurent cependant unis) et je peux me consoler des tourments du corps en me rappelant que l'âme est appelée à considérer toute chose sub specie aeternitatis, du point de vue de l'éternité. - « Des passions ...

plus violentes que ce/les du commun» : n'est-il pas étonnant d'affirmer que /es tempéraments /es plus raisonnables éprouvent des passions plus fortes que ceux qui semblent livrés en permanence à toutes sortes de passions ? En fait la sensibilité de ces derniers est émoussée par l'habitude des changements d'humeur, alors que /es tempéraments nobles possèdent une conscience plus aiguë et attentive des mouvements de /eiJr âme. - « Immortelles et capables de recevoir de très grands contentements» : l'immortalité de l'âme est un attribut métaphysique fondamental, établi à la suite du cogito; c'est en tant qu'âme («chose pensante») que je découvre que je suis de façon certaine.

L'âme est connue avant le corps et de façon plus certaine. L'âme est capable de « recevoir de très grands contentements» dans la mesure où elle peut connaître la joie, plus complète et plus durable que le plaisir qui est le lot du corps.

Le «contentement» est un thème cher à Descartes, qui l'associe toujours à la découverte de la vérité. Introduction Face aux aléas du sort, aux revers de fortune, les hommes peuvent-ils vivre autrement que dans une alternance permanente de misère profonde et d'enthousiasme éphémère, si bien qu'il deviendrait impossible de parler d'une réussite de la vie elle-même, d'une vie heureuse ? 46 Descartes, fidèle en cela à la tradition stoïcienne, pense au contraire que le sage doit savoir conserver une « parfaite félicité» malgré les tourments et même grâce à eux. Pour développer cette thèse, Descartes s'appuie tout d'abord sur l'opposition entre les âmes «vulgaires» livrées aux passions et les âmes «nobles» qui savent leur ?PPOSer de «profonds raisonnements».

Ces derniers sont ensuite détaillés ; ils ont pour principe l'opposition entre l'immortalité de l'âme et le caractère mortel du corps ; cette opposition aboutit enfin à la métaphore du spectateur. Nous étudierons ces arguments en nous demandant comment à travers cet extrait apparaît un aspect moral de ce qu'on appelle le « rationalisme cartésien». Étude ordonnée et intérêt philosophique La première moitié du texte est occupée par l'exposé de «la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires». On peut noter d'emblée que l'enjeu de cette opposition n'est pas la pure opposition entre raison et passion au sens où les âmes basses ne connaîtraient que les passions et les âmes élevées que la raison.

Aucune communication ne serait alors possible ni aucune conversion de l'âme.

Les âmes nobles connaissent au contraire l'épreuve des passions, et même, dit Descartes, «de plus violentes que celles du commun».

Précision qui peut s'expliquer par le fait que les âmes.... »

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