Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant. en procédant à son étude ordonnée. « [Les logiciens] exagèrent surtout les imperfections des...
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«
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant.
en procédant à son étude ordonnée.
« [Les logiciens] exagèrent surtout les imperfections des langues individuelles.
telles
que l'usage les a façonnées, en leur opposant sans cesse ce type idéal qu'ils appellent
une langue bien faite.
Or.
c'est au contraire le langage.
dans sa nature abstraite ou
dans sa/orme générale.
que l'on doit considérer comme essentiellement défectueux,
tandis que les langues parlées.
formées lentement sous l'influence durable de besoins
infiniment variés, ont, chacune à sa manière et d'après son degré de souplesse, paré
à cet inconvénient radical.
Selon le génie et les destinées des.races.
sous l'influènce
s{ diverse des zones et des climats, elles se sont appropriées plus spécialement à
l'expression de tel ordre d'images, de passions et d'idées.
De là les difficultés et
souvent l'impossibilité des traductions, aussi bien pour des passages de métaphysique
que pour des morceaux de poésie.
Ce qui agrandirait et perfectionnerait nos facultés
intellectuelles, en multipliant et en variant les moyens d'expression et de transmission
de la pensée, ce serait, s'il était possible, de disposer à notre gré, et selon le besoin
du moment, de toutes les langues parlées.
et non de trouver construite cette langue
systématique qu,.
dans la plupart des cas, serait le plus imparfait des instruments.
»
COURNOT
(Groupement interacadémique Il, A)
Introductmn
On reproche fréquemment au langage courant son manque de rigueur et de
précision - sans compter les difficultés de la traduction, qui paraissent freiner
la diffusion de la pensée.
Aussi a-t-on vu naître de nombreux projets de langue
universelle ou systématique - de Descartes ou Leibniz à l'espéranto - qui
autoriseraient, affirme+on volontiers,.
une formulation plus «scientifique,, de la
pensée en même temps qu'une plus grande facilité dans la circulation des idées.
Cournot montre à rinverse que la diversité des langues constitue un avantage.
I.
La nostalgie prébabelienne
- ' Le mythe biblique de la tour de Babel fait allusion à une communication·
universelle qui aurait existé avant la différenciation des langues.
•
- D'un point de vue strictement logique, oh peut en· apparence critiquer « les
imperfections des langues individuelles»:
• parce que les concepts n'y sont jamais purs, m_ais toujours entachés de
vécu;
• parce qu'un vocabulaire n'est pas constitué seulement de strictes dénotations, mais aussi de connotations qui varient d'un usager à l'autre.
D'où
les ambiguïtés de la langue normale.
- Dans cette optique, une langue parfaite offrirait un plus grand degré
d'abstraction et donc d'universalité, puisqu'elle serait constituée de termes
ramenés à leur définition la plus rigoureuse.
- Cette langue parfaite ressemblerait ainsi au symbolisme mathématique.
Or un
symbole mathématique est sans doute parfaitement défini et préservé de toute
influence empirique (cf.
Kant), mais il reste du même coup« vide»: il désigne une
signification universelle, mais totalement étrangère au vécu.
- Une langue n'est pas seulement un ensemble de significations, elle est aussi une
mémoire, tant collective qu'individuelle.
II.
Caractères positifs de la diversité des langues
- Quant à son origine, Cournot reprend ici une hypothèse déjà énoncée par
Rousseau: « génie des races», « influence des zones et des climats.»
- On peut aller plus loin: au-delà de cette différenciation des langues collectives,
il existe une différenciation des paroles individuelles (cf.
Martinet: une connotation c'est une frange de sens introduite par chaque locuteur).
- Le maximum de différenciation apparaît dans la parole poétique: toute
métaphore est une violation du sens conceptuel -....
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