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Demande d'échange de corrigé de Guillaume Dupont ([email protected]). \Sujet déposé : Peut on envisager la poésie basée sur le quotidien?...

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« Demande d'échange de corrigé de Guillaume Dupont ([email protected]). \Sujet déposé : Peut on envisager la poésie basée sur le quotidien? “Il n'est pas besoin pour partir à la découverte de choisir à grand renfort de règles, même édictées par le goût, un fait classé comme sublime.”, déclare Apollinaire dans une conférence sur l'Esprit Nouveau.

La poésie est la “mise en mots” de certains phénomènes, avec un souci de beauté et de musicalité, afin que ces instants, ces états soient rendus éternels dans l'écriture.

Or la poésie est avant tout l'expression des sentiments personnels liée au vécu d'un phénomène extraordinaire qui puisse permettre l'évasion.

Apollinaire dit, a contrario, que la poésie doit faire part du présent, de la réalité et le poète peut parfaitement s'inspirer des banalités du quotidien. Peut-on ainsi envisager une poésie fondée sur la banalité du quotidien ? Dans un premier temps nous allons voir que les sujets quotidiens peuvent faire objet de poésie car le poète doit apporter sa sensibilité aux choses nouvelles.

Puis, dans un deuxième temps, nous allons nous intéresser à la conception des Anciens et en quoi elle se refuse à ces thèmes.

Enfin, nous allons voir qu'Apollinaire justifie non seulement des thèmes nouveaux mais aussi une esthétique nouvelle. « Ecrire, c'est inventer le présent » a dit Pierre Dalle Nagare.

Si l'on considère que toute chose doit être nommée par le poète pour exister dans toute sa splendeur, alors le poète doit rendre compte de la réalité, soit des thèmes les plus nouveaux.

Ainsi, les plus récentes innovations techniques doivent être évoquées dans au moins un poème, pour « exister » en tant que telles, car elles auront été décrites avec la justesse et la sensibilité du poète qui n'a pas d'égal.

Par exemple, la grande vitesse ou le son intrigant d'un train peuvent sûrement être perçus par n'importe quel passager mais tous ne pourront pas décrire la sensation par des mots comme un poète peut le faire, soit Valéry Larbaud dans Ode.

Le poète est dans une position d'interprète d'une communauté qui a le devoir de « nommer » tout ce qui existe.

Dans ce cas, beaucoup de choses ne cessent d'être inventées et le poète a la fonction de les nommer.

Il doit ainsi rendre compte du présent, même des choses banales du quotidien qui n'ont jamais été nommées. Apollinaire dit : « On peut partir d'un fait quotidien : un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier avec lequel il soulèvera tout un univers ».

Cette phrase fait sûrement référence à la bataille d'Hernani, avec l'utilisation du mot « mouchoir » dans un poème.

Ce qui est dit dans ce passage est que le poète est capable de produire du « beau » à partir de rien, pour plagier Racine dans la préface de Bérénice.

Ainsi la thématique des objets du quotidien peut être utilisée par les poètes car ceux-ci ont la faculté de pouvoir produire une merveille à partir de ces objets.

Notamment Francis Ponge écrit de nombreux poèmes sur les objets du quotidien dans Le Parti pris des choses ou encore dans Proêmes.

Dans Pièces, celui-ci décrit une valise qui contient mille trésors comme un cheval qui ne quitte jamais son maître.

L'objet n'est plus ce qu'il paraît au quotidien, d'où la magie de la parole du poète.

De plus, poème, en latin carmen, signifie la parole magique, celle qui enchante.

On peut donc attribuer au poète la fonction d'enchanter le quotidien, même les objets « banals » a priori.

« Les poètes ne sont pas seulement les hommes du beau, ils sont encore et surtout les hommes du vrai, en tant qu'il permet de pénétrer l'inconnu.

» L'inconnu, ici « l'autre monde » qui peut surgir d'un rien. Mais cette conception de la poésie est en décalage avec celle des Romantiques qui privilégient la beauté et surtout l'expression du « Moi ». En effet, selon la tradition de la poésie, celle-ci est avant tout l'expression de sentiments personnels.

Pensez à Orphée et à la mort de sa bien-aimée, n'est-ce pas de là que toute poésie trouve son origine ? Orphée, qui jadis a égaré Eurydice aux Enfers, chantera encore et toujours cet amour désespéré, ce lyrisme capable de faire mouvoir nature et les hommes.

Pensez aux poètes romantiques : Lamartine avec Le Lac, Gérard de Nerval avec El Desdichado, jamais ceux-ci n'ont eu l'idée de parler du quotidien, mais surtout de la fuite du temps, de la Nature et surtout de leurs sentiments de désenchantement de la vie de de l'amour.

En effet, c'est ce que Apollinaire qualifiera de « fait classé comme sublime ».

La poésie naît d'un manque, d'un vide, quelque chose qui ne peut être satisfait par le monde réel, et surtout la poésie est un moment d'évasion qui permet justement d'échapper au réel.

Le lyrisme et le thème de la Nature semblent alors mieux être associés à la poésie. « La poésie permet de dire ce qui n'est pas dicible », elle est donc supérieure aux choses banales et quotidiennes qui semblent saisissables.

Une.... »

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