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Demande d'échange de corrigé de R Laura ([email protected]). Sujet déposé : Dissertation : Dans quelle mesure le poète peut-il exercer...

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« Demande d'échange de corrigé de R Laura ([email protected]). Sujet déposé : Dissertation : Dans quelle mesure le poète peut-il exercer une fonction sociale ? Selon la légende, le premier de poètes fut Orphée, dont les chants et la poésie pouvaient charmer les hommes et les bêtes sauvages ; il parvint même à endormir Cerbère et put aller chercher Eurydice aux Enfers.

A travers les siècles, la fonction du poète se résumet-elle à charmer les sens ? Ne peut-elle assumer un rôle plus important dans la société ? Nous nous demanderons dans quelle mesure le poète peut exercer une fonction sociale. Dans une première partie, nous nous attacherons à considérer la fonction sociale et temporelle du poète au niveau politique.

Dans une deuxième partie, nous nous intéresserons à la forme de la poésie pour nous demander en quoi elle peut être plus efficace qu'un autre genre qui se voudrait tout autant guide de la société.

Dans une troisième partie, enfin, nous nous interrogerons sur les autres fonctions du poète, ce qui nous amènera à élargir le terme de société à celui d'humanité. I Le poète éclaire les hommes : il est un guide contemporain, temporel, politique et social Le poète voit la société d'en haut et en a une vision omnisciente Victor Hugo décrit les pouvoirs du poète dans « Fonction du poète ».

Celui-ci a une vision du monde et de la société autre que celle qu'en ont les autres hommes, il a une position supérieure, surélevée, qui lui permet d'être omniscient et de considérer le monde dans son évolution.

« A tous d'en haut il dévoile [la lumière].

» Il est celui qui sert de lien entre le passé et le futur, il rend la « tradition féconde ».

Il est même capable de distinguer l'avenir et de voir le germe à venir.

Il peut donc éclairer les hommes par son omniscience.

Il est le gardien du passé, racine de tout ce qui existe, et résiste aux jugements négatifs pour maintenir vivante une tradition qui assure la continuité.

Il apparaît comme un passeur, et la poésie comme un lien entre le passé et le futur : « [Il] Marche, courbé dans vos ruines, Ramassant la tradition. De la tradition féconde [...] Toute idée, humaine ou divine, Qui prend le passé pour racine A pour feuillage l'avenir.

» Hugo, dans La légende de siècles, suggère les grandes étapes du progrès humain à travers des poèmes, tantôt lyriques, épiques ou satiriques.

Il ne cherche pas la vérité historique mais « de l'histoire écoutée à la porte de la légende ». Le poète se fait le héraut des injustices, il dénonce les dysfonctionnements sociaux et les tyrans Le poète veut permettre à la société qui lui est contemporaine de progresser, d'aborder un avenir plus serein.

Pour ce faire, il dénonce les injustices et se fait le messager de la vérité.

Ainsi Victor Hugo dénonce le tyran, Napoléon III, dans « Ultima Verba », alors qu'il est exilé à Jersey ; au moment où les exilés peuvent rentrer en France à condition de se soumettre, l'auteur appelle à ne pas céder et rappelle qu'il soutiendra la liberté et la République envers et contre tous, même s'il doit être seul.

Ses Châtiments constituent une satire du second Empire.

Cette mission du poète comme dénonciateur n'est pas une nouveauté au 19ème siècle : Hugo s'inscrit dans toute une tradition littéraire, qui fait des auteurs des porte-parole de la vérité et de la justice.

Entre 1577 et 1616, Agrippa d'Aubigné écrit Les Tragiques, grand poème épique dans lequel il dénonce Henri IV, le roi apostat qui s'est donné à l'ennemi, passant du camp des Protestants à celui des Catholiques au moment où il se fait baptiser.

Des années plus tard, La Fontaine fait la satire des grands, de leurs ridicules et de leurs injustices dans ses Fables.

Après Hugo, Rimbaud dénonce les ravages de la guerre de 1870 dans son poème « Le Dormeur du Val » ; au XXème siècle, Paul Eluard répond à ses amis qui lui ont reproché de s'être engagé politiquement que « La poésie doit avoir pour but la vérité pratique ».

La fonction sociale de la poésie est pour lui essentielle. 3) Le poète fait l'éloge des hommes à prendre pour modèle, des héros contemporains Il (Paul Eluard) se fait le chantre de la résistance en 1942 en écrivant son célèbre poème « Liberté », dont voici la première strophe : «Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J'écris ton nom » Le quatrième vers se répète à chaque strophe, se faisant incantatoire et donnant toute sa force à l'appel de la liberté. Dans « Strophes pour se souvenir », extraites du Roman inachevé paru en 1956, Louis Aragon lui aussi s'engage politiquement en rendant hommage à des combattants injustement condamnés à mort, des membres du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par les Allemands en 1944.

Son poème montre la fonction de dénonciation, mais aussi de célébration de la poésie : il met en avant leur courage en présentant leur mort simple et sobre et en reprenant la dernière lettre de Manouchian, qui de prose devient poésie et appel à l'espoir, au bonheur, à la justice de l'avenir, et refus de la haine. TR : Le poète peut bel et bien exercer une fonction sociale en donnant son opinion sur les événements sociaux et politiques de son époque.

On peut s'interroger sur le choix du genre de la poésie pour transmettre un message d'une telle nature : la poésie donne-telle de la force à l'argumentation ? II La langue poétique est plus efficace La poésie est plus facilement retenue La forme de la poésie lyrique rend l'hommage d'Aragon au groupe Manouchian d'autant plus fort, notamment par la force de l'anaphore de la dernière strophe : « Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur c½ur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.

» La poésie touche davantage la sensibilité qu'un texte en prose, il persuade plutôt qu'il ne convainc.

Il touche par la position des mots stratégiques, par les figures de style, les jeux de répétition et de sonorités.

De plus, le texte poétique est plus facile à retenir et contribue ainsi à sa mémorisation.

Les vers, qu'ils soient réguliers ou libres, expriment avec force : on les retient aisément.

La fable, parce qu'il s'agit d'un apologue, mais aussi parce qu'elle est musicale, a plus de force peut-être que quand elle est en prose, chez Esope par exemple.

La Fontaine a réfléchi sur le pouvoir de la fable en ces termes : « Les Fables ne sont pas ce qu'elles semblent être. Le plus simple animal nous y tient lieu de Maître. Une Morale nue apporte de l'ennui ; Le conte fait passer le précepte avec lui. En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire, Et conter pour conter me semble peu d'affaire.

» (« Le patre et le lion ») Les proverbes de La Fontaine sont connus de tous, bien plus que leur auteur lui-même, comme, pour n'en citer qu'un : « La raison du plus fort est toujours la meilleure.

» Les rimes et la diction du poème le rendent incantatoire : ainsi, « Fonction du poète » de Hugo, constitué de dizains d'octosyllabes construits sur la même disposition de rimes (abab, cc, deed) offre des vers courts qui occasionnent un retour rapide à la rime et donnent à la lecture du texte une allure saccadée et rapide, accumulant les images ; ainsi se trouvent mises en relief énumérations et anaphores.

L'écriture poétique se caractérise par son caractère polysémique et souvent elliptique.

Le choix de cette écriture permet de concentrer et de mettre en valeur des images qui font ressortir des idées sous une forme plus frappante pour l'imagination du lecteur.

Par exemple, Hugo file la métaphore assimilant le poète au Christ, par analogies, associations d'idées et glissements de sens ; les épines par exemple participent de la métaphore de la végétation et de celle du martyr du Christ.

La dernière strophe du poème, par ses hyperboles, l'accumulation de termes évoquant la lumière, se fait persuasive, et culmine dans les deux derniers vers : « Car la poésie est l'étoile/ Qui mène à Dieu rois et pasteurs ! ».

Le choix d'une forme poétique permet à Hugo de mettre en action les idées qu'il exprime.

Le caractère imagé, musical, rythmé de l'écriture rend le texte plus persuasif parce qu'il montre l'enthousiasme du poète et sa conviction personnelle.

Victor Hugo varie les genres pour exprimer ce qu'il pense ; on pense par exemple aux Derniers jours d'un condamné, texte également poignant. Elle est intemporelle La poésie dépasse le temps : en effet, même quand un poète s'engage politiquement à une époque donnée, il défend toujours des valeurs universelles : liberté, égalité, fraternité.

Dans « Liberté j'écris ton nom » d'Eluard, le présent de l'énonciation se pérennise par l'écriture : « Sur mes cahiers d'écolier...

/J'écris ton nom.../ Liberté ».

Les poètes, en peignant les hommes de leur époque, décrivent la nature humaine ; si les hommes des fables de La Fontaine ont changé de caste sociale ou de langage, ils révèlent les mêmes défauts et les mêmes qualités qu'aujourd'hui.

Cela explique pourquoi les Fables peuvent être lues avec autant d'intérêt, aujourd'hui encore. La poésie, un langage universel Les poètes créent un langage intemporel et universel, qui est à la fois semblable et différent de celui que l'on utilise tous les jours.

La principale différence, explique Sartre dans Qu'est-ce que la littérature, c'est que la poésie n'a plus la fonction purement utilitaire du langage de tous les jours.

Les mots deviennent des choses, des objets d'art. L'ambiguïté du langage poétique est mise en évidence par Paul Claudel dans la quatrième ode de ses Cinq grandes Odes (1910), textes poétiques écrits en versets (le verset claudélien est un vers irrégulier, libre, qui repose sur des phrases de longueur différente, marquées par des alinéas) : « Les mots que j'emploie, Ce sont les mots de tous les jours, et ce ne sont point les mêmes ! Vous ne trouverez point de rimes dans mes vers ni aucun sortilège.

Ce sont vos phrases mêmes.

Pas aucune de vos phrases que je ne sache reprendre ! Ces fleurs sont vos fleurs et vous ne les reconnaissez pas. Et ces pieds sont vos pieds, mais voici que je marche sur la mer et que je foule les eaux de la mer en triomphe ! » ( Quatrième Ode, « La Muse qui est la grâce ».) Pour Arthur Rimbaud, le langage de la poésie doit correspondre au sujet.

En 1871, alors qu'il n'a que dix-sept ans, il écrit une lettre restée célèbre à Paul Demeny et y explique ses théories poétiques ; le poète est un « voyant » qui arrive à « l'inconnu.... »

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