Dérive des continents La télévision nous a habitué à assister au spectacle extraordinaire des éruptions volcaniques. Plusieurs expéditions sous-marines (l'opération...
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«
Dérive des continents
La télévision nous a habitué à assister au spectacle
extraordinaire des éruptions volcaniques.
Plusieurs
expéditions sous-marines (l'opération Famous, en
particulier) nous ont montré des vues que /es plus
audacieux des auteurs de science-fiction du début du
siècle n'avaient pas osé imaginer.
Les différentes explorations océaniques menées
depuis une quarantaine d'années .(avec des navires
de surface puis avec des submersibles), l'utilisation
de diverses techniques physiques (celles du géoma
gnétisme, notamment), ont conduit les géophysiciens
à reprendre (avec, toutefois, des modifications sub
stantielles) l'hypothèse de la dérive des continents,
exposée par Alfred Wegener dans /es années 20.
Devenue la tectonique des plaques, cette théorie
est aujourd'hui à /a base de la reconstitution de l'his
toire de la Terre, depuis au moins 540 millions
d'années (et probablement bien davantage).
Aujourd'hui, peu de chercheurs peuvent se vanter d'avoir vécu
véritablement une «révolution scientifique» (voir art.
21),
ayant bouleversé de fond en comble la discipline dont ils sont
spécialistes.
C'est peut-être le cas des biologistes (voir art.
25).
Ce l'est, de toute évidence, des géologues.
La géologie est une
science jeune, mais les conceptions révolutionnaires relatives à
l'histoire de la Terre, regroupées au sein de la théorie de la tec
tonique des plaques lui ont déjà imposé un changement compa
rable à celui que Copernic introduisit en astronomie en 1543.
La tectonique
La tectonique, du grec tektron, charpente, est la partie de la
géologie qui s'intéresse à la structure de l'écorce de la
planète (de la Terre, en ce qui concerne cet article), et à ses
déformations dues à des processus internes...
Les precurseurs
Les hommes ont pu ignorer pendant longtemps certains phénomènes, la radioactivité de quelques roches par exemple.
Ils
ont également pu refuser de prendre en considération des effets
pourtant assez répandus, telle la diffraction de la lumière (voir
art.
13).
Ils ont pu nier le mouvement de la Terre pendant des
millénaires.
Mais même ceux qui croyaient que l'univers avait
été créé selon le scénario décrit par la Bible, même ceux qui
pensaient comme Aristote que les corps célestes sont inaltérables, étaient bien obligés de constater que des transformations
s'opéraient à la surface de notre planète.
-t
L'activité volcanique était connue.
Certains des changements qu'elle provoquait se déroulaient parfois dans le cours
d'une vie d'homme, ou étaient relatés par des chroniques
anciennes.
Il en était de même des tremblements de terre, des
raz-de-marée, etc.
Une autre constatation attirait l'attention: la
présence, quelquefois loin dans les terres, de coquillages d'animaux marins inclus dans des couches de roches calcaires.
Ces observations diverses, ces histoires colportées initialement par la tradition orale, se reflètent dans les légendes
- celle de l'Atlantide par exemple, ou dans les textes mythologiques et religieux - tel le récit du Déluge dans la Bible.
Des
explications plus rationnelles (même si èertaines d'entre elles
L'Atlantide
L'Atlantide est un pays mythique, évoqué pour la première
fois (semble-t-il !) par Platon (428-348 av.
J.-C.) dans le
Timée et le Critias.
Il se serait agi d'une très grande île, très
riche, située dans l'Atlantique au-delà du détroit de Gibraltar.
Elle aurait disparu dans un gigantesque cataclysme,
9000 ans avant le récit de Platon.
L'existence de l'Atlantide est restée une légende, fréquemment exploitée par les romanciers, mais qui n'a pas été
confirmée.
Une hypothèse récente suppose que Platon
aurait rapporté, en les enjolivant et les transformant, les
récits relatifs à l'éruption du volcan Théra, dont l'énorme
explosion a en grande partie détruit l'île de Santorin et ruiné •
la civilisation minoenne de Crète.
nous paraissent quelquefois très farfelues) sont formulées à
partir du V• siècle av.
J.-C.
Nous retrouvons donc, dans ce
domaine, le changement de démarche, de forme de raisonnement, qui affecte à cette époque la réflexion relative aux phénomènes naturels (voir art.
2, 11, 20 et 21).
Historien et géographe, Hérodote (484-420 av.
J.-C.) suppose ainsi que l'Égypte fut auparavant un golfe marin.
Eratosthène, astronome et géographe d'Alexandrie (III• siècle av.
J.-C.), juge que le niveau de la Méditerranée a diminué à cause
de la création des «colonnes d'Hercule» (le détroit de Gibraltar).
Le géographe Strabon (58-53 av.
J.-C.) attribue de telles
transformations aux tremblements de terre.
Avec la Genèse (première partie de la Bible) comme référence principale, les idées sur l'histoire de la Terre depuis sa
création se succèdent dans le monde médiéval, d'abord chez les
Musulmans, puis dans l'Europe chrétienne.
L'âge de la Terre
est évalué à 36 000 ans mais Jean Buridan (XIV• siècle) parle
de milliards d'années.
Régi-ession au XVII• siècle: un chapelain anglais, interprétant la Bible, fixe à environ 6 000 ans l'âge
de notre planète.
Mais, à la même époque, grâce en partie aux
grands voyages et aux progrès de la cartographie, Francis
Bacon (Chancelier d'Angleterre et philosophe) et Cyrano de
Bergerac font remarquer que la côte ouest de l'Afrique et celle
de l'est del' Amérique du Sud pourraient s'emboîter l'une dans
l'autre.
Les mêmes constatations se retrouvent au x1x• siècle
chez Alexander von Humboldt, puis chez A.
Snider-Pellegrîni
qui évoque la possibilité d'un déplacement relatif des deux
continents, conduisant à leur séparation: Tenace, la légende de
l'Atlantide réapparaît au XVIII• siècle chez Buffon, qui sup.
pose que l'Atlantique provient d'un effondrement de ce pays
mythique.
Les hypothèses de Wegener
Le XIX• siècle a été en géologie (comme en physique, en
chimie, et dans bien d'autres, disciplines scientifiques) une
période charnière qui, après la phase de recensements et de
classifications (de réforme de la nomenclature, en ce qui
concerne la chimie) du XVIII• siècle, prépare l'émergence de
plusieurs des grandes théories actuelles.
L'ouvrage-clé est sans
doute Principes de géologie de Charles Lyell (1833), livre de
chevet de Darwin, dont Lyell soutint d'ailleurs par la suite la
théorie transformiste (il publia notamment, en 1864, L'Ancienneté de l'homme prouvée par la géologie).
Il faut citer aussi
quantité d'autres travaux: ceux de Brongniart, Cuvier, Elie de
Beaumont, Descloizeaux ...
Au début du xxe siècle, la similitude de la faune et de la
flore à certaines époques géologiques, celle de différentes
roches et de couches de terrain entre des continents maintenant
séparés par des océans, étaient trop nombreuses et trop flagrantes pour être considérées comme de simples coïncidences.,
La théorie darwinienne de l'évolution allait dans le même sens
et obligeait, au minimum, à admettre «l'existence antérieure de
passerelles transocéaniques».
Une explication révolutionnaire est proposée, à partir de
I 9 l 0, par le météorologue et géophysicien allemand Alfred
Wegener.
Sa formulation complète (qui a été rectifiée et développée ensuite) est publiée en 1915 (sa traduction française,
L 'Origine des continents et des océans, est parue en I 924; elle
vient d'être rééditée dans la collection Epistémé aux éditions
Bourgois).
Selon lui, un énorme continent (qu'il baptisait Pangea, ou Pangée) aurait existé jusqu'au milieu du Mésozoïque.
La fragmentation de la Pangée aurait commencé au Crétacé,
partie supérieure du Mésozoïque.
(On sait aujourd'hui qu'elle
date en fait du Trias supérieur, partie inférieure du Mésozoïque).
Les différents continents initialement joints auraient
alors dérivé sur la partie visqueuse du «manteau» terrestre.
L'Amérique du Sud et l'Afrique se seraient d'abord séparés,
ainsi que l'Amérique du Nord et l'Europe (qui seraient restées
jointes par leur partie nord jusqu'au début de l'ère quaternaire).
Après une polémique qui dura plusieurs années (Wegener
lui-même est mort en 1930 au cours d'une expédition au
Groenland), les spécialistes des sciences de la Terre étaient,
dans leur quasi-totalité, franchement hostiles à l'hypothèse de
la dérive des continents ou, pour le moins, extrêmement sceptiques.
Millions
d'années
Ère tertiaire
ou
cénozoïque
crétacé
Ère
secondaire
jurassique
ou
mésozoïque
trias
Millions
d'années
holocène
~
Ère
quaternaire
0,01
pléistocène
<
1,6
"Il
pliocène
141
néogène
195
235
permien
5,3
miocène
Ère
tertiaire
ou
cénozoïque
23,5
oligocène
34
280
paléogène
carbonifère
Ère
pnmaire
ou
paléozoïque
éocène
53
345
dévonien
paléocène
395
silurien
435
ordovicien
500
cambrien
570
jprotérozoïqui
2500
Précambrien
archéen
-f
4600
Les différentes époques de l'histoire de la Terre
65
La constitution du globe
Croûte (30 à 40 km)
��
Océanique (8km)
Continentale
I
�
.....
Lithosphère
(quasi-rigide,
manteau supérieur
et croûte)
..
··
Manteau
Asthénosphère
··----- .......
��p�rj�_l:!f..........
J�ès visqueuse
ilitillilliliilSlliJ••,
';
Manteau
inférieur
'la très forte température interne serait due
à radioactivité de certaines roches.
la·
Carbonifère supérieur
Eocène
Quaternaire inférieur
Les différentes phases du déplacement des continents,
selon Wegener.jusqu'à l'ère quaternaire.
Les apports des années 50
Les premiers éléments qui incitèrent à remettre en cause
l'idée de la fixité des continents vinrent des études relatives au
paléomagnétisme.
Les appareils destinés à le mesurer - les
magnétomètres - avaient été notablement améliorés.
Certaines laves basaltiques contiennent des quantités importantes
d'oxydes de fer et de titane.
Leurs molécules s'orientent parallèlement au champ magnétique terrestre (géomagnétisme)
quand ces laves sont en fusion.
Quand les basaltes se figent, les
petits aimants que sont devenues lesdites molécules, gardent
l'orientation prise (voir art.
24).
L'étude des variations de la
déclinaison et de l'inclinaison du champ magnétique terrestre,
la constatation des inversions de ce champ au cours de l'histoire de la Terre (et les tentatives faites pour expliquer ces
inversions) ont incité des géologues à se demander, après 1960,
si les conceptions de Wegener étaient aussi fantaisistes qu'on
l'avait cru de son vivant.
L'exploration des fonds sous-marins a aussi apporté, à peu
près à partir de la même époque, un très grand nombre de données nouvelles aux géophysiciens.
Cette exploration répondait
pour une part à des préoccupations militaires qui rendaient également nécessaire une meilleure connaissance de la....
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