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DISSERTATION RÉDIGÉE On peut emprisonner les oiseaux, opposer à leur soif de liberté les barreaux d'une cage, les oiseaux chantent...

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« DISSERTATION RÉDIGÉE On peut emprisonner les oiseaux, opposer à leur soif de liberté les barreaux d'une cage, les oiseaux chantent toujours.

Seulement, leur chant se fait plainte, appel, sanglot.

Leurs ailes frémissent, se heurtent au fer de la cage et si leur ivresse de ciel se délivre, leur corps se meurtrit sans cesse.

Us ne peuvent ' plus que contempler le triste filet de sang qui coule de leurs ailes déchirées. Verlaine est de ces oiseaux perpétuellement en quête de bonheur (d'un bonheur qui se fait plus insaisissable que les nuages), et regrettant « Saturne ».

Mais pour Verlaine, la cage est prison, le chant est poésie ; le drame de Bruxelles rôde avec sa cohorte de souvenirs douloureux, et c'est Mons (...) et c'est Sagesse, ce recueil déchirant, amer, que trouent par instant les flammes splendides de l'extase mystique. Les Romances sans paroles sont devenues plus morbides.

Elles se sont teintées, diraiton, si ce n'était un anachronisme, des précieuses et maladives tristesses de Rodenbach et des souffrances cachées du « pierrot lunaire » que sera Laforgue...

et elles sont devenues Sagesse. Bien sûr, le chant de Sagesse est plus ample, il y apparaît comme une orchestration où la mélodie devient symphonie et les émois extatiques du pauvre « Lelian » y ont à la fois toute la rude simplicité et toute la richesse flamboyante du mystérieux moyen âge ; mais certains morceaux ont gardé la brièveté frémissante des « romances », comme ce poème où « le cor qui s'afflige » a remplacé les « sanglots longs des violons » des « Poèmes saturniens ». La poésie de Verlaine ne se découpe pas avec des ciseaux...

L'équilibre mystérieux qui soutient ses poèmes tient plus des mots et de leur ordonnance parfois insolite que d'un mouvement général et parfaitement composé du texte où la rigueur classique est volontairement bannie (n'écrira-t-il pas plus tard « de la musique avant toute chose...

» et ne parlera-t-ii pas dans ce même Art Poétique de « la chanson grise où l'indécis au précis se joint » ?).

Pour ce poème, il a pourtant adopté une forme assez académique ; le sonnet.

La seule innovation — mais en elle ces deux chants, ce véritable duo tragique.

Et le poème « Heredia » du sonnet — c'est l'emploi du décasyllabe, plus musical et surtout plus imprécis que l'alexandrin. Par la magie de ce vers, nous assistons à la représentation de petites scènes (où la nature est comme paralysée) qui se métamorphosent en des tableaux fondus dans une légère grisaille.

C'est ici le règne de la demi-teinte, des couleurs estompées qui composent une atmosphère inquiétante, presque angoissante.

Dans le premier quatrain s'élève le prélude du cor agonisant, auquel vient, porté par la brise, se mêler comme un second instrument, dans le deuxième quatrain, le hurlement du loup.

Puis, c'est l'orchestration feutrée de la neige qui étouffe on elle ces deux chants, ce véritable duo tragique.

Et le poème s "achève sur une impression générale : l'atmosphère dégagée par ce paysage et que résume l'adjectif « lent ». La nature ressemble ici à un orchestre, mais à un orchestre qui célébrerait quelque cérémonie funèbre, quelques funérailles mystérieuses...

peut-être celles d'un Verlaine prisonnier, désespéré, traqué par la pensée de la Mort. Le sonnet s'ouvre donc sur le chant du cor.

Suivi du verbe s'afflige », ce cor prend un aspect humain ; cela met en relief la tristesse et la rend plus vibrante — mais déjà nous sommes pénétrés par ces premières impressions auditives et nous écoutons s'éloigner le son du cor qui se dirige vers les bois : première intervention de la nature. L'enjambement prolonge ce chant et détache du deuxième vers le mot « douleur », que suit presque immédiatement l'adjectif insolite « orpheline, ».

Ainsi qualifiée, cette douleur devient de plus en plus humaine.

Nous en comprenons la solitude que symbolisent les orphelins.

Ce thème d'ailleurs fut souvent exploité en littérature (voir Coppée, Rimbaud et ses « étrennes des orphelins » et même Verlaine avec son «Gaspard Hauser ») mais il prend ici une tout autre résonance par le fait même de son emploi. Notons au passage le ton volontairement inhabituel, maladroit humble de ce « on veut croire », dont la simplicité chantante est une des caractéristiques de Verlaine (par exemple dans le poème sur Charleroi où il parle des Kobolds).

Et le quatrain s'achève sur l'image, déchirante dans sa simplicité, du cor qui « vient mourir au bas de la colline, comme un animal blessé.

La nature a fait d'autres apparitions : ainsi celle de la colline, celle de la brise que Verlaine compare à un chien traquant le cor (« errant en courts abois »).

Deux chants se mêlent maintenant (deux plaintes plutôt) auxquelles vont venir s'ajouter les sanglots du loup.

Car, comme répondant à l'appel du mot « abois », s'élève le « hurlement» du loup dont, fait curieux, mais naturel pour un poète, ce n'est pas le corps, mais l'« âme» qui pleure.

Verlaine donne donc un aspect humain à toutes ces choses et à tous ces êtres.

« Dans.... »

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