Égypte 1986-1987 Retour dans la communauté arabe Le 13 octobre 1986 a clôturé un lustre de règne du président Hosni...
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Égypte 1986-1987
Retour dans la communauté arabe
Le 13 octobre 1986 a clôturé un lustre de règne du président Hosni Moubarak à la tête de l'État égyptien:
arrivé au pouvoir dans des circonstances dramatiques, il continue à naviguer parmi les écueils: dérapage
économique, brusques colères du peuple, démographie galopante, danger intégriste, isolement dans le
monde arabe, paix froide avec Israël...
; il parvient cependant à maintenir le cap, avec un bonheur inégal.
Un contexte économique dramatique
1986 est à classer comme la précédente parmi les "années de vaches maigres".
Depuis plusieurs mois, le
pays n'arrive plus à faire face à ses engagements financiers.
Sa dette extérieure, civile et militaire, bien
que modérée (36 à 38 milliards de dollars) et surtout bien répartie entre les crédits à moyen et long
termes à bas taux d'intérêt, draine près de 35% des recettes pour son service, au moment où les
ressources de base sont en récession.
Les caisses de l'État sont vides et la Banque centrale n'assure une
semaine d'importations qu'avec un appoint pris sur le marché libre.
Les grands projets ont été mis en
veilleuse, faute de financement extérieur.
Le marasme sur le marché pétrolier a entraîné une baisse de la
production de 9% et les recettes provenant des exportations se situent à 1,5 milliard de dollars, contre
2,8 milliards en 1985.
Baisse aussi de la prospection, pourtant fructueuse dans le désert occidental et au
nord du Sinaï, off shore.
L'accent est désormais mis sur le gaz naturel, dont le potentiel dépasse les
réserves de pétrole ; sa production a augmenté de 20%, passant de 1,6 à 2,1 millions de TEP (tonnes
d'équivalent pétrole).
La consommation nationale de produits pétroliers a régressé de 15 à 10%, par suite
de l'augmentation des prix à la pompe et du ralentissement des achats de voitures particulières.
Autre
sujet de préoccupation: la chute de 50% des devises en provenance des trois millions d'expatriés dans les
pays du Golfe, qui avaient atteint en 1984 près de 4 milliards de dollars ; des centaines de milliers de
travailleurs sont rentrés en 1986, s'ajoutant à un marché du travail saturé.
Le secteur public, déjà alourdi par des effectifs pléthoriques, tourne au ralenti, faute de devises autorisant
l'importation de matières premières.
Quant au tourisme, il a durement pâti des émeutes des conscrits de
la police dans la région de Guizeh, en février 1986, et ses recettes ont chuté de 800 à 500 millions de
dollars.
Le tableau apparaît moins sombre dans le secteur privé ; dynamique, bien géré, il s'approvisionne
au marché libre, fixe ses prix en fonction des coûts de production et progresse favorablement.
Quant à l'armée, soutien le plus solide du pouvoir, véritable État dans l'État, elle n'a pas souffert de la
conjoncture ; elle a son budget propre et ses moyens en devises qui lui permettent de poursuivre sa
modernisation.
Mais celle-ci ne peut se faire sans un alourdissement considérable de la dette militaire ; si
les États de la CEE ont accepté le principe de son rééchelonnement, le principal débiteur, les États-Unis
(4,5 milliards de dollars au taux de 14% par an), n'a décidé qu'en décembre 1986 de ramener ce taux à
7,5%, sur une période de quatre ans ; résultat: une baisse des montants annuels de 540 à 316 millions
de dollars.
Pour sortir de l'impasse, l'Égypte s'était tournée vers le FMI pour l'octroi d'un crédit standby de 1 milliard
de dollars ; les exigences du Fonds, considérées comme "irrecevables", ont coûté son poste au Premier
ministre, Ali Loutfi, remplacé le 10 novembre par Atef Sidki.
La décision américaine a facilité la conclusion
d'un accord de principe avec le FMI sur l'application d'un vaste programme de réformes sur dix-huit mois
; s'il est entériné, il devrait être suivi d'une réunion du Club de Paris, pour étudier un rééchelonnement
global de la dette.
Au printemps 1987, Le Caire espérait obtenir un prêt de 800 millions de dollars de la
Banque mondiale.
En attendant, une stricte austérité est observée.
Percée électorale des Frères musulmans
Au mois de juillet, l'Égypte a franchi le seuil des 50 millions d'habitants, soit une augmentation d'un
million en neuf mois (2,7%).
La timidité de l'action gouvernementale pour freiner la natalité - par souci de
file:///F/dissertations_pdf/Nouveau%20dossier/451000.txt[14/09/2020 16:45:18]
ne pas heurter les convictions religieuses - a amené le raïs à faire implicitement appel aux ulémas
(autorités religieuses), réunis début mars 1987 en congrès à l'université d'al-Azhar sur le thème de la
démographie dans le monde musulman ; il les a incités à "chercher des solutions" aux problèmes qui
entravent le développement économique et social.
Si les intégristes musulmans combattent la politique
gouvernementale de dénatalité, c'est qu'ils sont les principaux bénéficiaires du dérapage économique ;
celui-ci leur permet en effet d'augmenter leur audience grâce à des activités sociales bien organisées.
Ils
se sont manifesté au Caire, par l'incendie de plusieurs vidéo-clubs et surtout....
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