Égypte 1989-1990 Stabilisation ou stagnation? En 1989, l'Égypte s'est retrouvée confrontée aux mêmes difficultés économiques et financières qui l'avaient poussée...
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Égypte 1989-1990
Stabilisation ou stagnation?
En 1989, l'Égypte s'est retrouvée confrontée aux mêmes difficultés économiques et financières qui
l'avaient poussée en 1986-1987 sous les fourches caudines du FMI pour obtenir un premier
rééchelonnement de sa dette.
On a enregistré une nouvelle dégradation de la balance des paiements,
dont le déficit évalué par le FMI à près de 8 milliards de dollars pour 1989 a porté la dette extérieure à
près de 50 milliards de dollars.
Un certain nombre de facteurs expliquent cette nouvelle dégradation.
Alors même que les autorités annoncent une reprise de la croissance à 5,6% pour 1989-1990, celle-ci a
été contestée par le FMI qui considérait qu'elle était restée négative.
L'évolution des principaux secteurs
productifs est demeurée décevante, et la "tertiarisation" de l'économie égyptienne (52,1% du PIB en
1988-1989) s'est confirmée.
Dans le secteur agricole, malgré de substantielles augmentations des prix
d'achat aux paysans (+40% pour le coton, +50% pour le blé), la production n'a progressé que de 2,4%
en 1988-1989.
Dans l'industrie, où les autorités ont annoncé une croissance de 7%, seuls le textile et
l'habillement ont fait preuve d'un véritable dynamisme.
Stagnation également dans le secteur pétrolier où
la décroissance de la production s'est accusée (42,8 millions de tonnes en 1988-1989, soit 755 millions de
dollars de recettes), et pour les recettes du canal de Suez qui semblent avoir atteint un plafond (1,4
milliard de dollars en 1989).
Seul le tourisme a continué à enregistrer des résultats satisfaisants (+13,2%
pour le premier semestre de 1989 par rapport à la même période de l'année précédente).
"Réajustements" de l'économie
Confronté à l'effritement de son crédit international - pour la première fois, en juin 1989, l'Égypte a été
contrainte de procéder à des achats de blé au comptant -, le gouvernement a adressé au FMI, en juillet
1989, un mémorandum sur sa politique et a mis en oeuvre un certain nombre de mesures allant dans le
sens des exigences de cette institution: doublement des tarifs ferroviaires, augmentation de 40% des
produits pétroliers (sauf l'essence, majorée de 33% en mai 1988), de 30% de l'électricité, augmentation
des taxes sur les cigarettes et doublement des droits de timbrage, ajustement sur le taux du marché des
taux de change utilisés pour le calcul des droits de douane, retrait du thé de la liste des produits
subventionnés et abandon du pain à 2 piastres, son prix passant à 5 piastres.
Surtout, le taux de change
pratiqué par la Banque centrale pour calculer les recettes du Canal et les exportations de coton et de
pétrole et financer les importations de produits alimentaires a été dévalué de 70 à 110 piastres pour un
dollar (256 sur le marché "livre").
Par ailleurs, le budget 1989-1990 a prévu une réduction de près de
moitié du déficit qui avait atteint, selon le FMI, 13,4 milliards de dollars au cours de l'exercice précédent.
Un tel résultat, au printemps 1990, semblait déjà irréaliste.
Le principal conflit avec le FMI est resté la
question des taux d'intérêt: légèrement majorés en mai 1989 (+2% pour les taux débiteurs, entre 0,5 et
3% pour les taux créditeurs), ils sont restés très largement inférieurs à l'inflation (21% en 1988-1989).
Après la promulgation de la loi 146 de juin 1988, le gouvernement a largement remporté la partie de
"bras de fer" engagée avec les sociétés islamiques d'investissement.
Celles-ci ont, pour la plupart, choisi
de rentrer dans le rang, à l'exception notable d'al-Rayyan qui, ayant refusé de rapatrier ses considérables
avoirs à l'étranger, fait figure de bouc émissaire pour toutes les irrégularités accumulées par ces sociétés.
Cette remise en ordre s'est traduite, pour des milliers de petits épargnants, par la perte de leurs avoirs et
par le fait que le problème de la mobilisation de l'épargne flottante, en particulier celle des travailleurs
émigrés, est resté entier.
Les avoirs des Égyptiens à l'étranger auraient ainsi dépassé 4 milliards de
dollars, et près de 56% des dépôts en devises reçus par les banques commerciales auraient été placés à
l'étranger, privant le marché des changes et l'économie égyptienne de milliards de dollars.
A cela s'ajoute
le fait que la nouvelle loi sur les investissements, annoncée comme un pas décisif....
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