Égypte 1994-1995 L'enjeu de la nouvelle donne régionale En 1994-1995, le rôle géopolitique de l'Égypte a été largement affecté par...
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Égypte 1994-1995
L'enjeu de la nouvelle donne régionale
En 1994-1995, le rôle géopolitique de l'Égypte a été largement affecté par les mutations régionales.
Avec
l'épuisement de la rente politico-économique qu'avait permise son engagement dans la coalition antiirakienne, durant la guerre du Golfe (1991), et plus encore avec l'accord d'autonomie palestinienne signé
entre l'OLP et Israël le 13 septembre 1993 et le traité de paix scellé entre la Jordanie et Israël (26 octobre
1994), sa place dans la région s'est trouvée modifiée.
Par ailleurs, le premier signataire d'un traité de paix
avec Israël (Camp David, en 1979) s'est vu "doublé" par ses voisins, qui, du Maroc à la Jordanie, ont
engagé la normalisation de leurs rapports avec Israël.
La "déclaration de Damas" paraphée par l'Égypte,
la Syrie et les États du Golfe, en mars 1991, en vue de définir les bases d'une sécurité collective, et dont
les signataires se sont réunis en janvier 1994, est restée lettre morte pour ce qui est du soutien à
l'Égypte.
Forte du succès de la Conférence internationale sur la population et le développement qui s'est tenue au
Caire du 5 au 13 septembre 1994, la diplomatie égyptienne a diversifié ses interlocuteurs tout en
privilégiant les enjeux économiques: partenariats économiques avec le Japon, les États-Unis et
participation à divers forums.
Par ailleurs, de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays
méditerranéens (juillet 1994), à la Conférence économique internationale sur le Proche-Orient
(Casablanca août 1994), en passant par l'accueil au Caire de la conférence de l'Union européenne sur les
PME (petites et moyennes entreprises) en décembre 1994, et le statut d'observateur alloué au sein de
l'Union du Maghreb arabe (novembre 1994), l'Égypte a montré qu'elle entendait garder sa place dans la
nouvelle donne moyen-orientale.
A la diplomatie des "sommets", réunissant les chefs d'États égyptien, syrien, saoudien, censée renforcer
la solidarité arabe, a répondu la rencontre des signataires de la paix, le président égyptien Hosni
Moubarak, le Premier ministre israélien Itzhak Rabin, le roi Hussein de Jordanie et Yasser Arafat, chef de
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), le 3 février 1995.
Nouvelles tensions avec les États-Unis
Sur un autre front, l'attentat manqué contre H.
Moubarak, le 27 juin 1995 à Addis-Abéba, a eu pour effet
de raviver les tensions entre l'Égypte et le Soudan, ce dernier ayant été accusé par Le Caire d'abriter des
activistes islamistes.
Faisant taire pour un temps les critiques contre le régime, cet attentat n'en posait
par moins la question de la succession de H.
Moubarak, qui, depuis son accession au pouvoir en 1981,
s'est abstenu de nommer un vice-président.
Les relations égypto-américaines sont à nouveau entrées en crise, les raisons avancées par Washington
étant la violation par les fils de certains hauts responsables égyptiens de l'embargo imposé à la Libye.
Au
même moment, la presse officieuse reprochait aux États-Unis d'être ouverts à une possibilité d'alternative
islamiste au régime.
A cela s'ajoutaient les pressions des créanciers internationaux.
Le tout a été perçu
comme un montage américain visant à mettre l'Égypte au pas à l'approche de la reconduction du TNP
(Traité de non-prolifération nucléaire); Washington n'admettait pas que la résistance du Caire fût liée au
refus de signer d'Israël.
La reconduction, en mai 1995, du TNP pour une durée illimitée et sans qu'Israël
n'y soit intégré, a constitué un échec pour la diplomatie égyptienne.
De plus, la motion relative au
Proche-Orient vers laquelle a poussé l'Égypte ne mentionnait pas le principal programme militaire
nucléaire de la région, celui d'Israël.
En dépit de la visite du président israélien Ezer Weizmann en Égypte, en décembre 1994, la "tension
verbale" entre les deux pays a atteint son apogée avec une campagne israélienne contre le ministre des
Affaires étrangères Amr Moussa qui, au cours de sa première visite officielle en Israël (août 1994), avait
ouvert le dossier du TNP et s'était abstenu de visiter le mémorial des victimes du génocide.
Enfin, il a été
perçu par les Israéliens comme tiède, sinon hostile vis-à-vis des efforts de normalisation.
Engagée sur le plan économique - l'Égypte est le premier fournisseur de pétrole à Israël -, la tentative de
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normalisation des relations dans d'autres domaines s'est heurtée à un refus de la part de la population:
des manifestations anti-israéliennes ont été suivies d'arrestations, suscitant une inquiétude de plus pour
le régime.
Celui-ci a laissé s'exprimer les protestations internes mais les a sanctionnées dès lors qu'elles
avaient dépassé la marge autorisée, laquelle a été réduite.
Bien qu'elle n'ait pas eu raison de la violence, la loi d'urgence, en vigueur depuis 1981, a été une fois de
plus reconduite pour trois ans, alors que son abrogation était l'une des principales revendications de
l'opposition.
Celle-ci a été invitée, en juin 1994, à un "dialogue national", que les optimistes ont....
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