? Élaboration de Germinal UN PROJET ROMANESQUE : « LES ROUGON-MACOUART» Naissance d'un projet Zola rêve de rivaliser avec Balzac,...
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?
Élaboration
de Germinal
UN PROJET
ROMANESQUE : « LES
ROUGON-MACOUART»
Naissance d'un projet
Zola rêve de rivaliser avec Balzac, dont il est un admi
rateur : il voudrait écrire une œuvre digne de la Comédie
humaine, mais qui s'en démarquerait toutefois par cer
tains aspects.
C'est alors qu'il forme un vaste projet: réa
liser une série romanesque retraçant l'histoire, sur plu
sieurs générations, de toute une famille aux origines
modestes : Les Rougon-Macquart.
Les romans auraient
pour toile de fond historique les années du Second Empire
(1852-1870) et dresseraient la fresque d'une époque
entière, celle d'une fin de siècle, en pleine mutation éco
nomique et sociale.
En effet, avec l'apparition du machi
nisme et les progrès des technologies, s'ouvre une ère
nouvelle, caractérisée par le développement industriel et
l'extension de la classe ouvrière.
Une esthétique nouvelle :
le naturalisme
Ce qui fait principalement l'originalité de Zola, c'est sa
volonté de réaliser un roman à caractère scientifique.
Zola
est en effet séduit par la thèse, très répandue à l'époque
selon laquelle les comportements humains sont régis par
des lois scientifiques et entièrement déterminés par
l'hérédité et l'influence du milieu.
Zola entend illustrer ce
principe dans ses romans : il assigne à un personnage
un certain nombre de facteurs héréditaires (par exemple,
l'alcoolisme), et fait évoluer ce personnage dans un milieu
particulier (par exemple, en milieu ouvrier).
En véritable
expérimentateur, il prétend suivre ses agissements et
analyser ses réactions.
La méthode du romancier se rapproche de celle du
naturalisme scientifique.
Zola élabore ainsi une esthétïque
nouvelle qu'il appelle «naturalisme» et qu'il définit comme
«la formule de la science moderne appliquée à la litté
rature» (Le Roman expérimental).
Un cycle de vingt romans
( '1 869-'1 893)
À partir de février 1869, Zola s'attelle donc à la rédaction
de son œuvre qu'il intitule : Les Rougon-Macquart, his
toire naturelle et sociale d'une famille sous le Second
Empire.
Pour que jouent les lois biologiques, Zola choisit l'his
toire d'une famille, les Rougon-Macquart, dont les
membres sont marqués par une hérédité névrotique et
alcoolique.
Zola les place et les suit dans les milieux les
plus divers : Halles, maraîchers et boutiquiers (Le Ventre
de Paris, 1873); haute prostitution (Nana, 1880); grands
magasins (Au Bonheur des Dames, 1883); mine (Ger
minal, 1885) ; paysannerie (La Terre, 1887); voies ferrées
(La Bête humaine, 1890), etc.
Chaque épisode fait l'objet
d'un roman qui forme une histoire complète, mais d'un
ouvrage à l'autre réapparaîtront souvent les mêmes per
sonnages.
Zola mettra vingt-quatre années à rédiger les vingt
ouvrages qui constituent la série.
En 1869, il commence
à écrire La Fortune des Rougon, premier roman du cycle,
paru en 1871.
Il achève son œuvre en 1893 avec Le
Docteur Pascal.
NAISSANCE
DE «GERMINAL»
«Germinal» : un roman ouvrier
Après le succès de L'Assommoir (1877), qui met en
scène un couple d'ouvriers parisiens ravagés par l'alcoo
lisme, Zola envisage d'écrire un second roman ouvrier,
plus principalement axé sur la lutte sociale: « Ce n'est
qu'au moment de L'Assommoir que, ne pouvant mettre
dans ce livre l'étude du rôle politique et surtout social
de l'ouvrier, je pris la résolution de réserver cette matière
pour en faire un autre roman» (lettre à Van Santen Kolff,
le 6 octobre 1889).
Le mouvement ouvrier, réprimé après la Commune ,
(cf.
p.
9), reprend son essor après la chute de Mac-Mahon
et l'instauration définitive de la république.
En 1881, sont
votées les lois sur la liberté de réunion et la liberté de
la presse.
Les syndicats s'organisent et les mouvements
socialistes se développent.
Zola suit de près cette évolution et l'on retrouvera dans Germinal, incarnées dans
les personnages, les grandes tendances du socialisme de
l'époque (cf.
plus loin, p.
39, 57).
«Germinal» :
un roman de la mine
Le charbon, à l'époque de Zola, est la source d'énergie
essentielle.
Les bassins houillers font l'objet d'une exploitation acharnée, et pour accroître les rendements, les
ouvriers sont soumis, dims des conditions pénibles, à un
rythme de travail épuisant.
• Crise économique et chômage
Par ailleurs, les crises économiques qui secouent la
France dans les années 1870 ne font qu'aggraver une
situation déjà précaire : la misère des mineurs se fait
pressante, les salaires sont au plus bas, le chômage sévit.
Des grèves éclatent donc en pays minier au Nord de la
France : en 1878 à Anzin, en 1880 à Denain, en 1882 à
Montceau-les-Mines, en 1884 à nouveau à Anzin.
• La mine : un thème littéraire
La mine est devenue un thème littéraire et a déjà
inspiré plusieurs romanciers : Hector Malot, dans Sans
Famille (1878), évoque une catastrophe minière ; Paul
Hauzy dans ses nouvelles, Un coin de la vie de misère
(1878), raconte les amours d'un jeune mineur amoureux
d'une cribleuse *, Catherine; Maurice Taylmer, auteur de
Grisou (1880), met en scène une grève; Yves Guyot, ami
de Zola, auteur de Scènes de /'Enfer social (1882), présente la misère des mineurs et leur révolte.
Zola imagine
le parti qu'il pourrait lui-même tirer d'un roman sur le
pays noir: la mine lui offrirait un cadre romanesque pittoresque et symbolique, prétexte à l'évocation de scènes
dramatiques et au développement de ses thèmes de prédilection.
Tel était le projet de Zola, projet qui se concrétisa à
la suite de deux événements : sa rencontre avec Alfred
Giard et la grève d'Anzin.
• Les mines du Nord en grève
Durant l'été 1883, il rencontre en effet le député socialiste de Valenciennes, Alfred Giard, qui évoque avec lui
les problèmes de la région et qui le pousse à écrire un
roman sur la mine.
Peu après, en février 1884, une grève
importante éclate à Anzin.
Zola est décidé : il situera son
roman....
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