) Eluard écrit dans Le Dictionnaire abrégé du surréalisme, pour le mot« langage»:« Il nous faut peu de mots pour...
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«
) Eluard écrit dans Le Dictionnaire abrégé du surréalisme, pour le
mot« langage»:« Il nous faut peu de mots pour exprimer l'essen
tiel, il nous faut tous les mots pour le rendre réel.
» En quoi cette
définition permet-elle de rendre compte du style d'Eluard dans
Les Mains Libres ?
Les clés pour réussir
Bien comprendre le sujet
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• Le faible nombre de mots implique une forme brève : poèmes courts,
phrases courtes ...
• « Peu de mots », ce peut être aussi « peu de mots différents », des
« mots simples » : Eluard utiliserait donc un vocabulaire simple, pro
saïque plutôt que recherché.
• Mais ce« peu de mots» exprime« l'essentiel»: il y a donc une densité
de la langue qui peut la rendre complexe.
«tous les.rnoJs pourte renarex e:er»
• « rendre réel» signifie qu'Eluard veut donner corps aux idées, les pré
senter donc de manière imagée.
• Pour cela, il faudrait « tous les mots » : cela s'oppose à « peu de
mots » ; Eluard utiliserait donc beaucoup de mots.
• Eluard cherche à rendre compte de la totalité du monde.
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• Le style est la manière d'écrire.
• Il vous faudra étudier le vocabulaire, la syntaxe, les formes, les figures
de style propres à Eluard.
Organiser ses idées
La problématique: Eluard définit le langage comme une tension entre
simplicité et densité, entre « dire >> et « donner à voir ».
Comment la
langue d'Efuard permet-elle de rendre compte de cette tension et de la
résoudre?
Le plan proposé: La première partie s'intéressera au début de la citation,
la deuxième partie à la fin.
La troisième partie tentera de résoudre la
tension créée par l'opposition des première et deuxième parties.
1- Simplicité.
Vous étudierez la simplicité du vocabulaire et la concision
des formes destinées à rendre l'essentiel.
Il - Ajouts et surenchères.
Vous montrerez que, paradoxalement, la
langue d'Eluard procède par ajouts, comme si les phrases ne devaient
jamais s'arrêter, suivant le cours d'une pensée toujours en mouvement.
Ill - Du mot au texte.
Vous dépasserez cette apparente contradiction en
montrant que c'est en associant des mots simples, de manière souvent
inattendue, qu'Eluard peut « donner à voir ».
Le plan est rappelé pour vous aider, mais il ne doit en aucun cas figu
rer sur votre copie.
À vous de guider le correcteur par l'annonce du
plan dans l'introduction, les phrases d'attaque des paragraphes et des
transitions.
Introduction
Eluard a d'abord appartenu au mouvement
dada, mouvement qui, considérant que
le langage était à l'origine de la guerre, a
cherché à le déconstruire.
Hugo Ball, dans
le manifeste dada paru en 1916, écrit: « Je
ne veux pas de mots inventés par quelqu'un
d'autre.
[ ...
] Je revendique mes propres
bêtises, mon propre rythme et des voyelles
et des consonnes qui vont avec.
» Pour les
surréalistes, le langage est à réinventer,
Dada : mouvement qui
se développe de 1916 à
1925 sous l'impulsion du
poète TristanTzara.
Il réunit
des poètes et des artistes
qui rejettent toutes les
conventions, recherchent
le hasard et pratiquent
_volontiers la provocation.
certes, mais en lui redonnant son importance.
Eluard propose ainsi dans
Le Dictionnaire abrégé du surréalisme la réflexion suivante sur le langage:
« Il nous faut peu de mots pour exprimer l'essentiel, il nous faut tous les
mots pour le rendre réel.» Dans un parallélisme de construction, Eluard fait
apparaître la tension entre la fonction informative du langage qui repose
sur la clarté et la concision et sa fonction poétique au sens étymologique
(le mot grec poiesis signifie« création ll) qui consiste à recréer le monde.
Comment cette tension entre simplicité et densité, complexité se manifeste
t-elle dans le style d'Eluard ?
I - Simplicité
1.
Le vocabulaire
Eluard emploie un vocabulaire simple : pris un par un, les mots ne posent
aucun problème de compréhension.
li utilise également un vocabulaire du
quotidien : le champ lexical du corps et celui de la nature sont les plus
représentés dans Les Mains libres.
Ce qui va conférer un caractère poé
tique au texte, ce ne sont pas les mots eux-mêmes mais leur association,
comme nous le verrons plus loin.
Ainsi, Eluard a inventé des mots compo
sés tels que« l'.arbre-rose » (p.
45) ou« Plante-aux-oiseaux » (p.
79) mais ces
mots composés sont directement inspirés des dessins de Man Ray qu'ils
illustrent.
2.
Concision
Les formes sont courtes.
8 poèmes ne sont composés que d'un > (v.
6).
Le poème intitulé« Rêve » (p.
80) est composé aussi essentiellement de
vers courts : 4, 3 et même 2 syllabes.
Cette impression de concision est
renforcée par l'absence fréquente de verbe principal conjugué : sans cet
élément clé, la phrase semble plus resser- 5Mffijiffltj .
· .
\
rée sur elle-même.
C'est le cas par exemple· :t Il! o·.1st·1que : stroph.
e
•
• •
dans le poeme « Le des1r » (p.
21) : « Jeu- i de 2 vers,
nesse du fauve/ Bonheur en sang / Dans · lfflîercet; strophe.de 3 vers.
un bassin de lait>> ou dans le poème « La 11110uatrain: strophe
liberté » (p.
70) : « Liberté ô vertige et tran- de 4 vers.
·
quilles pieds nus/ Liberté plus légère plus m Tétrasyllabe: vers
simple/ Que le printemps sublime aux lim- de 4 syllabes.
pides pudeurs.>> Dans ces deux exemples, liilAlexandrin: vers
Eluard emploie des phrases nominales.
, de ·12 syllabes.
Parfois, il utilise le verbe mais à l'infinitif, comme dans « !.:angoisse et
l'inquiétude » (p.
34) : « Purifier raréfier stériliser détruire/ Semer mlllti
plier alimenter détruire.
»
3.
Aphorismes
Certains vers, par leur brièveté, font penser à des aphorismes, ces phrases
courtes qui cherchent à caractériser un mot ou une sitûation sous un aspect
particulier, original.
Ce serait une manière d'« exprimer l'essentiel» comme
le dit Eluard dans sa définition du langage.
Les présents de vérité géné
rale, les articles définis, les pronoms indéterminés qu'Eluard utilise parfois
soulignent la parenté de certains vers avec des aphorismes.
Ainsi, « Feu
d'artifice » (p.
107) n'est composé que de ces deux vers qui définissent de
manière originale le titre : « La nue fantastique est d'ici/ où ne s'effacent
pas les ombres.
» « Histoire de la science» (p.
83) se termine par ces vers :
« [ ...
] le feu/ !.:air la terre et l'eau/ Sont des enfants.» « Le sablier compte
fils» (p.
76) se termine aussi par un aphorisme:« De belles variétés de jour/
cultivent ce monde....
»
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