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. Elvire apprend la vérité Acte 1, scène 3 CONTEXTE Au cours d'un dialogue avec son valet Sganarelle, Don Juan...

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Elvire apprend la vérité Acte 1, scène 3 CONTEXTE Au cours d'un dialogue avec son valet Sganarelle, Don Juan avoue à celui-ci qu'il s'est lassé de Done Elvire comme il se lasse de toutes les femmes qu'il conquiert.

Ainsi, après avoir en­ levé Elvire du couvent et l'avoir épousée secrètement, il i'a quit­ tée pour courir de nouvelles aventures.

Il confie à Sganarelle qu'il a le projet d'enlever à présent une �une fille à son fiancé lors d'une promenade en mer.

Sganarelle tente en vain de le dissuader de se lancer daris une entreprise dangereuse. Alors qu'il ordonne à son valet de préparer leur départ, Don Juan aperçoit Done Elvire qui vient à sa rencontre.

Il reproche violemment à Sganarelle de ne pas l'avoir prévenu.

Don Juan a cependant la présence d'esprit de remarquer la tenue insolite de son épouse qui contrevient à tous les usages,·en venant dans le palais où il se trouve en habits « de campagne», c'est-à-dire de voyage. TEXTE SCÈNE3 DONE ELVIRE, DON JUAN, SGANARELLE DONE ELVIRE: Me ferez-vous la grâce, Don Juan, de vouloir bien me reconnaître? et puis-je au moins espé­ rer que vous daigniez tourner le visage de ce côté? DON JUAN: Madame, je vous avoue que je suis surpris, 5 et que je ne vous attendais pas ici. 10 15 20 25 30 DONE ELVIRE: Oui, je vois bien que vous ne m'y atten­ diez pas; et vous êtes surpris, à la vérité, mais tout au­ trement que je ne l'espérais ; et la manière dont vous le paraissez me persuade pleinement ce que je refusais de croire.

J'admire ma simplicité et la faiblesse de mon cœur à douter d'une trahison que tant d'apparences me confirmaient.

J'ai été assez bonne, je le confesse, ou plu­ tôt assez sotte pour me vouloir tromper moi-même, et travailler à démentir mes yeux et mon jugement.

J'ai cherché des raisons pour excuser à ma tendresse le relâ­ chement d'amitié qu'elle voyait en vous; et je me suis forgé exprès cent sujets légitimes d'un départ si préci­ pité, pour vous justifier du crime dont ma raison vous accusait.

Mes justes soupçons chaque jour avaient beau me parler: j'en rejetais la voix qui vous rendait criminel à mes yeux, et j'écoutais avec plaisir mille chimères ri­ dicules qui vous peignaient innocent à mon cœur.

Mais enfin cet abord ne me permet plus de douter, et le coup d'œil qui m'a reçue m'apprend bien plus de choses que je ne voudrais en savoir.

Je serai bien aise pourtant d'ouïr de votre bouche les raisons de votre départ. Parlez, Don Juan, je vous prie, et voyons de quel air vous saurez vous justifier! DON JUAN: Madame, voilà Sganarelle qui sait pourquoi je suis parti. SGANARELLE: vous plaît. Moi, Monsieur? Je n'en sais rien, s'il DONE ELVIRE: Hé bien! Sganarelle, parlez.

Il n'impor­ te de quelle bouche j'entende ces raisons. MATÉRIAUX Civilisation ► Un couvent (on disait aussi convent) était, comme aujourd'hui, un lieu où se retiraient des personnes qui désiraient se consacrer entièrement à la religion. On y faisait vœu de chasteté.

Dans certains d'entre eux, on faisait aussl vœu de se retirer complètement du «monde» (la vie sociale) en se cloîtrant.

Ces vœux étaient prononcés à l'occasion d'une cérémonie solennelle. Rompre ses vœux était donc une faute grave.

Il s'agissait, comme l'adultè­ re, d'une atteinte au sacré.

Elvire a donc pris, par amour, de grands risques. Nous ne sommes donc pas seulement en présence d"une amourette qui tour­ ne mal.

Cela explique l'implication de la famille d"Elvire dans cette affaire. La façon dont nous avons défini le couvent (vœu de se consacrer à la reli­ gion, vœu de se retirer du monde) soulève une question: comment une fem­ me qui s'est engagée à ce point peut-elle se laisser séduire et enlever? Pour le comprendre- car la chose arriva de nombreuses fois-, il faut sa­ voir que la fonction des couvents était parfois dévoyée.

On pouvait y mettre une fille de l'aristocratie pour de simples questions d'héritage (afin de préser­ ver l'intégralité d'un patrimoine) ou même tout simplement parce que son phy­ sique ingrat l'empêchait de trouver un mari.

On y envoyait aussi des personnes aux mœurs dissolues, le couvent jouant le rôle d'une sorte de maison de correction. Au siècle suivant, Diderot, dans La Religieuse, fera une violente critique de ces couvents où une femme pouvait être amenée à prononcer des vœux contre son gré. Le dévoiement de la fonction explique évidemment le dévoiement des mœurs. Langue ► J'admire ms simplicité (1.

10): je m'étonne de ma simplicité.

Aussi, sans dou­ te, une part d'ironie, dans «J'admire...

», simplicité ayant évidemment le sens de«bêtise». ► Mon Jugement (1.

14): le mot jugement désignait l'aptitude à raisonner, à ap­ précier les situations.

Montaigne demande que l'on forme le «jugement» de l'élève plutôt que de lui emplir la mémoire.

Le mot a un peu vieilli dans ce sens et s'emploie surtout pour désigner la décision d'un tribunal. ► Relâchement d'amitié (1.

16): on dirait plutôt affection aujourd'hui, le mot «amitié» se rapportant à un homme et une femme excluant les relations sexuelles. ► Je me suis forgé exprès cent sujets (1.

16): forgé=fabriqué; exprès=à cet­ te intention. ► Chimères (1.

21): constructions imaginaires un peu folles. ►Cet abord (1.

23): cet accueil, cette façon de me recevoir.

On dit encore aujourd'hui «au premier abord» ou «de prime abord». ► Oufr (1.

26): ancien mot pour «entendre».

Entendre avait à l'époque le sens «comprendre».

Ce sens subsiste encore aujourd'hui dans les milieux cultivés et dans l'expression «A bon entendeur, salut».

Quand Don Carlos (V, 3) dit à Don Juan «Je vous entends», cela signifie «Je vous comprends». Ouïr ne s'emploie plus que par plaisanterie mais te mot ouïe (faculté d'en­ tendre) reste en usage. lllrétorique Si l'on voulait situer littérairement les propos d'Elvire, il faudrait les rappro­ cher des innombrables textes d'analyse concernant l'amour: La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, toute la littérature précieuse, le théâtre du temps, etc.

Par certains côtés.ce passage est donc à rapprocher du roman psychologique. IDÉE DIRECTRICE ET MOUVEMENT DU TEXTE L'idée directrice du texte.... »

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