Émile VERHAEREN, Les Soirs, « Londres ». 1. Et ce Londres de fonte et de bronze, mon âme, 2. Où...
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«
Émile VERHAEREN, Les Soirs, « Londres ».
1.
Et ce Londres de fonte et de bronze, mon âme,
2.
Où des plaques de fer claquent sous des hangars,
3.
Où des voiles s'en vont, sans Notre-Dame
4.
Pour étoile, s'en vont, là-bas, vers les hasards.
5.
Gares de suie et de fumée, où du gaz pleure
6.
Ses spleens d'argent lointain vers des chemins d'éclair,
7.
Où des bêtes d'ennui bâillent à l'heure
8.
Dolente immensément, qui tinte à Westminster.
9.
Et ces quais infinis de lanternes fatales,
10.
Parques dont les fuseaux plongent aux profondeurs,
11.
Et ces marins noyés, sous des pétales
12.
De fleurs de boue où la flamme met des lueurs.
13.
Et ces châles et ces gestes de femmes soûles,
14.
Et ces alcools en lettres d'or jusques au toit,
15.
Et tout à coup la mort parmi ces foules,
16.
mon âme du soir, ce Londres noir qui traîne en toi !
Émile VERHAEREN, Les Soirs, « Londres ».
1.
Et ce Londres de fonte et de bronze, mon âme,
2.
Où des plaques de fer claquent sous des hangars,
3.
Où des voiles s'en vont, sans Notre-Dame
4.
Pour étoile, s'en vont, là-bas, vers les hasards.
5.
Gares de suie et de fumée, où du gaz pleure
6.
Ses spleens d'argent lointain vers des chemins d'éclair,
7.
Où des bêtes d'ennui bâillent à l'heure
8.
Dolente immensément, qui tinte à Westminster.
9.
Et ces quais infinis de lanternes fatales,
10.
Parques dont les fuseaux plongent aux profondeurs,
11.
Et ces marins noyés, sous des pétales
12.
De fleurs de boue où la flamme met des lueurs.
13.
Et ces châles et ces gestes de femmes soûles,
14.
Et ces alcools en lettres d'or jusques au toit,
15.
Et tout à coup la mort parmi ces foules,
16.
mon âme du soir, ce Londres noir qui traîne en toi !
Émile VERHAEREN : poète belge d'expression française, né en 1855 et mort en 1916.
Après ses études, Verhaeren se voue aux lettres.
Bien qu’il s s'installe comme
avocat stagiaire à Bruxelles, il fréquente des artistes et débute dans la critique d'art.
ses
premières poésies s’orientent vers le naturalisme.
Cependant, Verhaeren traverse une
grave crise spirituelle et donne des recueils d'une morbidité exaspérée et fiévreuse,
véritable « trilogie de la neurasthénie », avec Les Soirs (1887), Les Débâcles (1888) et Les
Flambeaux noirs (1889).
Il a voyagé en Espagne et en Allemagne et séjourné à Londres.
Puis, le poète se tourne résolument vers les problèmes contemporains et publie de
nombreux recueils dont Les Villes tentaculaires en 1895.
Dans les cinq recueils de Toute
la Flandre (1904-1911), Verhaeren exprime son amour pour le pays natal et ses éléments
: la plaine, le vent, les digues, le calme des petites villes flamandes...
Il meurt accidentellement en roulant sous un train à Rouen alors qu’il était venu y faire
une conférence, en 1916.
« Londres » poème publié dans Les Soirs, recueil publié en 1887.
« Londres » : poème composé de 4 quatrains.
- 16 alexandrins.
- Rimes croisées, du type ABAB.
- L’alternance entre rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et rimes
masculines est respectée.
- Poème qui peint la capitale anglaise dans laquelle le poète a séjourné.
Étude linéaire du poème.
Vous pourrez organiser votre commentaire à partir par exemple
de la problématique : comment le poète parvient-il à peindre, à rendre l’atmosphère de la
ville moderne, quelle image en donne-t-il ?
Strophe 1.
• « Et ce Londres ».
Poème qui débute par « Et » comme si le poète continuait une
énumération.
« Ce Londres » > déictique, comme s’il le montrait.
• « Mon âme » > le poète semble s’adresser à une personne chère (ou à lui-même).
•
« de
fonte
et
de
bronze » :
matériaux
de
construction
+
matière
plutôt
précieuse.
Connotation de solidité.
Ville désignée par les matières.
• Description de la ville.
Cf.
l’anaphore de « Où des ».
• « Où des plaques de fer claquent ».
Assonance en [a] et allitération en [k] et en [l] >
cela semble....
»
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