Encyclopédie de l'État du monde Algérie 1995-1996 Officialisation de la gestion militaire Aucune issue n'apparaissait à terme dans la guerre...
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Encyclopédie de l'État du monde
Algérie 1995-1996
Officialisation de la gestion militaire
Aucune issue n'apparaissait à terme dans la guerre civile algérienne, née de
l'arrêt du processus électoral en janvier 1992 et de la dissolution du Front
islamique du salut (FIS) qui avait suivi.
Mais si, sur le plan sécuritaire, la
situation ne semble guère avoir évolué en 1995-1996, militaires et groupes armés
islamistes se livrant toujours une implacable et sanglante guerre d'usure,
l'élection présidentielle du 16 novembre 1995, remportée par le président
sortant Liamine Zéroual a quelque peu changé la donne politique.
Elle a octroyé
aux militaires une "légitimité" que l'opposition légale, de même que l'ex-FIS,
n'a pas cherché à contester au lendemain du scrutin.
Pour la première fois de l'histoire d'après l'indépendance les militaires ont
ainsi officiellement pris la direction du pays (auparavant ils avaient
habilement ménagé les apparences).
Parallèlement à la gestion musclée du dossier
sécuritaire dont l'épine dorsale est demeurée la poursuite de l'"éradication
complète" du terrorisme et de l'idéologie islamistes, ils se sont attachés, dès
l'été 1995, à remodeler le paysage politique dans le cadre d'une transition
autoritaire, avec façade pluraliste entièrement gérée par leurs soins.
Ainsi, contre l'avis de la majorité des partis de l'opposition légale et
notamment du Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et du Front
des forces socialistes (FFS), qui estimaient que le retour à la paix devait
précéder toute démarche électorale et que, quel que fût le vote, seul passerait
le "poulain" des militaires, le pouvoir a décidé d'organiser, en novembre 1995,
le "premier scrutin présidentiel pluraliste" de l'histoire de cet État.
Ce
rendez-vous a cristallisé les clivages et les craintes des quatorze millions
d'électeurs.
L'armée a dû déployer d'importants moyens pour assurer le bon déroulement de la
très courte campagne électorale et surtout du scrutin lui-même, fixé au 16
novembre.
Mais les craintes des uns et le pessimisme des autres - les groupes
islamistes armés, notamment le plus radical d'entre eux, le GIA, avaient promis
que "l'urne se transformera[it] en cercueil" - se sont révélés vains.
Outre Liamine Zéroual, choisi par ses pairs, trois candidats ont été autorisés
par la nouvelle loi électorale, très contraignante, à postuler à la magistrature
suprême: Mahfoud Nahnah du Mouvement de la société islamique (MSI-Hamas,
présenté comme islamiste modéré), Saïd Sadi du Rassemblement pour la culture et
la démocratie (RCD, présenté comme moderniste) et Nourredine Boukrouh du Parti
du renouveau algérien (PRA, islamisant).
Malgré le boycottage des grandes
formations de l'opposition et l'exclusion de l'ex-Front islamique du salut (FIS)
de la course à la Présidence, les militaires ont réussi à construire, contre
vents et marées, la première étape de leur "échafaudage" constitutionnel.
Du pareil au même...
Si l'élection au premier tour de Liamine Zéroual (61,01 % des voix) ne faisait
de doute pour personne, le taux élevé de participation (75,69 %) a constitué une
surprise.
La presse locale a parlé de "vote pour la paix", un vote que le
pouvoir entendait bien faire fructifier à son seul avantage.
Dans son programme électoral, L.
Zéroual a prôné un "ordre national nouveau"
devant notamment promouvoir le "dialogue national" et "mettre un terme à la
violence criminelle".
Ainsi, six semaines après son élection, le 31 décembre
1995, a-t-il confié à Ahmed Ouyahia, son directeur de cabinet, le soin de former
un nouveau gouvernement avec pour mission de préparer des élections
législatives, de continuer les réformes économiques et, surtout, d'incarner la
"rupture" avec l'ancien système.
En dépit de la discrète entrée dans le
gouvernement d'"islamistes modérés" à des postes subalternes (deux membres du
MSI-Hamas et un dissident de l'ex-FIS), et d'une personnalité du PRA, le cabinet
de A.
Ouyahia se composait surtout des principaux membres du précédent
gouvernement de Mokdad Sifi.
Le président a conservé le ministère de la Défense
lui assurant la haute main sur l'appareil sécuritaire et lui évitant de trancher
dans les inévitables inimitiés entre les différents clans du sérail.
Mais, même
avec sa touche pluraliste, le nouveau gouvernement n'avait aucunement en charge
de définir la politique à suivre.
Il lui appartenait seulement d'appliquer celle
déterminée par les plus hautes sphères du pouvoir.
Et l'"embellie" dont
parlaient certains au lendemain de l'élection....
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