Encyclopédie de l'État du monde RFA 1983-1984 RFA. Une "république bananière"? Au début de l'année 1983, le chancelier Helmut Kohl,...
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Encyclopédie de l'État du monde
RFA 1983-1984
RFA.
Une "république bananière"?
Au début de l'année 1983, le chancelier Helmut Kohl, porté au pouvoir quelques
mois auparavant par la nouvelle coalition des députés chrétiens-démocrates et
libéraux (CDU et FDP), définissait ainsi ses objectifs: "Nous voulons répartir
équitablement les charges.
Nous avons toutes raisons d'être confiants, les
fondements moraux de l'existence de notre peuple étant ce qu'ils sont."
L'année des scandales
A la fin de cette même année, ces intentions s'étaient réalisées d'une manière
tout à fait singulière: la mise en oeuvre d'une politique d'austérité sans
précédent et deux immenses scandales, l'affaire Flick et l'affaire Kiessling, à
l'occasion desquels deux ministres, Otto Lambsdorff (FDP) et Manfred Wörner
(CDU) se trouvaient placés sur la sellette, donnaient la mesure des "fondements
moraux" auxquels faisait allusion le chancelier.
De la même façon, alors qu'au
début de son mandat, Helmut Kohl affirmait vouloir saisir "toutes les chances
d'un désarmement réel et contrôlé", il a été, en 1983, le premier avocat de
l'installation sur le sol de la RFA des Pershing II.
Sur le terrain des libertés
et de la protection sociale, longue est également la liste des promesses non
tenues: il était question de permettre à tous les jeunes qui le souhaitent
d'apprendre un métier ; mais le nombre de jeunes qui ont quitté l'école sans
formation a atteint en 1983 des sommets sans précédent ; le droit de manifester
a été remis en cause, les conditions de séjour des travailleurs immigrés se sont
aggravées, l'arsenal juridique visant à entraver l'avortement et le divorce a
été renforcé, pour ne rien dire des nouveaux obstacles auxquels vont se heurter
les objecteurs de conscience...
Il est néanmoins un point sur lequel les promesses du chancelier Kohl ont connu
un commencement de réalisation: le redémarrage de l'économie.
Mais l'envers de
la médaille d'un taux de croissance réel, qui a dépassé légèrement 1%, a été la
baisse réelle des revenus des salariés et l'accroissement de plus de 10% du taux
de productivité du travail.
Le taux de croissance du chômage a été freiné et
s'est stabilisé autour de 2,3 millions de personnes en moyenne pour 1983.
En dépit de ces difficultés, la "coalition du centre" regroupée autour de Helmut
Kohl a pu rassembler 55% des voix lors des élections législatives du 6 mars
1983.
Et il est significatif qu'au moment où la presse stigmatisait presque
unanimement l'attitude du chancelier lors du scandale Kiessling, quelques mois
plus tard, sa cote de popularité s'accroissait.
Mais avant même qu'il n'éclate,
un autre scandale faisait la "une" des journaux.
Semaine après semaine, le
Spiegel, le Stern, se sont attachés à démêler l'écheveau du plus grand scandale
immobilier qu'ait connu la RFA dans l'après-guerre: l'affaire Flick.
Le
ministère de l'Économie, dirigé par le comte Lambsdorff, y "trempait" largement.
Inculpé de corruption, le ministre, soutenu par le chancelier, n'a pas jugé bon,
du moins dans un premier temps, de démissionner (il devait le faire en juillet
1984).
"Des moeurs dignes d'une république bananière", commentait alors Otto
Wolf von Amerongen, l'un des patrons de l'industrie allemande.
C'est à la fin de l'année 1983 qu'éclate l'affaire Kiessling qui,
progressivement, se transforme en affaire Wörner et finit en affaire Kohl: le
général allemand le plus gradé de l'OTAN est accusé par son ministre de tutelle
d'homosexualité et contraint à partir en retraite anticipée.
Très vite, il
s'avère que la conviction du ministre de la Défense repose sur des rapports des
services secrets, eux-mêmes tissés de ragots incertains émanant du milieu des
prostitués masculins.
Le général se rebiffe, la presse découvre son "double"
homosexuel dont la vague ressemblance avec Kiessling a sans doute induit les
James Bond du MAD (Militärischer Abschirmdienst) en erreur.
Wörner doit faire
machine arrière, tandis que la presse le tourne en dérision.
Mais il ne
démissionne pas.
Plutôt que d'affronter le risque d'ouvrir une crise politique,
Kohl se contente de le blâmer modérément tout en réhabilitant solennellement
Kiessling.
A défaut de la morale, la coalition est sauve.
Une politique économique d'austérité
Le chancelier Kohl l'avait annoncé dès le début de l'année 1983: "Le redémarrage
de notre économie demandera du temps et des sacrifices." Les sacrifices, eux, ne
se sont pas fait attendre et la redistribution des ressources sociales a pris
des formes spectaculaires.
Selon un bilan provisoire dressé par les chercheurs
de l'université de Cologne, "l'amélioration des revenus" des entreprises s'est
élevée à 24 milliards de marks, la réduction des prestations de l'État à 26
milliards de marks, la réduction des revenus sociaux à 75 milliards de marks, la
réduction du revenu global de la population à 42 milliards de marks et
l'augmentation des charges des salariés à 42 milliards de marks...
Le nécessaire "tournant" dans les orientations économiques et sociales prôné par
les dirigeants chrétiens-démocrates a pris la forme d'une politique de rigueur
qui tient ses promesses: il faut, disait l'un d'entre eux,
Co
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