Entreprises et entrepreneurs 1. Les connaissances indispensables 1.1. Définitions 1.1.1. L'entreprise capitaliste: une forme de production originale «Microcosme capitaliste, institution...
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«
Entreprises
et entrepreneurs
1.
Les connaissances indispensables
1.1.
Définitions
1.1.1.
L'entreprise capitaliste: une forme de production originale
«Microcosme capitaliste, institution cardinale du capitalisme», selon une expres
sion de F.
Perroux, l'entreprise capitaliste est la forme dominante de l'unité
de production dans les économies capitalistes de marché.
Les mots «entre-
prise» et «entreprendre» émergent, en France, au xvne siècle, au moment du
basculement vers un nouveau système économique.
F.
Perroux précise le contenu de cette forme de production : «L'entreprise
est une forme de production par laquelle, au sein d'un même patrimoine, on
combine les prix des divers facteurs de production apportés par des agents
distincts du propriétaire de l'entreprise, en vue de vendre sur le marché un
bien ou des services, et pour obtenir un revenu monétaire qui résulte de la
différence entre deux séries de prix.»
Cette définition de l'entreprise, qui met en avant le critère du profit, ne
tient pas compte des relations sociales internes qui existent à l'intérieur de
l'entreprise entre les différents groupes de travailleurs ni de la réalité actuelle
des entreprises dans un contexte de mondialisation et de complexification
des sociétés.
1.1.2.
L'entreprise: une réalité multiple
Les entreprises se caractérisent par leur grande diversité et sont, généralement, classées selon le secteur d'activité (primaire, secondaire, tertiaire), le
statut juridique (entreprises publiques/privées, entreprises individuelles/
sociétés, sociétés de personnes/sociétés de capitaux) ou la taille souvent
mesurée par l'effectif salarié (moins de 10 salariés pour les petites entreprises,
de 10 à 499 pour les petites et moyennes entreprises, 500 et plus pour les
grandes entreprises, selon la classification de l'INSEE).
La «taille» de l'entreprise ne peut cependant se réduire au nombre de salariés : dans certaines
branches d'activité comme le conseil juridique, une entreprise de plus de
100 salariés est une grande entreprise.
C'est plutôt le pouvoir de l'entreprise
sur le marché qui permet d'apprécier la «taille».
La Confédération générale des petites et moyennes entreprises définit les
PME comme « celles qui sont exploitées par des patrons qui risquent dans
leur affaire leurs capitaux propres, qui exercent sur ces affaires une direction
administrative et technique effective et qui ont des contacts directs et permanents avec les salariés».
Cette définition qualitative exclut des PME les filiales
des groupes et insistent sur le rôle du «patron» dans la gestion et les relations
avec le personnel.
Au sein des Grandes entreprises, les formes organisationnelles ont évolué.
Ainsi, A.
Chandler (The visible Hand, 1977), étudiant l'évolution des grandes
entreprises américaines de la fin du xrxe siècle à la première moitié du
xxe siècle, identifie deux grandes formes organisationnelles :
la forme en U se présente comme un système fonctionnel et hiérarchisé,
basé sur une séparation verticale entre la direction générale et les unités
opérationnelles (production, vente, finance, recherche ...
);
- la forme multidimensionnelle ou en M, de plus en plus adoptée par les
grandes entreprises et les firmes multinationales, est plus souple et
favorise une plus grande flexibilité.
L'entreprise est divisée en unités
autonomes (produits ou zones géographiques), fonctionnant souvent
comme des centres de profit.
1.1.3.
L'entrepreneur : un acteur décisif interprétant un rôle
difficile à cerner
La place de l'entrepreneur dans le capitalisme de marché avait déjà été
identifiée par J.B.
Say.
C'est : «à l'entrepreneur de déplacer les ressources
économiques d'un niveau d'activité et de rendement à un niveau
supérieur».
Cette définition sera reprise et développée par J.
Schumpeter qui
fait de l'entrepreneur-innovateur le personnage central de la dynamique
économique.
Ainsi, le rôle de l'entrepreneur ne consiste pas uniquement à combiner les
facteurs de production en fonction de leurs prix et de l'état de la technologie,
ni seulement à «innover».
L'entrepreneur doit aujourd'hui disposer de
compétences scientifiques et techniques, son objectif principal consiste à
assurer la permanence de l'entreprise.
Il est de moins en moins une personne
identifiable.
Les décisions, au sein de l'entreprise, obéissent à des processus
complexes.
Le pouvoir du ou des entrepreneurs est limité par le contrôle des
actionnaires sur la gestion, par les réglementations de l'État, par celles d'institutions supranationales dans certains domaines comme le charbon ou
l'acier, par les contre-pouvoirs des syndicats.
1.2.
Indicateurs
1.2.1.
Indicateurs permettant d'apprécier la structure
de l'appareil productif
Le nombre d'entreprises, leur répartition par secteur d'activité, par
branche, par taille, par statut juridique permettent d'appréhender une dimension essentielle de la structure de l'appareil productif d'une économie nationale.
Ainsi, hors entreprises agricoles et financières, on compte, en France, au
1/1/1997, 2 353 milliers d'entreprises: près de 93 % de petites entreprises, 7%
environ de PME et moins de 1 % de grandes entreprises.
75 % de ces entreprises exercent leur activité dans le tertiaire (commerce, transports, hôtellerie,
services aux entreprises et aux ménages).
1.2.2.
Indicateurs permettant d'apprécier la concentration
de l'appareil productif
Il est possible d'apprécier la concentration des entreprises en utilisant des
indicateurs comme la courbe de Lorenz ou le coefficient de Gini.
À titre
d'exemple, notons la forte concentration de l'appareil productif français
puisque, dans les années quatre-vingt-dix, 25 % des entreprises ayant les
effectifs les plus élevés emploient 80 % des salariés, réalisent 80 % du chiffre
d'affaires, 95 % des exportations et 90 % des investissements.
Ces indicateurs facilitent les analyses comparatives entre PDEM.
1.3.
Grandes tendances
1.3.1.
La concentration des entreprises n'a pas fait disparaître
les PME
Dès la deuxième moitié du XIXe
s'amorce un processus de concentration
horizontale (développement de la production au même stade de production),
verticale (extension de l'activité en amont ou en aval du processus de production), conglomérale (diversification des productions) qui s'explique par la
volonté des firmes d'échapper à la concurrence, par l'évolution des
techniques de production et par l'élargissement de la taille du marché.
Les
entreprises peuvent accroître leur part de marché soit par croissance interne
par des investissements, l'introduction de nouveaux produits ou de
nouvelles technologies - soit par croissance externe - acquisitions de sociétés,
créations de filiales, prises de participation.
Ce processus de concentration a pris, au cours de la deuxième moitié du
x1xe siècle et de la première moitié du xxe siècle, des formes différentes selon
les pays : «trust» aux États-Unis, cartels et «Konzern» en Allemagne,
«zaibatsus» au Japon.
Cette structure de «groupes» a modifié profondément
la nature du capitalisme.
Au capitalisme atomistique ou concurrentiel
succède un capitalisme de « grandes unités» (F.
Perroux) ou un « capitalisme
gestionnaire» (A.
Chandler).
Même si les PME n'échappent pas aujourd'hui à cette concentration
(constitution de «réseaux» d'entreprises, accords de sous-traitance avec les
grandes entreprises), la concentration n'est pas une tendance inéluctable du
capitalisme.
D'une part, les branches ou secteurs où les barrières à l'entrée
sont peu élevées, où les économies d'échelle sont quasi inexistantes, échappent à la concentration.
D'autre part, le capitalisme de marché est un vaste
processus de «destruction créatrice».
Les créations d'entreprises accompagnent les innovations.
Par ailleurs, la liste des plus grandes entreprises
mondiales ou celle des grandes entreprises nationales a profondément évolué
depuis la fin du XIXe siècle.
1.3.2.
Un important mouvement de privatisations réduit la place
du secteur public depuis les années quatre-vingt
Si les entreprises privées représentent la forme juridique dominante des
entreprises dans les pays capitalistes, la création par l'État d'entreprises
publiques et la nationalisation d'entreprises privées ont été, à certaines
époques, un moyen d'amorcer le processus de croissance (cas du Japon au
début de l'ère Meiji) et d'orienter les ressources productives vers les secteurs
prioritaires.
D'autres arguments peuvent être développés pour justifier l' existence d'entreprises dont le capital est détenu en totalité ou en partie par
l'État : rôle contra-cyclique des investissements des entreprises publiques en
période de récession, existence de biens «collectifs>> et de «monopole
naturel», prise en charge d'entreprises déficitaires, possibilité de restructurer
l'appareil productif et de développer des projets à risque élevé.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, certains pays, comme la
France et la Grande-Bretagne, connaissent un mouvement important de nationalisations qui s'inscrit dans un projet dirigiste et vise à faciliter la reconstruction et la modernisation des économies.
Les entreprises nationalisées
ou
appartiennent aux secteurs clefs de l'économie : infrastructures,
crédit.
En Grande-Bretagne, la Banque d'Angleterre, les houillères, le gaz,
l'électricité, les transports, l'aviation civile sont nationalisés à partir de 1946.
Un
deuxième programme de nationalisations est mis en œuvre en France, en 1982.
Il doit permettre de mener une politique industrielle et sociale dont les entreprises nationalisées seront le «fer de lance«.
En 1985, le secteur public français
regroupe une centaine de groupes, contrôlant environ 2 500 filiales et
employant près de 2 millions de salariés.
Il réalise 35 % des investissements
productifs non agricoles, 20 % de la valeur ajoutée et 90 % des dépôts bancaires.
Nationalisations et privatisations en France de 1936 à 1997
Tableau 3
Nationalisations
1936
1944-1946
Privatisations
1982
1986-1988
-SNCF
- Houillères du
1- Compagnie
- Hotchkiss
Nord et du PasGénérale
- Saint-Gobain
- Sté des Torpilles de-Calais
d'Électricité
-CGE
-Matra
de Saint-Tropez -EDF-GDF
- Saint-Gobain
-Potez
-RATP
- Péchiney-Ugine- -Havas
-Air France
Kuhlman
-TF!
-Compagnie
- Rhône-Poulenc :- Paribas
- Thomson-Brandt;- Suez
générale....
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