Épictète 50-130 « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions tranchées qu'ils ont...

« Épictète 50-130 « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions tranchées qu'ils ont sur les choses.

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Manuel Éléments de biographie t Un ancien esclave Ce philosophe stoïcien, fils d'esclave, tire son nom du grec épiktétos qui signifie« acquis récemment,., Il fut en effet esclave au service d'un maître brutal, Épaphrodite.

On raconte qu'un jour, celui-ci lui cassa la jambe et qu'Épictète lui aurait juste dit« je t'avais bien dit que tu la casserais,., sans se plaindre davantage (d'où le sens de l'adjectif« stoïque,.), Toutefois, son maître, bien que cruel, permet à Épictète de suivre les cours du stoïcien Musonius Rufus qui inspirera sa philosophie. t la ltberté au service de la philosophie Affranchi, l'ancien esclave ouvre une école de philosophie à Rome.

Mais en 94, l'empereur Domitien expulse les philosophes de Rome et d'Italie. Réfugié en Épire, Épictète crée une nouvelle école. Son enseignement est uniquement oral : comme Socrate, il n'a rien écrit lui-même.

C'est son disciple Arrien, futur historien et brillant homme d'État romain, qui retranscrit ses leçons et nous livre sa pensée au travers du Manuel et des Entretiens. Thèses essentielles La vie du stoïcien est simple et modeste, il trouve la voie de la sagesse dans la résignation et l'abstinence, sources d'indifférence et d'affranchissement face aux passions aliénantes.

« Supporte et abstiens-toi », telle est la maxime qui semble caractériser au mieux l'attitude d'Epictète. t le sto'icisme Précisons ce qu'est le stoïcisme : une école de philosophie extrêmement vigoureuse qui perdurera près de six siècles.

Trois étapes marquent son histoire : le stoïcisme ancien, fondé par Zénon de Cittium (332 - 262 av.

J.-C.), aux IV" et me siècles av.

J.-C., le stoïcisme moyen aux ne et 1er siècles av.

J.-C., et enfin le stoïcisme impérial jusqu'au ne siècle apr.

J.-C., que représentent notamment Epictète et Marc Aurèle. Les philosophes du Portique (nom donné aux stoïciens en référence au lieu d'origine de la doctrine) enseignent et remanient successivement une doctrine morale visant le bonheur dans la sagesse fondée sur une conception rationnelle de la nature.

L'intuition commune aux divers représentants du stoïcisme consiste à penser que l'homme, en tant qu'être inscrit au sein de la nature, doit vivre conformément à la nature.

Modèle de sagesse, de maîtrise de soi, le stoïcisme influencera des penseurs comme Montaigne, Descartes ou encore Spinoza. t Un monde ordonné Dans la lignée du stoïcisme, tpictète considère le monde comme soumis à un ordre immuable, le destin, auquel nul ne peut se soustraire.

Fils de Dieu, Raison gouvernant le monde, l'homme ne peut changer le cours des choses (les circonstances matérielles, la maladie ...) mais reste cependant maître de lui-même. t Notre bonheur ne dépend que de nous La morale est le souci majeur du philosophe : la connaissance de la nature doit permettre de bien vivre.

Pour être heureux, nous dit tpictète, il convient d'abord de comprendre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas (voir texte ci-après). Et puisque ce qui relève de nos pensées, de nos jugements, de nos désirs et aversions est en notre pouvoir, puisque, de même, est de ce domaine ce qui a trait au bien ou au mal, le bonheur est en notre pouvoir.

Car ce sont nos représentations ou nos frustrations qui causent notre malheur. Dès lors, comprendre que nous avons le pouvoir de les modifier ou de les abolir, c'est aussi comprendre que notre bonheur.la tranquillité de notre âme (ataraxie), ne dépend que de nous.

Par exemple, « Ce qui, pour l'homme, est le principe de tous les maux et de sa bassesse d'âme et de sa lâcheté, ce n'est pas la mort, mais bien plutôt la crainte de la mort » (Entretiens). t La liberté affirmée du sage Cette distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas permet de comprendre comment, malgré l'existence d'un ordre implacable du monde, l'homme est absolument libre.

Car sa liberté ne consiste pas dans une supériorité illusoire sur la nature, mais dans une maîtrise de ses pensées. Puisqu'il est membre à part entière de la nature, partie du cosmos, l' homme doit apprendre à vivre conformément à cet ordre.

Ce n'est qu'en acceptant le cours des choses qu'il s'affranchit du malheur. Philosophie de la liberté, le stoïcisme est aussi une philosophie de la volonté. Le sage accepte pour ne pas souffrir, il doit s'efforcer d'être heureux:« Ne.... »