ÉPREUVE 2 Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, Limoges, Nantes, Orléans-Tours, Poitiers, Rennes Juin 1991 TEXTE 5 JO 15 20 25 30 Les...
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ÉPREUVE 2
Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand,
Limoges, Nantes, Orléans-Tours,
Poitiers, Rennes
Juin 1991
TEXTE
5
JO
15
20
25
30
Les nouvelles générations auraient les épaules chargées d'un
préjudice aussi affreux qu'inédit : l'incertitude de l'avenir.
Ces platitudes, tant de fois entendues, entretiennent une mystifi
cation à la fois déloyale et funeste.
À quoi sert-il de se lamenter sur
une sorte de fatalité que nos savants analystes s'appliquent à
décrire comme imparable et dont ils n'essaient par conséquent
jamais de nous délier ? Au contraire, ils semblent enliser à plaisir
la jeunesse dans son malheur.
La crainte de ne pas trouver
d'emploi, disent-ils avec le plus grand sérieux, dissuade les jeunes
de s'appliquer à leurs études; l'éventualité du divorce les empê
che de se marier.
Oui, sous ces banalités perce une équivoque
complicité.
En sciences humaines, les analyses ne sont jamais
neutres; elles prennent parti, quand elles ne prétendent que
décrire.
En expliquant la paresse par le découragement, nos raisonneurs
reproduisent et donc confortent le discours du paresseux, qui a
existé de tout temps : on est paresseux par tempérament, et non
pour avoir conclu à l'inutilité de l'effort.
Mais la crise aujourd'hui
fournit un prétexte honorable au fainéant qui s'abrite derrière sa
condition de victime.
L'absurdité de l'argument saute aux yeux.
Comme le chômage frappe surtout ceux qui sont dépourvus de
qualification professionnelle, il devrait plutôt stimuler ceux qui le
redoutent, et c'est probablement ce qu'il fait.
Les observateurs
seraient mieux avisés de donner des conseils d'énergie au lieu de
gémir vainement sur une fatalité dont ils affectent aussi
scandaleusement le mariage.
L'instabilité des unions, que l'on
sache, dépend au premier chef de ceux qui les dénouent.
C'est
sottise de l'évoquer sur le mode de la passivité, comme si les
couples n'étaient pas les mieux placés pour remédier à leurs
propres maux.
De fait, beaucoup vivent dans l'illusion que leur vie
amoureuse est subie, et non agie : on le leur dit, donc ils le disent.
Les discours actuels, commandés par le postulat que plus c'est
triste, plus c'est profond, commettent cependant deux erreurs, une
sur la jeunesse, l'autre sur l'avenir.
Interrogeons les adolescents sur ce qu'ils pensent du futur Nous
entendrons des réponses si variées qu'elles nous interdisent de
conclure à un défaitisme général : certains sont désespérés,
d'autres, plus nombreux, semble-t-il, témoignent d'une confiance
ingénue, beaucoup sont indifférents, ou n'y songent pas.
C'est
40 nous qui leur prêtons, avec cet effroi supposé, des réflexes de
vieux, qui ne leur ressemblent guère.
Croire en l'avenir, quand on a vingt ans, et croire....
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