ÉPREUVE 5 Amérique du Nord Juin 1991 TEXTE 5 10 15 20 25 30 35 Les magazines, le cinéma, la...
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ÉPREUVE 5
Amérique du Nord
Juin 1991
TEXTE
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Les magazines, le cinéma, la radio et surtout la télévision, relayant
et multipliant les rumeurs et les images des stades, des music
halls, sont en train de devenir les grands ordinateurs de la réussite.
Les triomphateurs de la compétition, ce ne sont plus ceux qui ont
d'abord le rang, l'ascendant culturel, la puissance ou l'argent et
qui en tirent prestige, mais, de plus en plus, ceux qui ont le statut
de vedettes.
De cette promotion découlent tous les succès, y
compris celui de la fortune.
Champions du sport, chanteurs en vogue, acteurs à la mode, ils
deviennent les véritables modèles à qui vont toutes les faveurs.
Sans doute les écrans petits et grands, les journaux illustrés font
ils quelque place aux grands noms de la politique, des arts, de la
littérature ou même de la science.
Mais, dans le cas des vedettes,
l'ordre des confirmations est inversé.
C'est parce qu'on a pu
parvenir sur le devant de la scène qu'on obtient une sorte de
passeport pour les voies où se récoltent tous les autres avantages
que la société peut accorder aux statuts prééminents.
( ...)
Le statut de vedette comporte d'autres caractéristiques qui le
rendent incomparable aux autres.
D'abord, il ne requiert aucun
titre préalable et semble arriver comme par magie.
Le spectateur
peut s'identifier à la vedette, car aucune barrière d'origine ou de
formation ne le sépare de son idole.
Sans doute faut-il souvent
beaucoup de talent et de travail pour réussir dans le «show
business».
Mais cela n'apparaît pas sur l'écran, et tout adolescent
peut imaginer que, si la chance lui sourit, la même ascension
foudroyante lui est promise.
À quoi bon de longues études ?
L'argent, la gloire sont à portée de la main.
Le vedettariat est d'ailleurs polyvalent.
Il confère la possibilité de
briller partout.
Le chanteur en renom devient acteur de cinéma, et
vice versa.
Tout individu touché par cette grâce sera appelé à
exprimer ses opinions sur les ondes, à parler de politique si cela lui
fait plaisir, à devenir conseiller patenté en tous genres.
Enfin, le trait le plus remarquable de cette nouvelle aristocratie,
c'est qu'elle ne suscite pas l'hostilité qui s'attache généralement
à la fortune.
Elle est en marge ou au-dessus de la lutte des classes,
absoute de tout péché à tel point qu'il est parfois de bon ton que
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le chanteur milliardaire se fasse le porte-drapeau du prolétariat et
de la révolte contre la société dont il est le premier privilégié.
Au
lieu d'être une tare, la richesse est ici facteur de popularité.
Les
chroniqueurs font état des villas somptueuses, des voitures de prix,
des cachets fabuleux pour stimuler la dévotion des admirateurs.
Est-ce à dire que les anciennes classes dominantes sont en train de
disparaître? Elles ont seulement quitté le devant de la scène, ou
n'y paraissent que secondairement.
En fait, les détenteurs du
pouvoir économique restent plus souvent dans l'ombre.
Cela n'est
pas sans conséquences, car leur statut cesse d'être prestigieux
pour devenir purement financier.
La haute bourgeoisie n'est plus
dès lors un modèle qui s'offre aux regards.
C'est peut-être une des
raisons pour lesquelles ses enfants en contestent la fonction
sociale.
Ainsi, la stratification n'est peut-être pas profondément modifiée
dans sa réalité, mais elle l'est dans le spectacle qu'elle donne.
Elle
ne paraît plus correspondre aux finalités et aux valeurs qui
pourraient la justifier, la rendre rationnelle.
D'autre part, quand la réussite semble être consacrée ou même
conférée par l'accès aux magazines et aux écrans, l'interprète
éclipse le créateur.
Bien mieux: on parle d'une chanson« créée»
par Hallyday et d'un film « de» Belmondo.
Celui qui compte,
c'est celui qu'on voit.
Ainsi, les valeurs esthétiques comme les
valeurs sociales sont conditionnées par les communications de
masse.
Cette évolution est-elle fatale, irréversible? Elle l'est sans doute
davantage dans la mesure où elle n'est pas décelée, repérée.
Elle
peut être freinée par une éducation du public, par un travail
démystificateur, et aussi peut-être par le reclassement des valeurs
que produit souvent la satiété ou la retombée des modes.
Jean Cazeneuve, La Vie dans la société moderne (1982).
Questions
1.
Résumé (8 points)
Vous résumerez le texte en 180 mots.
Une marge de 10 % en plus ou en moins est admise
Vous indiquerez, à la fin de votre résumé, le nombre de mots employés.
2.
Vocabulaire (2 points)
Vous expliquerez le sens, dans le texte, des deux expressions :
- « l'ascendant culturel » (I.
5) ;
- « un travail démystificateur» (I.
64-65).
3.
Discussion (10 points)
Considérez-vous comme légitime le statut que notre société de commu
nication accorde aux vedettes ?
PRÉLIMINAIRES
Le texte est clairement composé, quoique certaines articulations logiques
soient quelque peu masquées ou dévoilées après coup.
Le morcellement en
paragraphes courts peut aussi poser quelques problèmes de contraction.
■ Les mots-clés :
- statut: situation, condition, traitement réservé à...
- vedettes : peut-être conservé ; sinon stars, étoiles(dominante cinématographique et léger glissement de sens).
- spectacle : théâtre, apparences.
■ Plan du texte :
1.
Position du problème : les vedettes : un statut «différent» (§ 1 et 2).
2.
Caractéristiques de ce statut : magie, polyvalence, absence de ressenti
ment (§ 3 et 4).
3.
La hiérarchie sociale n'en est pas pour autant bouleversée,c'est seulement
une marque de la prééminence du spectaculaire dans notre société(§ 5 à 7).
4.
Conclusion partielle : évolution sans doute réversible (§ 8).
1.
RÉSUMÉ {8 points)
Notre époque voit un nombre grandissant de chanteurs, sportifs, acteurs, etc.
propulsés au premier rang de la notoriété par les médias.
Le succès de ce
nouveau genre d'aristocrates éclipse largement celui des célébrités tradi
tionnelles dont il diffère d'ailleurs de beaucoup.
En effet, les «vedettes» donnent l'illusion d'une réussite facile et quasi
miraculeuse qui peut faire rêver tout un chacun.
D'autre part, on leur re
connaît aussitôt des compétences dans les domaines les plus variés.
Enfin,
leur niveau de richesses, leur train de vie tapageur sont fort bien tolérés par
l'opinion publique, et redoublent encore l'admiration qu'on leur porte.
On les
autorise même à prendre la défense des pauvres, voire à les représenter!...
En fait, la hiérarchie sociale n'en est pas pour autant modifiée en profondeur,
puisque c'est toujours la....
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