ÉPREUVE12 Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz, Reims, Strasbourg Juin 1991 TEXTE Alexandre Dumas (1824-1895 ),fils de l' auteur des Trois...
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ÉPREUVE12
Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon,
Nancy-Metz, Reims, Strasbourg
Juin 1991
TEXTE
Alexandre Dumas (1824-1895 ),fils de l' auteur des Trois Mous
quetaires, fut, comme son père, un romancier et un auteur de
théâtre célèbre.
Au début d'un de ses romans, publié en 1866, il
raconte, en guise de préface, quelques souvenirs de ses années de
collège et fait le portrait d'un de ses camarades :
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Figurez-vous un petit homme de dix ans, déjà officiel dans toute
sa petite personne.
Coiffé à l'oiseau royal, avec deux larges
mèches collées sur les tempes, il affectait des airs sérieux qu'il
imitait évidemment de monsieur son père, dont il était une
réduction des plus ridicules et des plus comiques.
Ce jeune noble
répandait autour de lui l'odeur de sa noblesse toute neuve.
On la
voyait positivement reluire au soleil.
Très soigné dans sa mise,
serré dans son col comme un préfet en tournée, la tête droite, il
poussait la solennité jusqu'à la sentence, et la morgue jusqu'au
mépris.
En le voyant, on recomposait aisément toute sa famille;
on devinait de quel sot personnage il avait eu l'honneur de sortir
et on ne doutait plus de la carrière qu'il embrasserait : la haute
administration.
C'était une des mille nullités en herbe sur lesquelles la Restauration comptait pour l'avenir.
Je l'ai rencontré depuis cette époque.
Il servait le gouvernement de Juillet 0 >, auquel il s'étaitrallié, ainsi
que monsieur le comte son père, et je lui ai retrouvé le visage, la
voix et le maintien que je lui avais connus à l'âge de dix ans.
Une fois posées sur une cravate, ces têtes-là ne bougent plus.
La
cravate est invariablement noire ou blanche, la tête reste la même.
La coiffure a pris un certain pli, I' œil un certain regard, la bouche
une certaine ligne.
En voilà pour quatre-vingts ans.
La barbe est
rasée de si près et si souvent qu'elle finit par ne plus oser pousser.
Ces hommes-là en arrivent tout de suite à convaincre la société
qu'ils lui sont indispensables.
(l) Allusion à la Monarchie de Louis-Philippe qui succéda à celle de Charles X,
après la Révolution de Juillet de 1830.
L'aristocratie, légitimiste, se tenait plutôt
dans l'opposition.
Vous ferez de ce passage un commentaire composé, en montrant, par
exemple, comment Alexandre Dumas utilise ici le portrait au service de
la satire sociale et politique.
PLAN DÉTAILLÉ
Introduction
0.1.
Le portrait : temps fort dans le roman, passage obligé qui peut être
l'occasion d'une analyse psychologique ou sociale ou d'une satire politique.
0.2.
Alexandre Dumas fils, dans un de ses romans, paru en 1866 (L'Affaire
Clémenceau), nous présente une «nullité en herbe» ; il évoque un person
nage qu'il a connu tout enfant.
0.3.
Par quels moyens l'auteur a-t-il donné le sentiment d'une suffisance
creuse, d'un personnage profondément ridicule dès l'enfance ? Comment a 0
t-il intégré son indignation personnelle dans un portrait centré sur l'apparence
physique?
Première partie : humour sarcastique, commentaires satiriques
1.
Les notations empreintes d'un humour sarcastique
-une victoire dérisoire de l'artifice sur le naturel: la barbe qui «finit par ne plus
oser pousser» .
- «/'utilitê» sociale qui semble justifiée uniquement par des détails physiques
mineurs : «ces hommes là.......
qu'ils sont indispensables» .
-l'art d'établir des contrastes : «sot personnage/honneur de sortir; nullités/
pour l'avenir.
»
2.
Les commentaires satiriques de l'auteur sur
2.1.
La carrière «exemplaire» d'un opportuniste modèle : «il servait le gouver
nement de Juillet, auquel il s'était rallié, ainsi que monsieur le comte son père» .
2.2.
La nullité du personnage en accord avec un régime politique moqué
« on
ne doutait plus...
administration».
Deuxième partie : un adulte en réduction, un produit stéréotypé
Un adulte en réduction : «dont il était une réduction des plus ridicules et des
plus comiques» .
2.1.
Marqué par l'affectation: «déjà officiel», «il affectait des airs», «serré dans....
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