ÉPREUVE14 Amérique du Sud Septembre 1990 TEXTE Claudine, avec le temps tes grâces passeront, Ton jeune teint perdra sa pourpre...
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ÉPREUVE14
Amérique du Sud
Septembre 1990
TEXTE
Claudine, avec le temps tes grâces passeront,
Ton jeune teint perdra sa pourpre et son ivoire,
Le ciel qui te fit blonde un jour te verra noire,
Et, comme je languis, tes beaux yeux languiront.
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Ceux que tu traites mal te persécuteront,
Ils riront de l'orgueil qui t'en fait tant accroire,
Ils n'auront plus d'amour, tu n'auras plus de gloire,
Tu mourras, et mes vers jamais ne périront.
Ô cruelle à mes vœux ou plutôt à toi-même,
Veux-tu forcer des ans la puissance suprême,
Et te survivre encore au-delà du tombeau?
Que ta douceur m'oblige à faire ton image
Et les ans douteront qui parut le plus beau,
Ou mon esprit, ou ton visage.
Guillaume Colletet (1598-1659).
Vous présenterez de ce poème un commentaire composé, que vous
organiserez de façon à mettre en évidence ce qui en fait l'intérêt selon
vous.
Vous pourrez, par exemple, étudier sur quel ton et avec quels
moyens d'expression le poète unit les trois thèmes de l'amour, du temps
et de la poésie.
Éclairage littéraire
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On vous dit souvent que nul ne peut vous faire grief de votre ignorance d'un
auteur...surtout inconnu...
En voici un exemple typique !.
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En revanche, vous devriez immédiatement :
-faire le rapprochement avec le sonnet de Ronsard « Quand vous serez bien
vieille...
» qui offre une étonnante parenté de thème (G.
Colletet était d'ailleurs
un fervent lecteur de Ronsard auquel il a consacré une étude)
- vous reporter en esprit à deux sonnets de la même veine galante et
précieuse que Molière fait réciter l'un dans Les Précieuses ridicules, l'autre
dans Le Misanthrope ;
- songer aux stances, moins connues, que Corneille adressa à Marquise
(Recueil de Sercy, 1660):
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Un inventaire, de 30 à 45 mn, fait apparaître les thèmes qui pourront nous
servir pour I' architecture du devoir :
- un hommage à la jeune beauté de Claudine : vers 1, 2, 4 ; vers 13-14.
- un reproche sur son «orgueil», sa froideur.
- un avertissement sur le déclin de la beauté et les aléas de la vieillesse : vers
1 à 7.
- survie de la poésie au contraire : vers 8 ; vers 12 à 14.
- une invitation à l'amour : vers 9 et 12.
La difficulté essentielle, comme souvent pour un sonnet, est de ne pas
retomber dans l'explication linéaire, à laquelle nous invitent la structure même
du poème, la succession logique des thèmes.li faudra donc bien s'assurer
que les parties du commentaire ne calquent pas la linéarité du texte et réagir
en conséquence...
Introduction
L'amour, chose très simple et très compliquée, n'en finira pas, sans doute, de
se couler dans le moule et les modes de l'époque pour trouver une expression
qui charme ou étonne encore les lecteurs à venir.
Le temps n'est plus, par
exemple, où les poètes pouvaient espérer séduire leur belle par la promesse
de l'immortalité...
Mais, en plein xv11• siècle, au moment même où la géné
ration dite classique s'apprête à produire ses immortels chefs-d'œuvre, ce
thème demeure vivace, s'appuyant tout à la fois sur les apports lyriques
antérieurs, sur le code de l'amour précieux et sur l'effort de simplicité, de
dépouillement de la langue, commun à Malherbe et aux précieuses.
On le retrouve par exemple sous la plume de Guillaume Colletet dans un
poème sans titre adressé à une jeune «Claudine».
Nous découvrons un poème galant qui contient un hommage obligé et toute
une dialectique amoureuse; et c'est également un poème lyrique qui oppose,
au cœur.même du sonnet, puis offre de réconcilier, deux grands thèmes déjà
chantés par Ronsard et ses épigones.
Ces deux centres d'intérêt seront les
axes mêmes de notre commentaire.
Première partie
Il s'agit donc bien tout d'abord d'un poème galant qui contient en filigrane un
hommage à la jeune beauté de la destinatrice, cette «Claudine» sur le nom
de laquelle débute le premier vers ; l'élision du e muet final, ôtant à l'apos
trophe ce qu'elle aurait pu avoir de solennel, donne aux vers d'emblée le ton
d'une conversation familière, fidèle en cela à la technique de Ronsard, dont
l'auteur était d'ailleurs un fervent admirateur.
Au vers 2, l'accent rythmique est
bien mis sur «perdra», mais tout le reste du vers évoque les beautés de la
jeune fille avec des sonorités délicates et un tour imagé précieux sans excès :
« Ton jeune
teint /perdra/ sa pourpre et son ivoire»
On est loin des délires verbaux qui ont marqué par exemple le thème de «/a
belle matineuse».
Les traits physiques de Claudine réapparaissent à plu-
s'instaure à chaque fois avec un verbe au présent ; aux vers 7 et 8, c'est entre
deux verbes au futur que le balancement s'instaure, culminant au vers 8 dans
une opposition saisissante.
Quant à leur place dans le vers, place de choix à chaque fois mais qui n'est
jamais la même, elle témoigne aussi d'une recherche savante de la variété
fin du vers 1 pour «passeront", qui établit avec «grâces » une discrète
homophonie; centre du vers 2 pour «perdra", avertissement terrible ; « verra"
un peu estompé au vers 3, mais pour mettre en relief le curieux adjectif qui
«Le ciel qui te fit blonde un jour te verra noire"
suit :
On serait tenté....
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