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ÉPREUVE16 ÉPREUVE 16 Cambodge, Japon, Laos/Aix-Marseille, épreuve a_nticipée Juin 1978 TEXTE Cependant, la rivière s'était peu à peu couverte d'un...

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« ÉPREUVE16 ÉPREUVE 16 Cambodge, Japon, Laos/Aix-Marseille, épreuve a_nticipée Juin 1978 TEXTE Cependant, la rivière s'était peu à peu couverte d'un brouillard blanc très épais qui rampait-sur l'eau fort bas, de sorte que, en me dressant debout, je ne voyais plus le fleuve, ni mes pieds, ni mon bateau, mais j'apercevais seulement les pointes des roseaux, puis, plus loin, la plaine toute pâle de la lumière de la lune, avec de grandes taches noires qui montaient dans le ciel, formées par des groupes de peupliers d'Italie.

J'étais comme enseveli jusqu'à la ceinture dans une nappe de coton d'une blancheur singulière, et il me venait des imaginations fantastiques.

Je me figurais qu'on essayait de monter dans ma barque que je ne pouvais plus distinguer, et que la rivière, cachée par ce brouillard opaque, devait être pleine d'êtres étranges qui nageaient autour de moi.

J'éprouvais un malaise horrible, j'avais les tempes serrées, mon cœur battait à m'étouffer ; et, perdant la tête, je pensai à me sauver à la nage ; puis aussitôt cette idée me fit frissonner d'épouvante.

Je me vis, perdu, allant à l'aventure dans cette brume épaisse, me débattant au milieu des herbes et des roseaux que je ne pouvais éviter, râlant de peur, ne voyant pas la berge, ne retrouvant plus mon bateau, et il me semblait que je me sentirais tiré par les pieds tout au fond de cette eau noire. Guy de Maupassant, (1850-1893), « Sur l'eau», La Maison Tellier Vous ferez de ce texte un commentaire composé.

Vous pourrez, entre autres, y étudier l'art avec lequel le narrateur suggère l'angoisse et l'hallucination qui s'emparent de lui. ■ Deux termes de ce texte permettront de trouver une problématique, car le libellé ne l'indique pas clairement : « /a rivière » ; « râlant de peur».

En effet" angoisse et hallucination ", comme le suggère à juste titre le libellé, prennent leurs racines dans le décor où se trouve placé Maupassant, une " rivière [ ...

] peu à peu couverte d[e] brouillard"· ■ Ne pas se laisser influencer par la rédaction du libellé qui pourrait pousser l'élève à constituer un thème sur« l'art» ce qui serait séparer fond et forme : à éviter à tout prix.

Ne pas chercher non plus à faire un thème « angoisse» et un autre« hallucination ».

On tomberait à coup sûr dans des répétitions. 165 Plan schématique Introduction ■ ■ Conte paru dans le« Bulletin français " en 1876 sous le titre En Canot ; publié en 1881 sous son titre actuel dans La Maison Tellier ; puis regroupé avec Les Contes de la Peur, dont Le Horla. «J'aime l'eau d'une passion désordonnée», écrit Maupassant dans une de ses nouvelles : Amour. - Place qu'a tenue l'élément liquide dans la destinée et la pensée, dans l'œuvre du romancier ; - influence du milieu normand ; - amour de la vie libre ; - mais morne existence de fonctionnaire et besoin de défoulement que satisfait le canotage sur la Seine ; - aggravation de son état nerveux qui lui rend plus nécessaire la présence de l'eau et le calme qu'elle dégage (croisières sur le Bel-Ami) ; - mais Maupassant connaît aussi les vertiges de l'imagination et se trouve souvent la proie de peurs incontrôlables. Dégager les deux thèmes à partir de ces contradictions. ■ Premier thème : le décor Décor nocturne, aquatique.

Il est le moteur de toute la scène. Le moment : nuit, lune, montée du brouillard. Le lieu : instable, mouvant ; en bateau sur une rivière. 1.

Élément déterminant : le brouillard qui peu à peu enveloppe tout. a) Présent dans tout le texte ; revient à plusieurs reprises.

Brouillard blanc, très épais.

Conséquence : isolement du narrateur. « nappe de coton », « brouillard opaque », « brume épaisse » constituent un monde oppressant, donnent une sensation d'étouffement. Cette« nappe de coton" est la métaphore qui résume une sensation tactile de consistant et mou à la fois.

De plus, elle évoque l'image du linceul, · complétée par « enseveli». b) Ce brouillard épais est doté d'une vie, il est maléfique - «rampait» évo­ que un animal, un reptile.

Personnification inquiétante. La rivière elle aussi est animée : «cachée" elle« s'était couverte» ; et donne l'impression d'une volonté de tromper et d'une mouvance. c) Donc perte des points de repère : aveuglement progressif par la blancheur. Les notations visuelles sont niées : « ne voyait plus», «ni[.

..] ni{.

..} ni», ou diluées : « j'apercevais », « je ne pouvais plus distinguer». Ainsi, il se trouve pris entre deux masses palpables : eau-air. ■ ■ 2.

Ce qui est vu : un paysage effacé, imprécis, évanescent. L'ampleur de la phrase développe un tableau : lac de blancheur, où surna-. gent quelques éléments déterminés, comme isolés: « pointes » des roseaux, ,�taches» dont la nature n'est précisée qu'après coup, tels les« peupliers». Eléments naturels inquiétants. ■ 3.

Les contrastes de lumière Une longue phrase épouse le mouvement du regard, rythmée par des sonorités: labiales p et liquides I, r; avec des groupes de mots de plus en plus importants. a) Un tableau en blanc et noir : - pâleur sinistre, cadavérique ; plaine désolée, pâle lumière de la lune ; lumières blafardes: « pâleur singulière » - «taches» inquiétantes, « noires» dans le" ciel», et l'eau elle-même. b} Lignes qui s'opposent: plaine d'une part, lignes plus élancées (roseaux, peupliers) d'autre part. c) Ce qui est caché: des éléments personnels lui échappent. De plus silence, aucun bruit. Le paysage n'est donc plus familier, il échappe à la vue rationne/le; il est plein de mystère.

Les éléments rassurants (pieds-bateau-fleuve) sont niés, supplantés par les éléments naturels inquiétants. Notations à prolongements émotifs englobés dans un ensemble oratoire solidement charpenté. Tous ces éléments.... »

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