ÉPREUVE18 Amiens, Lille, Rouen, Créteil-Paris-Versailles Juin 1991 wi Eugène Ionesco écrit : «La littérature empêche les hommes d'être indifférents aux...
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«
ÉPREUVE18
Amiens, Lille, Rouen, Créteil-Paris-Versailles
Juin 1991
wi Eugène Ionesco écrit : «La littérature empêche les hommes
d'être indifférents aux hommes.»
Qu'en pensez-vous? Vous fonderez votre réflexion sur l'analyse d'exem
ples précis.
COMPRÉHENSION DU SUJET
À la différence du sujet précédent, il ne s'agit pas d'une condition indis
pensable pour la littérature mais simplement d'une de ses fonctions es
sentielles, de l'effet qu'elle peut avoir habituellement.
1.
Il s'agit de littérature, donc d'un mode d'expression relevant de l'art ;
sont résolument exclus les ouvrages purement informatifs : articles, témoi
gnages, livres d'histoire, etc.
2.
La formule de Ionesco est à la fois modeste et vaste : « La littérature
empêche les hommes d'être indifférents»; on ne saurait donc se limiter à
la littérature engagée ; toutes les relations interpersonnelles sont en
cause.
3.
Dans les exemples, ne pas en rester au contenu : il faut, certes, consi
dérer le thème de l'ouvrage, mais aussi les moyens, spécifiquement litté
raires, qui permettent à !'écrivain de se faire entendre.
4.
La question : «Qu'en pensez-vous?» implique une réflexion person
nelle.
On peut soit abonder dans le sens de l'auteur en ménageant une
progression dans les arguments, soit procéder de façon dialectique (cf.
le
corrigé).
5.
Ionesco ne prétend pas que la littérature ait le monopole de cette
fonction : il est donc vain de vouloir montrer que les médias, par exemple,
en font autant.
En revanche, on peut légitimement s'interroger sur les
autres fonctions de la littérature.
DÉVELOPPEMENT RÉDIGÉ
Introduction
L'écrivain qui se consacre à une œuvre littéraire s'interroge néces
sairement sur la fonction de la littérature.
De son côté, le lecteur est
amené à se poser la même question puisqu'on ne peut parler de toute
littérature en dehors de la lecture qui en est faite.
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indifférents aux hommes.
La « Très humble remontrance aux Inquisiteurs
d'Espagne et de Portugal» de Montesquieu (De l'esprit des fois, XXV, 13)
est un cri en faveur des juifs persécutés.
Par la rigueur de son raisonne
ment, la force de son émotion, Montesquieu suscite la révolte des lecteurs
à l'égard de ceux qui laissent l'intolérance œuvrer dans l'ombre.
De son
côté, Voltaire met sa «gaieté infernale» au service de la paix, par exemple
dans Candide : il secoue l'indifférence du lecteur à l'égard de malheurs qui
ne le touchent pas personnellement.
Cette tradition littéraire qui fait de la littérature une arme en faveur de la
solidarité entre les hommes ne s'est pas éteinte avec le xv111° siècle.
Au
x1x0 , Hugo et Zola témoignent en faveur des déshérités.
Hugo, par exem
ple, nous ouvre les yeux sur la condition des enfants qui «s'en vont tra
vailler quinze heures sous des meules» .
Ce combat fait partie de sa mis
sion : il est « l'écho sonore » de toutes les misères et sa conception de la
littérature rejoint celle de Ionesco.
Au xx0 siècle encore, des écrivains
comme Camus, Sartre et Malraux sont des militants.
Dans L'Étranger, Ca
mus a même réussi à nous sensibiliser à un homme qui justement paraît,
lui, indifférent aux hommes.
Nous en arrivons à....
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