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Espagne 1985-1986 Une démocratie ordinaire En 1985, année du dixième anniversaire de la mort de Franco, l'Espagne socialiste a achevé...

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« Espagne 1985-1986 Une démocratie ordinaire En 1985, année du dixième anniversaire de la mort de Franco, l'Espagne socialiste a achevé sa normalisation, c'est-à-dire sa mise aux normes occidentales: entrée dans la CEE, rapprochement avec la France, poursuite d'une politique de "réalisme" économique, coup d'arrêt au tiers-mondisme en politique étrangère et enfin, confirmation de l'option atlantiste.

L'Espagne modérée du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est devenue une démocratie pragmatique, sage, ordinaire. La signature, le 12 juin 1985, de l'accord d'adhésion à la communauté européenne a marqué solennellement le retour de la démocratie et la fin de l'isolement séculaire de l'Espagne.

Consécration de sept années de négociations houleuses, souhaitée à l'unanimité de la classe politique, cette adhésion, devenue effective en janvier 1986, a été vécue comme une grande victoire nationale. Économiquement, l'entrée dans la Communauté n'a fait que consacrer une réalité.

Depuis longtemps déjà, l'Espagne gravitait essentiellement autour de l'orbite européenne.

En 1984, les échanges hispanocommunautaires atteignaient 176 milliards de francs, soit la moitié du commerce extérieur de ce pays. Pour le gouvernement de Felipe Gonzalez, résolument libéral en matière économique, l'Europe est un stimulant capable de favoriser le développement et la modernisation.

C'est dans cette perspective qu'avait été engagée, en 1983, la restructuration industrielle.

En 1985, elle était considérée comme achevée.

Son coût social était lourd: 70 000 emplois perdus dans les branches les plus vétustes de l'industrie (chantiers navals, sidérurgie, chimie, textiles), mais elle permettait à ces secteurs d'affronter dans de moins mauvaises conditions la compétition européenne. Première conséquence de l'adhésion à la CEE: le rapprochement avec la France, après dix ans de méfiance et de malentendus.

Il a été scellé solennellement par un pacte d'amitié, signé en juillet 1985, à l'occasion de la visite du roi Juan Carlos à Paris.

Non seulement la France a cessé de se présenter comme un obstacle à l'intégration de l'Espagne dans l'Europe, mais elle a mis fin aux ergotages sur la collaboration à apporter à la lutte antiterroriste au Pays basque.

En mars 1986, pour la première fois, un tribunal français a jugé cinq membres de l'ETA pour crimes de droit commun et les a condamnés à des peines de prison.

Cependant, les séparatistes ont continué leurs attentats en 1985, mais leur action n'est plus regardée comme une menace pour la stabilité du pays, dans la mesure où l'opinion y est devenue indifférente. Référendum sur l'OTAN Seconde conséquence: une fois rassurés sur l'entrée effective de leur pays dans l'Europe, les socialistes espagnols, dont la "dérive atlantiste" avait été consacrée lors de leur trentième congrès, fin 1984, ont décidé de s'attaquer à la dernière manoeuvre de leur arrimage à l'Occident: l'OTAN.

Pour eux, c'était une gageure.

Comment tenir la promesse d'un référendum faite en 1982, mais en proposant aux électeurs le maintien de l'Espagne dans l'OTAN et non plus son retrait? Ce changement de doctrine a été à l'origine de la première crise gouvernementale depuis l'arrivée du PSOE au pouvoir en décembre 1982.

Elle est intervenue en juillet 1985: la victime en a été le ministre des Affaires étrangères, Fernando Moran, contraint de démissionner pour cause de fidélité à l'ancienne ligne anti-atlantiste du parti.

Felipe Gonzalez l'a remplacé par un social-démocrate, Francisco Fernandez Ordoñez, ancien ministre de l'équipe centriste d'Adolfo Suarez.

Cette affaire a agi comme un révélateur, l'aile gauche du PSOE rejoignant les manifestations pacifistes où se trouvaient déjà communistes, antinucléaires, syndicalistes et anarchistes. Quelques jours plus tard, c'était la "démission" du super-ministre de l'Économie et des Finances, Miguel Boyer.

Il était bien dans la ligne mais ses ambitions l'ont perdu.

Là encore on a vite tiré la morale de l'histoire: pas d'État dans l'État.

L'autorité demeurait entre les mains de Felipe Gonzalez et de son alter ego, le vice-président du gouvernement, Alfonso Guerra. file:///F/dissertations_pdf/0/451140.txt[15/09/2020 14:08:50] Il ne restait donc plus au chef du gouvernement qu'à convaincre les Espagnols de voter oui à l'OTAN.

La tâche était difficile car ils sont, dans leur majorité, neutralistes et antiaméricains.

L'absence de l'Espagne de tous les conflits internationaux du siècle, le soutien des États-Unis au régime franquiste et la présence, sur le sol national, de quatre bases américaines - 12 500 hommes - ont engendré un sentiment de méfiance envers les blocs et un refus farouche d'être impliqué dans un éventuel affrontement. D'où l'ambiguïté du choix proposé lors du référendum: maintenir le pays dans l'OTAN, dénucléarisé, sans participation au commandement intégré, avec à la clé une réduction possible de la présence américaine, ou un retrait de l'Organisation, mais accompagné d'un statu quo sur les bases américaines. Pour gagner la consultation - ce qui est vite devenu un enjeu personnel pour Felipe Gonzalez -, le gouvernement comptait sur l'appui promis par l'opposition de droite.

Mais la Coalition populaire de Manuel Fraga Iribarne - 102 députés sur 350 - était en pleine crise: malgré une maigre victoire aux élections locales de Galice, en novembre 1985, le parti demeurait prisonnier de ses nostalgies franquistes et n'avait aucune chance de progresser aux législatives d'octobre 1986.

Pensant réaliser une bonne opération politique, Fraga décida donc de retirer son soutien au "oui" et prôna.... »

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