Espagne 1991-1992 L'Expo et les Jeux Vers le milieu de l'année 1992, l'Espagne semblait avoir atteint son objectif: retrouver une...
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Espagne 1991-1992
L'Expo et les Jeux
Vers le milieu de l'année 1992, l'Espagne semblait avoir atteint son objectif: retrouver une place dans le
concert des dix ou quinze grandes nations de la planète.
La presse internationale lançait des éditions
spéciales pour célébrer le retour d'une nation qui, au XVIe siècle, avait été une superpuissance crainte et
enviée.
L'Espagne de 1992, ont unanimement souligné les commentateurs, a non seulement renoncé aux
prétentions impérialistes des Rois Catholiques Charles Quint et Philippe II, mais elle a également, avec
une modestie, une application et un réalisme remarquables, réussi sa sortie du sous-développement et de
la dictature.
Trois événements ont retenu l'attention internationale sur l'Espagne du roi Juan Carlos et de son Premier
ministre Felipe Gonzalez - l'Exposition universelle de Séville commémorant le cinquième centenaire de la
découverte de l'Amérique, les jeux Olympiques de Barcelone, et la désignation de Madrid, pour un an,
comme capitale culturelle européenne.
L'Espagne aura été à la mode.
Dans un article intitulé "La Furie
espagnole'' est arrivée", le quotidien français Le Monde s'est émerveillé du dynamisme des cadres
d'entreprises de la Péninsule.
Les hebdomadaires américains Time et Newsweek ont loué l'habileté avec
laquelle le roi et la classe politique ont fait passer leur pays de la dictature à la démocratie.
Le président
américain George Bush a félicité Felipe Gonzalez pour l'organisation, en octobre 1991 à Madrid, de la
séance d'ouverture de la Conférence de paix sur le Proche-Orient.
Enfin, la communauté juive a remercié
le monarque espagnol d'avoir demandé pardon pour l'expulsion, en 1492, de ses ancêtres séfarades.
La dépression après l'euphorie?
Pourtant, plus encore que la renaissance politique et économique de l'Espagne - limitée pour ce qui est de
cette dernière puisqu'elle n'est pas une vraie puissance industrielle et qu'elle semble se contenter de son
rôle de prestataire de services -, les observateurs étrangers ont salué sa vigueur culturelle, dont le
cinéaste Pedro Almodovar est devenu le symbole.
L'année de la commémoration du cinquième centenaire de la conquête du royaume musulman de
Grenade, de l'expulsion des juifs, de la découverte de l'Amérique par les caravelles de Christophe Colomb
a également été celle de l'aboutissement d'un gigantesque effort collectif de modernité commencé en
1975 avec la mort du dictateur Franco, et décuplé, en 1982, avec l'arrivée des socialistes au pouvoir.
Mais après l'euphorie pourrait venir la dépression.
L'opinion publique internationale, saturée d'information,
ne va-t-elle pas se désintéresser des affaires espagnoles? Les touristes ne vont-ils pas chercher d'autres
horizons? En effet, l'Espagne ne peut pas en absorber davantage et tout y est devenu trop cher pour la
médiocre qualité des services offerts - exception faite du soleil.
En outre, à la fièvre des bâtisseurs
d'immeubles privés et d'infrastructures publiques pourrait succéder le constat d'une sérieuse dégradation
de l'environnement.
Le jeune système politique espagnol a donné ses premiers signes de fatigue.
Le mot "corruption", associé
à la classe politique, est entré dans le langage courant.
La principale force d'opposition, le Parti populaire,
conservateur, l'a systématiquement utilisé pour dénoncer les socialistes.
Un nouveau scandale politicofinancier a secoué le pays: Mariano Rubio, président de la Banque d'Espagne et proche du pouvoir
socialiste, a été mêlé à l'"affaire Ibercorp", un présumé délit d'initié.
En 1991, des personnes bien placées
dans l'administration et le monde de la finance, dont deux anciens ministres de F.
Gonzalez, ont eu accès
à des informations confidentielles de la Banque d'Espagne sur une baisse imminente de la valeur des
actions de la Banque Ibercorp et ont vendu, à un bon prix, leurs participations dans cette banque.
Pourtant, selon les sondages, à la mi-1992, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) restait favori pour
les élections législatives prévues en 1993.
Après une décennie d'exercice du pouvoir, les socialistes
paraissaient moins usés que leurs homologues français.
Le PSOE semblait pouvoir perdre à cette occasion
la majorité absolue, mais avoir de fortes chances de rester la principale force politique.
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De son côté, le Parti populaire a semblé vouloir sortir de l'isolement où l'ont confiné les liens que ses
fondateurs avaient entretenus avec le franquisme.
Il a commencé à rencontrer un appui populaire, mais à
un rythme si lent que les socialistes ont ironisé sur ses possibilités de se présenter comme alternative de
gouvernement d'ici à la fin du millénaire.
Son nouveau leader, José María Aznar, s'est efforcé de gagner
des sympathies, mais son absence de charisme et la médiocrité de ses conseillers ont nui à ses ambitions.
"Refonte de l'État"?
Un vieux dinosaure ex-franquiste, Manuel Fraga, fondateur du Parti populaire et aujourd'hui président de
la Xunta de Galicia - le conseil régional de Galicie -, a lancé une bombe à retardement sur la scène
politique espagnole.
Il a proposé une "refonte de l'État", autrement dit que l'administration des régions
autonomes de la nouvelle Espagne démocratique se fasse sur le modèle d'un véritable État fédéral dans
lequel l'administration centrale n'exercerait plus que les fonctions liées à la Défense et aux Affaires
étrangères.
La proposition de M.
Fraga - paradoxale chez un homme qui, au temps de Franco, s'opposait à la moindre
concession en faveur des Catalans et des Basques - a suscité une irrépressible sympathie en Catalogne.
L'année 1992 a vu cette région prendre plus de distances vis-à-vis de l'État espagnol.
Les élections
générales du 15 mars ont redonné une confortable majorité (46,6% des voix) au nationalisme modéré du
président de la generalitat, Jordi Pujol, mais elles ont surtout été marquées par une avancée spectaculaire
(10,3% des voix) du parti indépendantiste Esquerra republicana de Catalunya (Gauche républicaine de
Catalogne).
Jordi Pujol a revendiqué davantage d'autonomie pour le gouvernement de la région la plus prospère et la
plus dynamique d'Espagne; une....
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