Espagne 1995-1996 Coalition inédite droite-autonomies Les élections législatives anticipées, fixées par Felipe González au 3 mars 1996 ont conduit à...
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Espagne 1995-1996
Coalition inédite droite-autonomies
Les élections législatives anticipées, fixées par Felipe González au 3 mars 1996 ont conduit à la victoire le
Parti populaire (PP, droite) de José-María Aznar.
Si ce résultat n'a pas créé la surprise, la victoire a été
courte à l'inverse de ce que prédisaient les sondages: le PP est passé pour la première fois devant le
PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) de F.
González, dans des élections législatives, mais avec un
avantage de 300 000 voix seulement (38,85 % des voix et 156 sièges au Parlement, contre 37,48 % des
voix et 141 sièges) sur son adversaire.
Lors des mêmes élections, le PP a obtenu la majorité absolue au
Sénat avec 132 de 256 sièges de sénateurs (111 élus par les urnes et 21 par les parlements autonomes).
En revanche, la majorité absolue au Parlement étant de 176 sièges (sur un total de 350), le PP ne pouvait
gouverner seul et le chef du gouvernement devait être investi avec le soutien d'une alliance de partis.
Les
seuls partenaires possibles étaient les partis nationalistes comme le Parti nationaliste basque (PNV) de
Xabier Arzallus ou la Coalition canarienne; parmi eux le seul mouvement que l'arithmétique rendait
indispensable était Convergence et Union (CiU), le parti catalan de Jordi Pujol (16 sièges au Parlement).
Cette situation a placé J.-M.
Aznar dans une position très délicate du fait même des thèmes et du
déroulement de la campagne électorale contre le PSOE.
Elle représentait cependant aussi une certaine
logique et pourrait se révéler une chance historique pour le pays.
Crispations de campagne
L'hégémonie du PSOE dans la vie politique espagnole - il était au pouvoir depuis décembre 1982 - était
menacée depuis le début des années quatre-vingt-dix.
Le pays a dès lors été en campagne électorale
quasi constante depuis 1993, campagne qui s'est nettement intensifiée à compter des élections
municipales et des autonomies de 1995.
Dès lors, les arguments excessifs et les amalgames n'ont pas
manqué.
C'est ainsi que le PSOE a sans cesse oeuvré pour assimiler le PP au franquisme, lui reprochant
d'avoir un programme "occulte" et diffusant dans la campagne officielle un film vidéo dans lequel J.-M.
Aznar apparaissait en noir et blanc, déformé, dans un paysage désolé.
De son côté J.-M.
Aznar a utilisé
tous les scandales récents touchant le PSOE et a centré sa critique sur le marchandage des intérêts
nationaux au profit de ceux des Catalans (défendus par CiU), auquel le chef du gouvernement avait été
contraint pour se maintenir au pouvoir, à partir de juin 1993.
La campagne du PP, notamment en Catalogne, a donc été très critique à l'égard du désir des Catalans de
se distinguer des autres autonomies, de la priorité accordée à leurs intérêts propres, notamment
financiers, et de la personne même de J.
Pujol.
La sanction semble bien en avoir été un score plus faible
que prévu dans la communauté.
Il paraissait dès lors particulièrement acrobatique pour les deux parties
de s'entendre après les élections, le PP prenant la place du PSOE, CiU conservant sa position d'arbitre et
Jordi Pujol sa situation parfois qualifiée de "vice-présidence".
Les critiques de la campagne ont moins porté sur l'autre allié du PSOE, à savoir le PNV.
Cependant,
l'actualité de l'année, dans laquelle le mouvement terroriste ETA (Euskadi ta Askatasuna, "le Pays basque
et sa liberté") a pris une place importante et sanglante, a contribué à mettre en avant une opposition
fondamentale entre le PP et le PNV sur ce sujet.
L'action de l'ETA et de la mouvance nationaliste basque
s'est en effet radicalisée en 1995-1996.
Le mouvement basque a mené tout d'abord une stratégie de
tension constante au Pays basque par le biais de destructions de symboles de l'État, d'attaques,
d'émeutes menées par des membres du mouvement Jarrai (mouvement de jeunesse d'Herri Batasuna
considéré comme la branche politique légale d'ETA).
Par ailleurs l'ETA a commis plusieurs assassinats de
personnalités respectées et notamment, le 14 février 1996, d'un grand professeur d'Université, juriste et
intellectuel espagnol, ancien président du Tribunal constitutionnel, Francisco Tomas y Valiente.
Cette
actualité crispée a fourni au PP des arguments pour soutenir sa condamnation de la politique basque du
PSOE en la matière, notamment des "réinsertions" de militants de l'ETA et des efforts de négociation avec
le mouvement.
De façon générale, la crispation de la vie politique et les blocages qui en avaient résulté ont sans....
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