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Espagne 2003-2004 L'onde de choc du 11 mars Le 11 mars 2004, à 7 h 39, dix bombes explosaient dans...

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« Espagne 2003-2004 L'onde de choc du 11 mars Le 11 mars 2004, à 7 h 39, dix bombes explosaient dans des trains de banlieue approchant de Madrid.

Le bilan de l’attaque terroriste la plus meurtrière qu’ait jamais connue l’Europe occidentale était de près de 200 morts et 2 000 blessés.

L’attentat a eu des répercussions profondes sur la vie politique espagnole, dont la première a été l'alternance inattendue consécutive aux élections législatives du 14 mars. L'attentat a, dans un premier mouvement assez partagé dans le pays, été attribué au mouvement basque d'action armée ETA (Euskadi ta askatasuna – «Le Pays basque et sa liberté»).

Mais, dans les quelques jours précédant le scrutin, les éléments de l'enquête se sont orientés vers la mouvance islamiste et ont finalement permis d'arrêter ou d'identifier les principaux auteurs de l'attentat comme étant liés au Groupe islamique combattant marocain (GICM), déjà impliqué dans les attentats de Casablanca, et supposé travailler pour le compte du réseau international Al-Qaeda.

Le gouvernement a cependant continué de soutenir par tous les moyens que l'ETA demeurait le principal suspect.

Le chef du gouvernement José Maria Aznar et sa formation, le Parti populaire (PP), ont dès lors été critiqués avec virulence par l'opposition et disqualifiés aux yeux d'une bonne partie de l'opinion.

L'attentat semblait une conséquence directe de l'engagement de l'Espagne aux côtés du président américain George W.

Bush dans la guerre en Irak et, à ce seul titre, mettait en péril la continuité du pouvoir du PP.

La tentative de manipulation de l'information qui est dès lors apparue clairement destinée à maintenir les chances de succès électoral n'a fait qu'amplifier le mouvement. «Télescopage» des terrorismes J.

M.

Aznar avait fait de la lutte contre l'ETA une de ses priorités absolues et c'est aussi pour ce motif qu'il était solidaire de la «guerre contre le terrorisme» des États-Unis.

Le «11 mars» illustre, au-delà de la manipulation gouvernementale, un «télescopage» des terrorismes.

Il est probable, tout d'abord, que l'attention portée au mouvement basque faisait du pays un maillon faible du point de vue du terrorisme international.

De ce fait, la réorganisation de la lutte antiterroriste sur le territoire espagnol devient une nécessité.

Par ailleurs, la réaction de l'ensemble des Espagnols à cet attentat est liée à une culture politique marquée par la coexistence de la démocratie et de l'ETA, ainsi que par le rejet, depuis la fin du franquisme, de la violence politique.

L'ampleur de la mobilisation au lendemain du «11 mars», avec entre 8 et 12 millions de manifestants, soit près du tiers de la population, est dans la continuité de celles qui faisaient suite aux attentats du mouvement basque depuis quelques années, et alliait dans sa condamnation tous les terrorismes. L’exonération du mouvement basque ne semblait d’ailleurs pas devoir améliorer sa perception dans la société espagnole.

Le malaise suscité par l’éventualité que l’attentat du 11 mars soit son œuvre a été particulièrement fort au Pays basque, contraignant l'ancien chef du parti Batasuna (vitrine politique de l'ETA, interdit depuis 2002) et finalement l’ETA à démentir et à condamner fermement cet acte.

L’attentat tout comme cette condamnation ont semblé rendre encore plus insupportables la poursuite de la lutte armée et sa justification, même implicite.

Malgré ces événements et malgré de nouvelles et très importantes arrestations et saisies d’armes en France en avril 2004 (187 arrestations avaient déjà eu lieu en 2003), l’ETA n’a pas fait la déclaration d’une trêve définitive. La disparition de l’organisation semble pourtant attendue au Pays basque, où le chef du gouvernement autonome, Juan José Ibarretxe, estime que le mouvement armé est un obstacle majeur à l'adoption du plan portant son nom et qui vise à réviser le statut actuel du Pays basque et à en faire un quasi-État associé à l’État espagnol.

Ce projet a cependant été rejeté par le PSOE (au pouvoir) comme il l’avait été par le PP, et le résultat des élections législatives au Pays basque a confirmé que la moitié des électeurs y votait pour les partis non nationalistes hostiles à ces propositions. Alors que les sondages accordaient une avance assez confortable au PP une semaine avant le scrutin législatif du 14 mars 2004, son chef de file Mariano Rajoy, désigné fin août puisque J.

M.

Aznar ne se représentait pas à un troisième mandat, n’a recueilli que 37,6 % des suffrages (148 sièges).

La majorité file:///F/dissertations_pdf/0/451180.txt[15/09/2020 14:08:53] sortante a été particulièrement délaissée en Catalogne, au Pays basque et en Andalousie, une évolution amorcée avant l'attentat et due notamment à sa radicalisation face aux nationalismes périphériques.

Le PSOE l’a nettement devancée avec 42,6 % des voix et 164 sièges.

Les socialistes ont bénéficié de la forte mobilisation de l'électorat (77,2 % de participation, soit sept points de plus qu’en mars 2000), qui répondait aux appels civiques lancés.... »

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