Est-ce un devoir de respecter la nature ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - On peut se demander,...
Extrait du document
«
Est-ce un devoir de respecter la nature ?
COUP DE POUCE
■ Analyse du sujet
- On peut se demander, en préparant la copie, depuis quand se mani
feste l'éventualité d'un tel devoir.
- Qu'implique ordinairement la notion de respect? Peut-elle concerner
une non-personne?
- S'il y a devoir, quel est le droit qui peut lui répondre? Dans la
conception classique d'une réciprocité des devoirs, que pourrait être un
devoir de la nature par rapport à l'homme?
■
Pièges à éviter
- Ne pas accumuler inutilement les références aux problèmes écolo
giques.
- Interroger à fond à qui profiterait un tel devoir : est-ce à la seule
nature?
- Ne pas hésiter à considérer que les conceptions juridiques tradition
nelles peuvent précisément être mises en cause par un tel questionnement.
CORRIGÉ
[Introduction]
Ce n'est, au mieux, que depuis quelques dizaines d'années, que les per
formances techniques de l'humanité semblent devenir authentiquement
inquiétantes.
Sans doute a-t-on conçu dès le XIX" siècle (cf le mythe de
Frankenstein ou certains textes de Jules Verne) que la technique avait
autant de mauvais que de bons côtés, mais c'était encore de manière fic
tive ou théorique.
Au XX" siècle, les nouvelles conquêtes de la science et
les possibilités techniques inédites qu'elles offrent sont peu à peu mises
en cause, dans la mesure où elles paraissent capables de détruire le milieu
même dans lequel l'homme doit vivre.
La nature n'est plus seulement
exploitée ou utilisée, elle commence à être sérieusement détruite.
Est-il
temps, dans ces conditions, de considérer que l'homme doit en venir à la
respecter? Un tel respect peut-il s'instaurer grâce à un devoir authen
tique? Ces concepts, dans nos habitudes de pensée, ne semblent pas si aisé
ment applicables à ce qui ne sauràit constituer une «personne», et c'est
pourquoi il peut être également nécessaire de commencer à les élargir.
[I.
La tradition d'exploitation]
Dans la mentalité occidentale, la nature est comprise comme un donné,
qu'il appartient à l'homme d'utiliser à son profit : c'est un ensemble de
matières premières et de sources 'd'énergie que la culture humaine peut
utiliser pour combler les besoins.
Par son travail et ses techniques,
l'homme ne se prive pas de retirer ce qui lui convient de la nature, et de
l'obliger à produire ce qui est nécessaire à sa propre survie.
On constate
ainsi que, au cours de !'Histoire, la culture humaine s'est montrée capable
de passer d'une exploitation «simple» - celle que l'on rencontre dès les
sociétés «primitives» ou traditionnelles par le biais de la chasse, de la
cueillette ou de la pêche - à une totale transformation du milieu premier,
effectuée de manière de plus en plus intense, grâce, non seulement à
l'agriculture et à la métallurgie, mais surtout à la découverte sans cesse
nouvelle de «richesses naturelles» (minerais, charbon, pétrole) et à la
mise au point d'énergies d� transformation qui finissent par déséquilibrer
totalement le milieu.
Pour Descartes, il ne s'agissait encore que de «jouir des fruits de la
nature», et l'homme n'était annoncé que «comme maître et possesseur
de la nature».
Il semble bien que, depuis le XVII° siècle, nous ayons oublié
le sens du «comme» et que la culture moderne, effectivement devenue
«maîtresse» de la nature, s'accorde à son égard tous les droits.
Ce mou
vement général d'appropriation caractérise la société occidentale, en tant
que technoscientifique : les «primitifs» se montrent en général plus sou
cieux de maintenir les équilibres initiaux, ou de ne pas les détériorer,
comme le montrent par exemple les rituels qu'ils accomplissent avant
d'entreprendre certains travaux (chasse, labours), où se manifeste le désir
de ne pas «choquer» les espèces ou l'environnement - ne serait-ce que
pour éviter des réactions trop agressives de leur part.
Qu'une telle mainmise sur le milieu soit typique de l'Occident n'est
peut-être pas si surprenant, si l'on pense que l'attitude scientifique qu'il a
privilégiée suppose l'objectivation du monde, c'est-à-dire sa déspirituali
sation (il n'en allait pas encore ainsi chez les Grecs, qui concevaient com
bien les techniques pouvaient être violentes - ce pourquoi ils attribuaient
leur découverte à des non-humains : c'est Prométhée qui ravit le feu, et
non un homme ordinaire): un univers ainsi privé de toute dimension spiri
tuelle est offert à une action qui peut se penser sans limitation.
[Il.
Pourquoi respecter la nature ?]
Les résultats de cette action sont désormais visibles, ou sensibles, et
provoquent une sorte de prise de conscience.
On n'en finit plus, très quo
tidiennement, de déplorer la pollution, les méfaits de l'effet de serre, le
rejet dans l'atmosphère des fumées et autres déchets de l'industrie, la
transformation des océans en une gigantesque poubelle, l'extinction de
certaines espèces animales, etc.
L'homme se trouve donc mis en accusa
tion globalement (même si l'on en profite au passage pour oublier que le
responsable est surtout l'homme occidental, tel que son modèle se diffuse
désormais sur tous les continents).
La rupture des équilibres naturels fait
affleurer des problèmes écologiques multiples.
Mais les agressions contre le milieu se complètent désormais de nou
velles possibilités d'action sur l'homme lui-même, qui apparaît, sinon
transformable à merci, du moins susceptible de ne plus se définir tradi
tionnellement, dès lors que l'on évoque le clonage, le repérage prénatal
de malformations ou d'insuffisances graves, l'éventualité de pratiquer un
eugénisme à fondement «scientifique», etc.
Il ne s'agit plus seulement,
dans de telles conditions, de....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓