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États-Unis 1994-1995 Débâcle électorale pour Bill Clinton L'année 1994 devait être celle des grandes réformes. Elle avait débuté sous de...

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« États-Unis 1994-1995 Débâcle électorale pour Bill Clinton L'année 1994 devait être celle des grandes réformes.

Elle avait débuté sous de bons auspices pour le président Bill Clinton: l'économie américaine avait renoué avec la croissance, et, fort d'une série de succès politiques, en particulier concernant l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), il avait entamé l'année avec 60% d'opinions favorables.

Pourtant, au fil des mois, sa popularité ne cessait de s'effriter et, lors des élections du 8 novembre, 43% seulement des Américains se déclaraient encore satisfaits de son action (46% de mécontents). Alors même que les doutes et polémiques sur la question du "tempérament" du président et de son aptitude à gouverner, qui étaient apparus lors des élections présidentielles de 1992, commençaient à s'effacer, des accusations et révélations en série sont venues à nouveau souligner sa vulnérabilité.

Les "affaires" - tant le scandale politico-immobilier Whitewater que les escapades extraconjugales de B. Clinton ou les spéculations boursières de son épouse - n'ont cessé de dominer les grands titres de la presse, éclipsant les quelques succès dont le président aurait pu se prévaloir.

L'opinion publique a ainsi semblé ne vouloir retenir que les événements négatifs, tels l'échec du projet de réforme du système de santé, qui devait être la grande réalisation législative de l'Administration Clinton, et qui, bien que vidé de sa substance par une succession d'amendements, n'a pas, faute de soutien politique, été soumis à un vote; ou le retrait peu glorieux des troupes américaines de Somalie en mars 1994.

L'image de "Bill le Fuyant" (slick Willie), celle d'un politicien calculateur et opportuniste, sans envergure ni convictions, a continué à coller à la peau du chef de l'État. Virage à droite ou signal de fort mécontentement? La défaite des candidats du Parti démocrate aux élections du 8 novembre (mid term) était largement annoncée, mais son ampleur a surpris.

Les républicains allaient désormais disposer de 53 sièges sur 100 au Sénat, et de 230 sièges sur 435 à la Chambre des représentants devenant, pour la première fois depuis quarante ans, majoritaires à la Chambre des représentants et retrouvant par ailleurs la majorité perdue en 1986 - au Sénat.

Un raz de marée comparable a été observé pour l'élection des gouverneurs: onze démocrates sortants ont été battus et sept des huit États les plus peuplés allaient désormais être aux mains des républicains.

Tous les "sortants" républicains (gouverneurs, sénateurs, membres de la Chambre des représentants) ont été réélus, alors que plusieurs ténors démocrates, dont Mario Cuomo, gouverneur de l'État de New York, et Tom Foley, président sortant de la Chambre des représentants, étaient battus.

Par ailleurs, dès le lendemain des élections, une série de défections démocrates se sont produites, profitant aux républicains. Les nouveaux élus, comparés à leurs prédécesseurs plus jeunes, sont apparus en général plus riches et plus conservateurs, en particulier parmi les républicains.

Paradoxalement, en effet, les démocrates élus ou réélus étaient le plus souvent classés plus à gauche, tandis que la droite du parti était en général balayée par la vague républicaine.

Cela allait encore compliquer la tâche du président, les principaux dirigeants démocrates au sein de la Chambre des représentants - tels le nouveau chef de file Richard Gephardt et son adjoint David Bonior - appartenant désormais à l'aile "libérale" (au sens américain, c'està-dire progressiste) du parti. Le président a été tenu pour responsable de la débâcle, y compris dans son propre camp.

Déjà, à la veille des élections, de nombreux candidats démocrates s'étaient écartés de lui, certains allant même jusqu'à lui demander de s'abstenir de se montrer dans leurs circonscriptions, craignant qu'il ne leur fasse perdre des voix...

Les "démocrates traditionnels" lui ont reproché d'avoir trahi le parti.

A vouloir gouverner au centre - alors qu'il avait fait campagne en 1992 sur le thème du changement -, il s'est aliéné les composantes les plus dynamiques et les mieux organisées de la "coalition démocrate" (syndicats, groupes ethniques, écologistes, minorités culturelles).

Les militants ont été déçus de voir le président courtiser ceux - les milieux d'affaires par exemple - qui allaient de toute manière voter républicain.

Même le Democratic Leadership Council, groupement centriste que B.

Clinton avait naguère présidé, s'est acharné contre lui. Son président Dave McCurdy, membre de la Chambre des représentants battu dans l'Oklahoma, a imputé file:///F/dissertations_pdf/0/451047.txt[15/09/2020 14:08:42] sa défaite aux louvoiements du chef de l'État: "Le président a bien le cerveau à droite, mais son coeur est toujours à gauche.

S'il continue à gouverner ainsi, il ne sera plus qu'une ``figure de transition'' au sein du Parti démocrate." Au lendemain du raz de marée républicain, B.

Clinton a fait son mea culpa.

Il a dit accepter "sa part de responsabilité" dans la défaite des démocrates, et a promis de donner suite au "message clair" des électeurs. Croissance économique et réduction du pouvoir d'achat Le verdict des urnes a donné lieu à des explications très divergentes.

Certains y ont vu un véritable séisme politique marquant un clair virage à droite de l'électorat, tandis que pour d'autres, il ne s'est agi que d'un "mouvement d'humeur" dépourvu de sens idéologique.

Ces élections n'en ont pas moins démenti un axiome jusque-là toujours vérifié, voulant que de bons chiffres de croissance et de chômage garantissent la reconduction du mandat du parti au pouvoir. Sur ce plan, le bilan des deux premières années de l'administration Clinton a pu apparaître nettement positif: près de 6 millions de nouveaux emplois ont été créés, et la croissance s'est poursuivie, à un rythme annuel de 3,9%.

Tous les autres indicateurs économiques traditionnels ont également été positifs: inflation maîtrisée à 2,7%; déficits budgétaires en baisse sensible; taux d'intérêt maintenus bas (malgré six augmentations de taux de la Réserve fédérale - banque centrale - en 1994); productivité des entreprises en amélioration; exportations battant tous les records (+10,2%). Ces chiffres masquaient pourtant une réalité plus ambiguë.

L'économie a eu beau croître et le chômage décliner, la majorité de la population n'en a pas ressenti les effets.

Malgré les bénéfices records des entreprises (en hausse de 40% en 1994 par rapport à l'année précédente), le pouvoir d'achat moyen a baissé pour la quatrième année consécutive.

Et malgré les statistiques sur l'emploi, les salariés se sont plus fortement inquiétés pour leur avenir.

Les emplois créés ont surtout été des "petits boulots", précaires et sans couverture sociale, les grandes entreprises, comme atteintes d'anorexie, justifiant leurs réductions d'effectifs par l'âpreté de la concurrence internationale.

Ce qui séduit les marchés financiers ne réussit donc pas forcément à convaincre les salariés.

Ainsi, en février 1994, a-t-on pu voir Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale, déclarer que "jamais de mémoire récente l'économie ne s'était aussi bien portée" alors même qu'un sondage révélait que pour 57% des Américains l'économie était toujours en récession. Les grandes mutations économiques attribuées aux avancées technologiques et à la globalisation de l'économie sont apparues nourrir un sentiment diffus d'inquiétude (crainte de déclassement) et une recherche de boucs émissaires: immigrés et catégories perçues comme bénéficiaires d'un État-providence devant, de toute urgence, être démantelé. La promesse essentielle du "contrat pour l'Amérique", l'engagement solennel pris par tous les candidats républicains à la Chambre des représentants, a en effet été d'introduire au cours des cent premiers jours de leur mandat dix réformes jugées essentielles (27 septembre).

Le projet, d'inspiration très reaganienne, reposait sur une promesse de réduction des impôts, de suppression de programmes fédéraux, d'augmentation des dépenses militaires, et surtout de combat en faveur des "valeurs traditionnelles" famille, travail, religion; des promesses claires, mais des détails flous ou peu convaincants, et des chiffres souvent fantaisistes.

La Chambre a pourtant tenu parole en soumettant les dix propositions à un vote. Dans neuf cas sur dix, elles ont été approuvées (seul le.... »

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