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« États-Unis 1995-1996 Les fausses manoeuvres des républicains Au lendemain du séisme électoral de novembre 1994 (au cours duquel le Parti républicain avait pris, pour la première fois depuis quarante ans, le contrôle des deux chambres du Congrès), le président Bill Clinton (Parti démocrate) semblait devoir assister en spectateur impuissant à la mise en oeuvre de la "révolution conservatrice" annoncée par la nouvelle majorité. Pendant les premiers mois de 1995, c'est en effet Newt Gingrich, speaker (président) de la Chambre des représentants et homme fort de la cohabitation, qui a dominé l'actualité.

Tenant leurs promesses électorales, ses troupes de choc ont soumis à un vote (au cours des "cent jours" suivant leur entrée en fonction) les dix propositions de leur Contrat avec l'Amérique. B.

Clinton a, pendant cette période, été superbement ignoré par les médias.

S'adressant un jour à des journalistes, il a eu besoin de leur rappeler qu'il comptait toujours ("I am still relevant").

Le lendemain même, le 19 avril 1995, l'explosion d'un immeuble fédéral à Oklahoma City, causant la mort de 176 personnes, a provoqué un premier retournement de situation. Les limites du discours populiste Pour de nombreux Américains, cette tragédie n'était pas sans lien avec les excès d'un discours politique cultivant le ressentiment à l'égard de Washington.

Les suspects appartenaient en effet à une nébuleuse de milices de citoyens estimant que le gouvernement fédéral constituait une menace pour les droits et les libertés des "citoyens ordinaires".

En 1993, l'affaire "Waco", au cours de laquelle des agents du Bureau des alcools, tabacs et armes à feu (ATF) du département du Trésor avaient donné l'assaut, après un siège de deux mois, à une secte d'extrémistes antigouvernementaux menés par David Koresh, faisant 86 morts, dont 17 enfants, avait, selon eux apporté la preuve irréfutable des noirs desseins du gouvernement. De brûlots en homélies incendiaires, un discours haineux et paranoïaque, n'avait cessé de dénoncer une "conspiration internationale", dont le gouvernement fédéral se serait fait l'instrument contre le peuple et les idéaux américains.

La bombe d'Oklahoma City, qui a explosé deux ans jour pour jour après l'assaut de Waco, ainsi que les révélations sur les "milices de citoyens" ont ainsi mis en relief tant les dangers de dérive du discours républicain que l'importance du combat livré dès son arrivée au pouvoir par B.

Clinton contre la National Rifle Association (NRA), lobby des armes à feu.

La tragédie a, par ailleurs, permis au président de "mener" le deuil et de s'imposer, dans un rare climat d'émotion collective, comme sym-bole de l'unité nationale.

Dans une série de discours moralisateurs et rassurants, il a retrouvé les accents du prêcheur et a ainsi lentement remonté dans les sondages, avec l'espoir de redevenir maître du jeu politique en vue d'une réélection en novembre 1996. Sur le plan stratégique, le président a suivi les recommandations de son conseiller Dick Morris (un républicain à qui il devait une première résurrection politique du temps où il était gouverneur de l'Arkansas), adoptant une méthode dite de "triangulation".

En se plaçant à l'écart des deux extrêmes, les républicains les plus durs et les "libéraux" (au sens américain de "progressiste"), le président a pu se dissocier des deux camps et apparaître comme le grand rassembleur, voire comme l'ultime recours contre les excès républicains. En réalité, le président était déjà converti aux thèses républicaines (priorité au retour forcé à l'équilibre budgétaire, nécessité d'une réforme en profondeur de la protection sociale et réduction des impôts).

"Le temps du tout-État big government est passé", a-t-il proclamé dans son discours sur l'état de l'Union en 1996.

Dans un grand nombre de domaines, il n'a eu de cesse de "voler" aux républicains leurs principaux chevaux de bataille.

Il s'est fait le chantre des valeurs traditionnelles (travail, famille, religion) et s'est lancé dans la surenchère sécuritaire.

Il s'est également rallié aux thèses de l'opposition en matière d'affirmative action (élimination des avantages conférés aux minorités) et de ralentissement de l'immigration.

Quant à son épouse Hillary, jadis la cible des conservateurs, elle a gardé profil bas, ne se file:///F/dissertations_pdf/0/451048.txt[15/09/2020 14:08:42] manifestant qu'à de rares occasions. Le coût du programme de réductions budgétaires Habile tacticien, B.

Clinton a laissé l'opposition, qui ne demandait qu'à monopoliser la scène politique, prendre les devants.

Il a certes accepté le principe d'équilibrer le budget - tout en réduisant les impôts! à l'horizon 2002, mais quant à savoir où trouver les quelque 1 400 milliards de dollars d'économies (en moyenne 200 milliards de dollars par an sur sept ans), il a passé la main aux républicains.

C'est là que N. Gingrich et ses hussards ont fait le faux pas attendu, préconisant la fermeture pure et simple des ministères du Commerce, de l'Énergie et de l'Éducation, la réduction drastique de l'aide sociale, l'élimination de centaines de programmes fédéraux allant de l'aide aux agriculteurs aux subventions aux milieux d'affaires, etc. Plus grave, les républicains ont promis de tailler dans ces avantages acquis que les Américains nomment entitlements (prestations que le gouvernement s'était engagé à fournir aux citoyens), en particulier dans les programmes Medicare (assurance maladie des personnes âgées) et Medicaid (aide aux plus démunis). En théorie, le programme républicain - moins d'État et moins d'impôts - pouvait séduire, dans la pratique il ne pouvait qu'inquiéter. Le président était dès lors en mesure de se présenter comme le défenseur des nombreuses catégories qui allaient souffrir des réductions budgétaires.

Pendant que les républicains parlaient de coupes claires, le président promettait de préserver les acquis sociaux, et d'offrir une plus grande sécurité en matière d'éducation et de santé.

Au Contrat avec l'Amérique des républicains, il a opposé sa Charte des classes moyennes.

Prenant à témoin les différents groupes qui s'inquiétaient du programme républicain (anciens combattants, retraités, fermiers, enseignants, élus locaux, artistes, voire certains milieux d'affaires), il a "affirmé sa différence".

En somme, face aux excès "révolutionnaires" de l'opposition, qui avait voulu aller trop vite, trop loin, le président faisait figure d'homme d'État responsable. Ce faisant - miracle de la "triangulation" -, B.

Clinton s'est rappelé au bon souvenir de l'aile gauche du Parti démocrate, qui ne l'avait jamais considéré comme l'un des siens.

Intervenant sur des sujets aussi divers que l'avortement, les droits des consommateurs ou la question des homosexuels dans l'armée, il a montré qu'il pouvait à l'occasion déroger à sa politique conservatrice.

Souvent d'ailleurs, il a utilisé les symboles de la Présidence pour affirmer la continuité entre sa politique et celle de ses prédécesseurs démocrates. "État de grâce" Ainsi, le 5 décembre 1995, il a utilisé, pour signer le rejet du projet de budget que venait de lui envoyer le Congrès, le stylo utilisé trente ans plus tôt par Lyndon Johnson pour signer la loi instituant l'assurance médicale pour les pauvres et les personnes âgées, l'une des grandes réformes de la "Grande Société" (Great Society). A deux reprises, en octobre et décembre 1995, les deux camps n'arrivant pas à s'entendre sur le budget, l'État a dû "fermer": 800 000 fonctionnaires considérés comme non essentiels à la sécurité du pays sont restés chez eux, d'abord une semaine, puis trois, car le gouvernement n'avait plus l'autorité de les payer. Selon les sondages, la majorité des Américains jugeait que le président avait raison de tenir bon face à l'obstruction du Congrès. Fort de ses victoires politiques, le président a ainsi entamé la campagne des élections présidentielles de novembre 1996 avec le bénéfice d'un véritable état de grâce.

Sa popularité était au plus haut, tandis que N.

Gingrich battait des records d'impopularité, et que Bob Dole, le leader de la majorité républicaine au Sénat, affrontait des primaires difficiles qui allaient nuire à son image.

Soumis aux attaques répétées du populiste Pat Buchanan et à un torrent de publicités négatives du milliardaire Steve Forbes - qui a personnellement investi 30 millions de dollars pour financer une campagne axée sur la flat tax (taux d'imposition unique de 17 % sur tous les niveaux de revenus) -, B.

Dole est arrivé largement en tête dans la bataille pour la nomination, mais néanmoins affaibli avec un parti divisé. file:///F/dissertations_pdf/0/451048.txt[15/09/2020 14:08:42] B.

Clinton, lui, a obtenu l'investiture de son parti sans livrer bataille, car aucun ténor démocrate n'avait voulu le défier.

Il jouissait ainsi d'un certain nombre d'avantages: contrairement à son challenger républicain, il n'avait pas eu à entamer son précieux "trésor de guerre" électoral, et, durant toute la saison des primaires, il pouvait se placer au-dessus de la mêlée, entretenant l'image du chef de l'État. Sur la scène internationale, le président Clinton avait commencé à trouver ses marques, réaffirmant l'hégémonie américaine au sein du nouvel ordre mondial et resserrant ses liens personnels avec les dirigeants étrangers.

Là encore,.... »

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