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États-Unis 1996-1997 "Recentrage" à droite Le 5 novembre 1996, les États-Unis ont réélu un président démocrate et reconduit un Congrès...

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« États-Unis 1996-1997 "Recentrage" à droite Le 5 novembre 1996, les États-Unis ont réélu un président démocrate et reconduit un Congrès républicain.

Si la réélection de Bill Clinton, avec 50 % des voix contre 41 % à son challenger républicain Bob Dole, était prévue, le maintien de la majorité républicaine dans les deux chambres du Congrès (comme cela était déjà le cas depuis deux ans) a quelque peu surpris, et donné lieu à des interprétations divergentes.

Pour certains analystes, la multiplication des scandales a empêché en dernière minute un raz de marée démocrate.

Pour d'autres, les électeurs ont tout simplement plébiscité, sinon la "cohabitation" des deux dernières années, du moins le principe de la séparation des pouvoirs voulue par les Pères fondateurs. Pour B.

Clinton, l'élection a marqué le triomphe du "centre vital" - un "centre" qui s'est certes déplacé vers la droite - et surtout le rejet des ailes radicales des deux bords.

Aussitôt réélu, il a déclaré: "Il est temps de mettre la politique de côté et de travailler ensemble pour l'avenir de l'Amérique." Newt Gingrich, speaker (président) de la Chambre des représentants, reconduit dans ses fonctions mais affaibli par une impopularité grandissante et par un scandale politique (lié à la collecte de fonds à des fins politiques sous couvert d'activités éducatives exonérées d'impôt), a répliqué: "Il n'y a pas de raison qu'on ne trouve pas de terrain d'entente." Des réformes bien modestes Si le premier président démocrate réélu depuis Franklin D.

Roosevelt doit marquer l'histoire, ce ne sera vraisemblablement pas par l'ambition de ses programmes.

D'une part, les ressources financières manquent.

B.

Clinton s'est en effet engagé à mettre fin au déficit budgétaire d'ici à l'an 2002 (l'accord final a été signé le 2 mai 1997).

D'autre part, échaudé par l'échec retentissant de son ambitieux projet de réforme du système de santé en 1993, il a semblé ne plus vouloir prendre de risques.

Les indicateurs macroéconomiques ont continué à bien se tenir: le taux de croissance du dernier trimestre 1996 a été de 5,6 %, alors que le taux de chômage se voyait réduit à moins de 5 %, ce qui n'était pas arrivé depuis plus de deux décennies, même si les emplois créés étaient souvent précaires et mal rémunérés.

Les marchés financiers, sur fond d'euphorie, sont, quant à eux, restés nerveux. Dans ces conditions, l'agenda de la politique intérieure de B.

Clinton ne pouvait être que limité: corriger les excès nés de la réforme de l'aide sociale - quelques semaines avant sa réélection, le président a signé une loi draconienne introduite par les républicains -, remédier aux carences du système éducatif, et surtout conforter le moralisme ambiant.

Les "grandes initiatives" - testées auprès du public par les organismes de sondage de la Maison-Blanche puis savamment médiatisées - seront donc fort modestes. Il s'agit par exemple de généraliser l'accès au premier cycle de l'enseignement supérieur par des incitations fiscales, de connecter chaque école à Internet, d'interdire la vente de cigarettes aux moins de dix-huit ans, ou de suggérer l'adoption d'uniformes dans les écoles publiques.

Ces initiatives portent sur des thèmes qui plaisent à la majorité de la population et présentent l'image d'un président rassembleur et qui, en "préparant le pays à affronter les défis du XXIe siècle", sait se situer au-dessus de la mêlée. Lors de sa seconde prestation de serment en janvier 1997, le président jouissait d'une popularité frôlant les 60 %.

Mais ce solide capital politique a été progressivement entamé par d'incessantes révélations, qui ont fini par ternir sa réputation.

L'affaire Whitewater - un sombre scandale politico-immobilier remontant au temps où B.

Clinton était gouverneur de l'Arkansas - a continué d'apporter son lot de révélations, et les spéculations quant à l'issue de l'enquête du procureur spécial Kenneth Starr n'ont pas cessé, la possibilité d'une mise en examen de Hillary Clinton, l'épouse du président, n'étant toujours pas exclue. Quant à l'accusation de harcèlement sexuel portée par Paula Jones, une jeune employée de l'État de l'Arkansas sous le mandat de B.

Clinton, la Cour suprême a décidé que la justice pouvait se prononcer sans attendre la fin du mandat du président. Le scandale des financements politiques illicites file:///F/dissertations_pdf/0/451049.txt[15/09/2020 14:08:42] Les révélations les plus embarrassantes ont cependant eu trait à des affaires de financement politique versements destinés au Parti démocrate, à la campagne présidentielle et au fonds de défense de B. Clinton; ainsi la victoire du président apparaissait-elle non sans lien avec un fund-raising aussi judicieux qu'obsessionnel.

On a d'abord appris que de nombreux étrangers utilisaient des prête-noms et des sociétés-écrans pour injecter des fonds.

Par ailleurs, les patrons des plus grandes banques américaines étaient venus à la Maison-Blanche, en compagnie de leur régulateur de tutelle, faire part de leurs doléances.

Pis, parmi les généreux donateurs rendant visite au président se trouvaient parfois des personnages peu recommandables (trafiquants d'armes, repris de justice, etc.).

Quiconque déboursait plus de 750 000 dollars (4 millions de francs) au bénéfice du Parti démocrate était convié à passer la nuit à la Maison-Blanche, dans la chambre à coucher de Lincoln.

Enfin, il a été révélé que des gouvernements étrangers, asiatiques en particulier, avaient cherché à influencer la politique américaine en contrepartie de leur obole.

De là à accuser l'Administration de mettre la politique aux enchères, il n'y avait qu'un pas, vite franchi par ses opposants les plus farouches. Le président s'est défendu en expliquant que les failles de la législation en matière de financements politiques invitait aux abus, et que le Parti républicain n'était pas en reste dans sa quête de fonds.

La débauche financière des démocrates avait vu le jour au lendemain de leur déroute aux élections de 1994. Il fallait dès lors, face au bulldozer républicain, bâtir un trésor de guerre dans la perspective des présidentielles de 1996.

Le Parti démocrate assurait en outre qu'aussitôt découvertes, les contributions illégales avaient toutes été renvoyées à leurs donateurs.

Bien entendu, aucune donation n'aurait jamais été liée à des faveurs politiques.

Ces affaires n'en ont pas moins compliqué la conduite de la politique étrangère du pays. Une diplomatie hésitante Dans le domaine diplomatique, le second mandat de B.

Clinton semblait devoir être celui de l'élaboration d'une politique étrangère cohérente et bipartisane.

Le renouvellement de l'équipe diplomatique avait tout pour plaire à la majorité républicaine du Congrès.

Le nouveau secrétaire à la Défense William Cohen était lui-même un sénateur républicain sortant, atout considérable à une époque où des mesures drastiques (fermeture de bases militaires, réductions des effectifs, commandes d'équipements reposant sur des technologies nouvelles) devaient recevoir l'aval du Congrès.

Madeleine Albright, nouveau secrétaire d'État, ancien ambassadeur auprès de l'ONU, est appréciée de Jesse Helms, président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de ce fait en position de pouvoir bloquer le fonctionnement de la diplomatie américaine. Dans ses fonctions d'ambassadeur américain auprès de l'ONU (1993-1996), celle-ci s'est distinguée par son acharnement contre le secrétaire général de l'organisation, Boutros Boutros-Ghali.

Seuls les ÉtatsUnis s'étaient opposés à la reconduction de son mandat.

Officiellement, le diplomate égyptien n'aurait pas été en mesure de mener à bien les réformes nécessaires, en particulier la réduction des dépenses de l'ONU.

Les véritables raisons étaient en réalité directement liées à la campagne présidentielle.

L'ONU a toujours eu ses détracteurs au Congrès, ce qui explique notamment le retard de Washington à régler une contribution dont les arriérés dépassaient en 1997 1,5 milliard de dollars.

Robert Dole et le Parti républicain en avaient fait un thème de campagne, jugeant inadmissible que des soldats américains soient placés sous commandement onusien.

En prouvant sa détermination à se débarrasser de B. Boutros-Ghali, l'administration Clinton a pris de vitesse les républicains.

Le 13 décembre 1996, B. Boutros-Ghali a été remplacé par Kofi Annan, un Ghanéen perçu comme plus "docile" vis-à-vis de Washington. L'affaire.... »

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