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États-Unis 1997-1998 L'année Lewinsky En janvier 1998, Bill Clinton se trouvait au sommet de sa popularité. Sa politique, reposant jusque-là...

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« États-Unis 1997-1998 L'année Lewinsky En janvier 1998, Bill Clinton se trouvait au sommet de sa popularité.

Sa politique, reposant jusque-là sur son pragmatisme, sinon son opportunisme, semblait trouver une certaine cohérence, le " clintonisme " pouvant se définir par la rigueur budgétaire, la maîtrise de la mondialisation et sa mise au service des intérêts américains, et surtout par un conservatisme tempéré d'une dimension sociale. Jamais, de mémoire récente, l'économie ne s'était si bien portée : un taux de croissance de 5 % pour le premier trimestre 1998 (3,8 % en 1997), un taux de chômage tombé à 4,7 %, son niveau le plus bas depuis 1970, une inflation toujours maîtrisée (1,7 %), des marchés boursiers volant de record en record. Et surtout, pour la première fois depuis trente ans, le budget était annoncé comme devant être excédentaire pour l'exercice 1999 (surplus cumulé de 135,9 milliards de dollars à l'horizon 2002). Le président a précisé lors de son discours sur l'état de l'Union que cet excédent budgétaire serait " exclusivement " utilisé pour sauver le système de retraites de la Sécurité sociale, menacé de banqueroute avec la sortie prochaine du monde du travail de la génération des baby-boomers.

Mais la bonne tenue de l'économie devrait permettre de consacrer également plus d'attention à des problèmes éducatifs et sociaux jusque-là négligés.

D'où les initiatives les plus hardies prises depuis l'échec du programme de réforme du système de santé de 1993.

Elles ont concerné le domaine de l'éducation (29 milliards de dollars pour la construction d'écoles et l'embauche de 100 000 enseignants supplémentaires), la protection de l'enfance (21,7 milliards pour l'aide aux familles et l'ouverture de crèches), la santé (25 milliards pour la recherche contre le cancer et l'extension du programme fédéral d'assurance médicale Medicare aux jeunes retraités), l'environnement (6 milliards de dollars pour les travaux sur l'effet de serre), le revenu des travailleurs (augmentation du salaire minimum) et l'immigration (restauration des bons de nourriture). Posture délicate pour le président C'est donc sur fond d'euphorie qu'a éclaté le plus grand scandale de l'administration Clinton : le 21 janvier 1998, la presse révélait que le procureur spécial Kenneth Starr s'intéressait à Monica Lewinsky, une exstagiaire de la Maison-Blanche, âgée de 24 ans, qui pendant un an et demi aurait eu une liaison avec le président.

La possible inculpation de B.

Clinton pour faux témoignage et subornation de témoin a bouleversé pendant plusieurs jours le monde politique américain, amenant éditorialistes et experts à spéculer sur la probabilité d'une procédure de destitution (impeachment) du président, voire même d'une démission. Pendant le grand déballage médiatique qui a suivi les premières révélations, la Maison-Blanche avait des allures de bunker.

Le président opposait un mur de silence aux questions sur l'" affaire " et ne cessait de rappeler les succès de sa présidence et l'importance de poursuivre sa mission " dans l'intérêt du peuple américain ". Après la publication d'une série de sondages qui confirmaient le soutien de l'opinion publique à B.

Clinton, la dynamique politique s'est inversée.

Le dernier carré des fidèles rappelé pour organiser la contreoffensive, Clinton a alors " déclaré la guerre à Kenneth Starr ", pour reprendre l'expression de James Carville, l'un des conseillers de B.

Clinton.

La " première dame des États-Unis " est apparue à la télévision pour déclarer que le président était " victime d'un vaste complot de droite ".

Robert Bennett, l'avocat du président, a fustigé une " instruction incontrôlée qui est devenue une arme entre les mains de forces décidées à détruire la Présidence ", et s'en est pris aux médias qui " présent[aient] rumeurs, commérages et calomnies comme autant de faits pour condamner le président ".

Les accusations contre le procureur n'ont alors cessé de pleuvoir : il était lié à des organisations ultra-conservatrices qui avaient toujours contesté la légitimité du président ; il avait continué d'être l'avocat de clients, y compris les grandes compagnies de cigarettes, en conflit ouvert avec B.

Clinton ; il avait même un temps offert ses services à Paula Jones (ancienne employée de l'État de l'Arkansas dont la plainte contre le président pour harcèlement sexuel a été renvoyée en appel). file:///F/dissertations_pdf/0/451050.txt[15/09/2020 14:08:42] Par la suite, la politique intérieure américaine a vécu au rythme de cette guerre que se livraient, par médias interposés, la Maison-Blanche et le procureur indépendant.

Si le président a dans un premier temps remporté la bataille de l'opinion publique - la majorité des Américains considérant que le procureur a poussé trop loin son investigation -, K.

Starr a marqué des points sur le terrain judiciaire.

Le procureur, qui a affirmé s'être heurté avec les Clinton à un " schéma récurrent de mensonges, d'esquives et d'obstruction de la justice " et à une " loi du silence " qui l'a empêché d'aboutir dans ses enquêtes sur ce qu'il estime être des " indices crédibles de crimes sérieux ", disposait d'atouts considérables. Le spectre de la destitution Nommé en 1994 pour enquêter sur l'affaire Whitewater (l'imbroglio politico-financier lié aux investissements immobiliers du couple Clinton dans l'Arkansas du temps où B.

Clinton en était le gouverneur), K.

Starr avait considérablement étendu son investigation.

Son statut " indépendant " confère à un tel procureur un pouvoir considérable.

La définition de sa mission est en effet du ressort de trois juges fédéraux, sur recommandation de l'Attorney General (ministre de la Justice) ; doté de services et d'un budget propres, il peut recourir à l'assistance des services fédéraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) et demander aux juges l'autorisation de procéder à toutes les saisies de documents nécessaires à son enquête. Fort de cette puissance, K.

Starr avait déjà traîné des centaines de personnes - dont Hillary Clinton et plusieurs adjoints du président - devant sa chambre de mise en accusation (Grand Jury) et fait condamner cinq proches de B.

Clinton.

Disposant de moyens financiers et humains illimités, le temps ne pouvait que jouer en sa faveur.

Une fois son enquête terminée, des accusations de " trahison, corruption ou autres crimes et actes délictueux " pouvaient théoriquement déclencher une procédure de destitution. L'acte d'accusation est préparé par la Chambre des représentants, et doit être approuvé par.... »

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