États-Unis 2001-2002 Nouveau positionnement sur la scène mondiale Les attentats-suicides du 11 septembre 2001 perpétrés en détournant et en «crashant»...
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États-Unis 2001-2002
Nouveau positionnement sur la scène mondiale
Les attentats-suicides du 11 septembre 2001 perpétrés en détournant et en «crashant» des avions de
ligne contre les tours jumelles du World Trade Center (New York) et contre le Pentagone (Washington)
ont entraîné le pays dans une «guerre d'un genre nouveau» contre un ennemi insaisissable.
Au choc des
attentats, qui ont fait 3 000 morts, s'est ajoutée la mystérieuse apparition de bacilles du charbon dans le
courrier de dirigeants politiques, de vedettes des médias et de simples citoyens.
Le 5 octobre, ces bacilles
causaient un premier décès (il y en eut cinq autres avant la fin de l'année).
Les alertes à répétition, ainsi
que les évacuations presque quotidiennes d'immeubles ou d'aéroports ont entretenu un climat de panique
et réveillé le spectre d'attaques inédites - bactériologiques, chimiques ou même nucléaires.
C'est dans ce
climat que les dirigeants américains ont pris des mesures modifiant profondément le paysage politique
intérieur et les rapports de l'Amérique avec le reste de la planète.
Annihiler l'«axe du mal»
La lutte contre le terrorisme est ainsi devenue la priorité essentielle du gouvernement.
Une vaste
campagne militaire engagée contre l'Afghanistan, dès le 7 octobre 2001, a mis fin au régime des taliban,
même si elle n'a permis ni de «capturer mort ou vif» l'ordonnateur présumé des attentats, Oussama ben
Laden, ni de mettre fin à la menace présentée par les réseaux islamistes Al-Qaeda.
En effet, au cours des
mois suivants, un certain nombre de tentatives d'attentats ont été déjouées.
Cette campagne fut
néanmoins présentée par les médias et par la classe politique comme un éclatant succès.
Cela favorisa la
montée en flèche au sein de l'Administration des «faucons» - tels le secrétaire à la Défense, Donald
Rumsfeld, son adjoint Paul Wolfowitz, théoricien de l'unilatéralisme, et la directrice du Conseil de Sécurité
nationale, Condoleezza Rice - qui souhaitaient étendre l'aire géographique de la guerre, et en particulier
attaquer, aussitôt que possible, l'Irak.
Les modérés - comme le secrétaire d'État Colin Powell - se sont retrouvés isolés dans un climat très
favorable tant au manichéisme qu'à l'unilatéralisme guerrier.
L'Amérique évoluait vers une nouvelle
doctrine stratégique, formellement présentée le 1er juin par le président George W.
Bush dans un
discours prononcé à l'école militaire de West Point : l'Amérique ne se contenterait plus de répondre à des
attaques, elle s'arrogeait désormais le droit de frapper à titre préventif tout «État voyou» (rogue state)
qui pourrait menacer l'ordre mondial.
L'adhésion du président aux thèses des «faucons» est apparue clairement dans son discours sur l'état de
l'Union (29 janvier 2002), lorsqu'il évoqua le besoin de vaincre un «axe du mal» réunissant l'Irak, l'Iran et
la Corée du Nord, trois pays fort différents.
L'Iran, vieil ennemi de l'Irak et des taliban, avait pourtant fait
preuve depuis le 11 septembre d'une neutralité bienveillante, et la nouvelle politique américaine ne
pouvait qu'embarrasser les modérés de la République islamique qui œuvraient pour la normalisation des
rapports avec les États-Unis.
Quant à la Corée du Nord, sa mise au ban des nations a soulevé l'inquiétude
de la Corée du Sud ainsi que des autres pays de la région, qui misaient sur l'apaisement des tensions
dans la péninsule coréenne.
Les rapports de Washington avec Cuba ont connu un même raidissement.
Après la visite officielle de
l'ancien président Jimmy Carter (1977-1981) dans l'île, le président Bush - dont le frère Jeb cherchait à
être réélu au poste de gouverneur de la Floride, laquelle compte une population cubaine à la fois
puissante et farouchement anticastriste - a réaffirmé le 20 mai 2002 que la détente n'était pas à l'ordre
du jour : l'embargo ne serait levé qu'à condition que le régime cubain organise des élections
parlementaires libres en 2003, qu'il relâche les prisonniers politiques, qu'il autorise l'avènement d'une
opposition politique et qu'il effectue des réformes économiques.
L'engagement militaire des États-Unis
s'est, par ailleurs, étendu à de nouvelles régions, avec le déploiement de conseillers militaires dans une
dizaine de pays (dont les Philippines, la Géorgie ou le Yémen), afin de les «aider» dans la lutte
antiterroriste.
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Priorité...
aux intérêts américains
L'unilatéralisme s'est également manifesté dans le domaine de la coopération internationale.
Le
gouvernement américain est ainsi revenu sur des engagements antérieurs, et a maintenu son opposition
à des accords faisant l'objet d'un vaste consensus international.
Il a abrogé l'accord conclu en 1972 avec
l'Union soviétique sur la limitation des systèmes missiles antibalistiques (ABM), s'est opposé à la création
d'une Cour pénale internationale (CPI) (sous prétexte qu'elle promouvrait «une justice supranationale
politisée») et a maintenu son refus de ratifier le protocole de Kyoto sur le réchauffement climatique,
conclu en 1997.
Sur le plan économique, le gouvernement américain a continué de demander aux autres
pays d'ouvrir leurs marchés, même si des préoccupations électorales l'ont conduit à protéger ses
producteurs d'acier et à augmenter les subventions à son agriculture de 70 % (190 milliards de dollars
sur dix ans).
Aux alliés, en particulier européens, qui s'inquiétaient d'une telle escalade, le président américain a
répondu qu'ils n'avaient sans doute pas réalisé l'ampleur de la menace.
En visite en mai 2002 dans les
capitales européennes, il a demandé à ses hôtes d'accroître leurs dépenses militaires et de se montrer
plus vigilants.
Ce périple a également été l'occasion de signer un traité de désarmement nucléaire avec la
Russie (les arsenaux des deux pays seraient réduits des deux tiers en dix ans) et de présider à une
réorganisation de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord).
La Russie aurait désormais voix au
chapitre sur toutes les questions de sécurité européenne, et serait associée aux 19 membres de l'Alliance
atlantique dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, de la gestion des crises, de la nonprolifération des armes de destruction massive, de la défense antimissile, de la réforme des politiques de
défense ou du contrôle des armements.
G.
W.
Bush a justifié la priorité absolue accordée à la lutte contre le terrorisme par l'impératif de «clarté
morale».
Pourtant, dans ce combat, les alliés les plus utiles n'étaient pas les plus présentables.
Le
Pakistan est devenu un allié indispensable, même si ce sont les services secrets de l'armée de ce pays
(ISI) qui avaient parrainé le régime afghan des taliban, et que le réseau Al-Qaeda y disposait toujours de
soutiens importants.
Par ailleurs, dans un grand nombre de pays, la démocratisation comme le respect
des droits de l'homme risquaient d'être pris en otage : pour combattre les mouvements d'opposition, il
suffit de les accuser de terrorisme.
Ainsi, le principe global avait le mérite de la simplicité, mais son
application apparaissait semée d'embûches : l'ennemi étant défini non par son identité mais par les
moyens qu'il utilise, la liste des adversaires à combattre peut être étendue à l'infini, et le choix des cibles
est variable et, par définition, arbitraire.
Le conflit israélo-palestinien livré à lui-même
Des amalgames douteux ont ainsi été opérés au sein de différentes régions du monde.
Dans la tension
persistante entre l'Inde et le Pakistan (tous deux détenteurs de l'arme nucléaire), chacun a justifié son
bellicisme en invoquant la nécessité d'éliminer la menace terroriste.
De même, concernant la crise israélopalestinienne, le carnage du 11....
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