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États-Unis 2003-2004 L’art de la persuasion Le 1er mai 2003, le président George W. Bush annonçait, au cours d’une parade...

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« États-Unis 2003-2004 L’art de la persuasion Le 1er mai 2003, le président George W.

Bush annonçait, au cours d’une parade triomphale sur la piste du porte-avions Abraham Lincoln, la «fin de la phase des combats» en Irak.

En tenue de pilote de chasse, avec en arrière-plan une banderole proclamant «mission accomplie», il donnait le ton de la campagne pour sa réélection.

Dans son rôle de «président de guerre», il affirmait tant l’omnipotence de l’Amérique que le bien-fondé de la «doctrine Bush» de la guerre préventive : la guerre d’Irak avait duré moins de deux mois et n’avait coûté la vie qu’à 115 soldats américains. Un an plus tard, l’euphorie n’était plus de mise.

La phase suivante devait consister à reconstruire l’Irak et à en refaçonner le système politique pour en faire un modèle de démocratie, en attendant d’effectuer d’autres «changements de régime» dans les pays avoisinants.

Mais l’après-guerre se révéla bien plus trouble et meurtrier que prévu.

Les Américains n’étaient pas perçus comme des libérateurs mais comme des occupants.

Des actes isolés contre les troupes américaines se sont rapidement transformés en une véritable guérilla.

L’optimisme suscité par la capture de Saddam Hussein, le 13 décembre 2003, a été de courte durée.

Même la reconstruction, qui devait bénéficier essentiellement aux entreprises américaines, ne s’est pas déroulée comme prévu.

Les attaques contre les forces étrangères, les kidnappings d’hommes d’affaires et les attentats contre les oléoducs ont paralysé l’économie.

Les cours du pétrole ont flambé, passant en un an de 25 à 40 dollars le baril. L’enlisement en Irak inquiétait l’opinion publique américaine.

En mai 2004, pour la première fois depuis le début de la guerre, une majorité d’Américains désapprouvaient la politique irakienne de leur président. Plus de 800 soldats américains avaient trouvé la mort sur le terrain, et les foyers d’insécurité se multipliaient.

La réélection du président Bush, en novembre 2004, longtemps tenue pour acquise, semblait pour la première fois sérieusement menacée.

Et en cette année de présidentielle, toutes les décisions semblaient prises en fonction de leur impact électoral.

L’administration était embourbée, mais le président tenait à maintenir l’image d’un chef de guerre résolu.

Le fossé entre une rhétorique intransigeante («Nous gardons le cap») et une réalité faite d’improvisation et de revirements soudains n’a cessé de se creuser. Le 15 novembre 2003, un «calendrier de retrait» était hâtivement annoncé : le «transfert de souveraineté» au Conseil intérimaire de gouvernement était fixé au 30 juin 2004, tandis que les élections parlementaires irakiennes devaient avoir lieu en janvier 2005.

Mais l’Amérique entendait conserver toutes ses troupes dans le pays.

Et, si le proconsul Paul Bremer était destiné à être remplacé par un simple ambassadeur, John Negroponte, ce dernier allait prendre la tête d’une «superambassade», la plus grande du monde, qui compterait plusieurs milliers de diplomates. Appels à des initiatives conjointes au Moyen-Orient D’autres changements notables se sont produits.

Après avoir longtemps fait cavalier seul, l’Amérique a cherché à s’ancrer à nouveau au sein de la communauté internationale.

Le 16 octobre 2003, la résolution 1511 du Conseil de sécurité des Nations unies, votée à l’unanimité, légitimait la présence américaine en Irak.

Les 23 et 24 octobre se tenait à Madrid, à l’initiative des États-Unis mais sous le parrainage de l’ONU, une conférence de donateurs réunissant soixante-treize pays, vingt organisations internationales et treize organisations non gouvernementales.

Dans le cadre du «transfert de souveraineté», les États-Unis ont par ailleurs coopéré étroitement avec l’Algérien Lakhdar Brahimi, représentant en Irak du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, en vue de former un nouveau gouvernement. Plutôt que de persister à vouloir imposer par la force des «changements de régime» dans la région, l’Amérique a proposé à ses alliés européens de s’associer à un ambitieux plan appelé «Grand MoyenOrient», visant à bouleverser la donne politique et économique, et à mettre le monde islamique aux normes de la démocratie internationale.

L’administration Bush continuait cependant de manier la carotte et le bâton.

Ainsi, si les sanctions économiques imposées à la Libye en 1986 ont été levées à la suite de l’abandon par Tripoli de son programme d’armes de destruction massive et de la signature du protocole file:///F/dissertations_pdf/0/451058.txt[15/09/2020 14:08:43] additionnel du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), de nouvelles sanctions étaient imposées à la Syrie, accusée de complaisance envers certains «mouvements terroristes». Sur le plan électoral, l’année 2004 se présentait initialement sous de bons augures pour G.

W.

Bush, qui n’avait pas à subir des primaires au sein de sa formation, le Parti républicain.

Le locataire de la MaisonBlanche, armé d’un trésor de guerre de plus de 100 millions de dollars et à la tête d’un parti uni, semblait bien parti pour jouer la carte sécuritaire contre une opposition divisée et affaiblie.

Neuf candidats se sont, en effet, disputé l’investiture du Parti démocrate.

L’ex-gouverneur du Vermont, Howard Dean, était en tête dans tous les sondages, la véhémence de son discours contre la guerre en Irak lui ayant permis de mobiliser les militants de base.

Il avait également su utiliser Internet pour se faire connaître du plus grand nombre et obtenir des contributions financières conséquentes.

Il avait reçu l’appui de ténors du parti, tel Albert Gore, l’ex-vice-président et candidat à la présidentielle de 2000.

Le candidat Bush s’apprêtait donc à affronter ce candidat jugé peu en phase avec une Amérique conservatrice. La campagne consensuelle de John Kerry Mais, dès les premières consultations – les «caucus» de l’Iowa (19 janvier 2004) et les primaires du New Hampshire (27 janvier) –, John Kerry, le sénateur du Massachusetts, créa la surprise.

Après quelques victoires aisées, il vola de succès en succès.

La candidature de Howard Dean fit long feu, et seul John Edwards, sénateur de Caroline du Nord, obtint des scores honorables, en particulier dans les États du Sud, avant de se retirer de la course.

Cette performance lui valut d'ailleurs d'être choisi par le sénateur Kerry comme colistier, le 6 juillet 2004. En sélectionnant J.

Kerry, un homme d’expérience mais manquant de charisme, les démocrates avaient misé sur le candidat le plus apte à battre un président sortant disposant d’atouts considérables.

Car, malgré les déconvenues irakiennes, les préoccupations sécuritaires jouent souvent en faveur d’un président en exercice.

Vétéran de la guerre du Vietnam, le candidat démocrate avait, par la suite, fondé un mouvement d’anciens combattants opposés à la guerre.

Même si certains milieux d’extrême droite mettaient son patriotisme en doute, J.

Kerry pouvait être un «président de.... »

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