Éthiopie 1981-1982 Militarisation et socialisme autoritaire Au pouvoir depuis février 1977, le régime de Mengistu Haïlé Mariam reste toujours aussi...
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Éthiopie 1981-1982
Militarisation et socialisme autoritaire
Au pouvoir depuis février 1977, le régime de Mengistu Haïlé Mariam reste toujours aussi contradictoire.
D'un côté il exerce une répression à grande échelle contre toute initiative populaire, et de l'autre il met en
œuvre des réformes socio-économiques de tout aussi grande envergure, entièrement définies par le
groupe dirigeant.
Celles-ci paraissent en tout cas avoir engagé une transformation irréversible des
structures féodales de la société éthiopienne.
L'accélération du cours de la révolution semble avoir amené les dirigeants militaires à faire leurs les
objectifs radicaux de leurs opposants de jadis.
Avec un machiavélisme consommé, le Comité militaire
administratif provisoire (DERG) a repris à son compte les idées de ses opposants, tout en exilant,
exécutant ou emprisonnant ces derniers.
Au milieu de cette combinaison bizarre de répression et de
réformes, une série d'objectifs progressistes est affirmée: atténuation des contraintes tant internes
qu'externes qui freinent la croissance économique ; élimination de l'exploitation de l'homme par l'homme
; institutionnalisation de la participation populaire à la construction d'une économie nationale
indépendante ; éradication de la pauvreté, de l'analphabétisme, de la faim et de la maladie.
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement a pris de nombreuses mesures, dont les principales ont été
la nationalisation des secteurs stratégiques de l'économie - usines, banques, compagnies d'assurance et
institutions financières - et une réforme agraire très radicale: toute la terre, urbaine ou rurale, est
désormais propriété d'État.
Le DERG a proclamé un "programme national démocratique", qui se donne
pour objectif politique la constitution d'une république populaire démocratique, pour objectif économique
l'édification d'une économie autosuffisante et prospère, et pour objectif social la liberté et la gratuité de
l'éducation et de la santé pour tous, un emploi rétribué et la prise en charge des enfants malades,
handicapés et abandonnés.
La poursuite de ces objectifs ne va pas sans difficultés, dont les plus importantes sont sans conteste
l'instabilité politique permanente et les conflits militaires qu'affronte le gouvernement.
Celui-ci est en effet
engagé dans la répression militaire des diverses nationalités qui aspirent à l'indépendance ou à
l'autonomie: l'autodétermination des ethnies va à l'encontre de l'un des dogmes du régime, le maintien
de l'intégrité territoriale de l'Éthiopie.
Les menaces principales sont celles de la guérilla érythréenne, de
l'État somalien et des Somalis vivant en Éthiopie.
D'autres centres de révolte ethnique ont été le Tigre, où
opère le Front populaire de libération du Tigre, le Balé (Front de libération Oromo) et le Wollo (Front de
libération Afar).
Ces multiples défis ethniques ont conduit le gouvernement central a consacrer un fort
pourcentage de ses ressources à la modernisation d'une armée régulière de 250 000 hommes et d'une
milice de 500 000 hommes, en achetant des armes sophistiquées (Mig, chars, missiles, artillerie) à ses
nouveaux amis, URSS, Cuba, et alliés de l'Europe de l'Est, dont les conseillers militaires jouent un rôle
essentiel dans la répression des divers mouvements d'opposition.
100 000 soldats éthiopiens ont ainsi été
engagés en février 1982 contre la guérilla érythréenne, dans une nouvelle tentative de briser sa
résistance.
Cette campagne, dont le nom de code était "Étoile rouge", était dirigée par le lieutenantcolonel Mengistu en personne.
Mais la rapide victoire escomptée n'a pas été remportée, ce qui risque
d'avoir de lourdes conséquences.
En Éthiopie même, les militaires se heurtent à des groupes d'opposants civils, en premier lieu l'Union
démocratique éthiopienne, qui a récemment conclu une alliance avec le Parti révolutionnaire du peuple
éthiopien (PRPE).
Cette alliance jouit d'un certain soutien dans le Gondar,....
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