Éthiopie 1982-1983 Pragmatisme et construction du parti En février 1982, les troupes éthiopiennes, fortes de 100 000 hommes, lançaient une...
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Éthiopie 1982-1983
Pragmatisme et construction du parti
En février 1982, les troupes éthiopiennes, fortes de 100 000 hommes, lançaient une offensive contre les
positions de la guérilla au nord de l'Erythrée.
Sur le plan militaire, l'offensive s'est soldée par un échec
(plus de 30 000 hommes tués du côté éthiopien).
Mais la campagne "Étoile rouge" a néanmoins connu
quelques succès.
Des centaines de cadres ont été envoyés en Erythrée pour mener une campagne
d'éducation politique visant à gagner la population érythréenne.
Cette campagne a eu un certain écho
même si, au début de 1983, très peu des 500 000 Érythréens réfugiés au Soudan avaient regagné leur
pays.
Le régime a pu fournir des armes aux paysans du sud de l'Érythrée ; un nombre considérable de
projets de développement ont été mis en oeuvre, les trente usines de la région ont repris leur production,
les communications ont été rétablies, les habitations, les routes et les ponts ont été réparés et la presque
totalité de Massaoua a été reconstruite.
Reste que, un an après l'opération "Étoile rouge", le chef de l'État éthiopien, le lieutenant-colonel
Mengistu Haïlé Mariam, était toujours favorable à une solution militaire en dépit de son coût exorbitant:
plus d'un million de dollars par jour d'offensive.
L'Éthiopie s'est pourtant déclarée prête à des pourparlers
avec une délégation érythréenne unifiée en présence d'observateurs neutres.
Le mouvement érythréen,
extrêmement divisé, a d'ailleurs été soumis à de fortes pressions des États arabes dans ce sens.
Trois des
plus petits groupes (dont le Front de libération de l'Érythrée, FLE) ont accepté de présenter une
délégation unifiée.
Mais le plus important, le Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) y restait
opposé.
Tant que le régime éthiopien ne proposera rien d'autre qu'une vague autonomie régionale et que les
Érythréens s'en tiendront à la revendication d'indépendance, une solution négociée reste improbable.
Le
FPLE a tenté d'ailleurs d'organiser un front uni des fronts de libération nationale, regroupant le Front
populaire de libération du Tigré (FPLT) et les mouvements des peuples Oromo, Afar et Somali.
Les
différents fronts de libération étaient cependant militairement incapables de renverser le régime, tandis
que l'armée éthiopienne semblait toujours en mesure de supporter un flux constant de désertions et de
lourdes pertes.
En 1983, le FPLE restait la seule force de guérilla sérieuse en Érythrée, mais il était
relégué dans l'extrême-nord de la région.
Ailleurs, seul le FPLT a, dans le Tigré, remporté de réels succès.
Il s'est montré capable de prendre d'assaut plusieurs petites bases militaires et d'opérer librement en
dehors des villes principales.
Même s'il menaçait les communications avec l'Érythrée et empêchait le
gouvernement de distribuer quelques vivres aux victimes de la famine, il devra néanmoins, pour étendre
son influence, aller au-delà des seules activités de guérilla.
Aucun des fronts de libération nationale ne prend en tout cas au sérieux l'argument du gouvernement
selon lequel un parti socialiste au pouvoir pourrait accorder une véritable autonomie régionale.
Les faits
infirment d'ailleurs cet argument: les tendances au centralisme du gouvernement Mengistu sont plus
fortes qu'elles l'ont été sous Hailé Sélassié, et la minorité Amhara est toujours sur-représentée au sommet
de l'armée et de l'administration.
De même, les affirmations du gouvernement éthiopien concernant la politisation des masses sont
toujours sujettes à caution.
On n'en compterait pas moins plus d'un million de militants dans les
organisations de masse: l'Association panéthiopienne des paysans, le syndicat panéthiopien et les
organisations nationales de femmes et de jeunes.
Au total, le nombre de personnes mobilisées par ces
organisations atteint plus de 7 millions pour les associations de paysans, quelques millions de plus pour
les organisations de femmes et de jeunes, 500 000 pour les syndicats, presque autant pour la milice
locale et 250 000 pour les forces armées.
Ce phénomène a été renforcé par le grand succès de la
campagne d'alphabétisation (l'analphabétisme est passé de 96 à 60%) et la création de Comités de
contrôle ouvriers au niveau national, régional, provincial et local.
Le parti appelé à coiffer cette structure n'a cependant toujours pas été crée en 1982.
L'annonce officielle
de sa création pourrait intervenir en septembre 1983, ou 1984 pour le dixième anniversaire de la
révolution.
Une Commission pour l'organisation du Parti des travailleurs d'Éthiopie (COPWE) a été mise en
place avec un comité central composé pour l'essentiel d'Amharas, issus des plus hauts rangs de l'armée
file:///F/dissertations_pdf/0/451119.txt[15/09/2020 14:08:48]
et de la bureaucratie.
La COPWE est formée de vestiges de différents petits groupes politiques qui se....
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