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Éthiopie 1984-1985 Dix ans de révolution 12 septembre 1974: blotti à l'arrière d'une modeste "Coccinelle", Haïlé Sélassié, le lion de...

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« Éthiopie 1984-1985 Dix ans de révolution 12 septembre 1974: blotti à l'arrière d'une modeste "Coccinelle", Haïlé Sélassié, le lion de Judas, le Roi des Rois, descendant d'une lignée légendaire née de l'union du roi Salomon et de la reine de Saba, était emmené vers une résidence surveillée où il mourait quelques mois plus tard.

12 septembre 1984: Mengistu Haïlé Mariam proclamait la naissance officielle du Parti des travailleurs éthiopiens, l'avant-garde marxiste-léniniste qui devait désormais diriger le pays. En dix ans, un empire immémorial a fait place à un socialisme doctrinaire, aligné sur le bloc de l'Est. Certes, la rupture est largement irréversible.

La restauration de l'ancienne noblesse, ou même la reconquête de quelques-uns de ses privilèges, relèvent de la chimère.

Mais la société éthiopienne, ou plutôt les sociétés d'Éthiopie, sont trop imprégnées de leurs traditions pour que n'y persistent pas des éléments essentiels de continuité, et des conflits ancestraux. Tel est d'abord le cas du pouvoir.

S'il a pris des apparences marxistes-léninistes, il s'est fondu dans un seul appareil qui s'articule toujours autour d'une seule personne: le lieutenant-colonel Mengistu Haïlé Mariam.

Élu au poste de secrétaire général du Parti, il cumule toutes les plus hautes fonctions.

Ni autocrate absolu, ni simple primus inter pares, Mengistu Haïlé Mariam tire son autorité personnelle de sa position d'arbitre, reconnue de gré et parfois imposée de force. A ses côtés immédiats, siègent, au sein du Bureau politique, les six autres membres du Conseil militaire administratif provisoire (CMAP) ou DERG - l'instance dirigeante depuis la chute de l'empereur - et quatre civils: deux techniciens conservateurs et deux "militants".

La composition du Comité central (134 membres et 66 suppléants) est similaire puisque, de facto, le Parti s'est construit par cooptation depuis le sommet.

Tout le Comité central du CMAP y siège, et il compte 70% de militaires et 30% de civils.

Parmi ces derniers, un seul sur dix avait milité dans un mouvement marxiste avant la chute de l'empereur, alors que des figures clés des organes directeurs du Parti, y compris du Bureau politique n'ont jamais caché leur refus du marxisme.

Enfin, et c'est là que réside sans doute un des principaux signes de continuité, les Amharas y sont encore très largement sur-représentés. Le pouvoir militaire, en se parant d'habits prolétariens pour prix de son alliance avec Moscou, a donc renforcé son monolithisme.

Les anciens mouvements radicaux qui le combattaient dans la capitale même se sont tus.

Le régime s'est senti assez sûr de lui pour libérer les derniers militants emprisonnés, lors de l'amnistie prononcée en septembre 1984, à l'occasion de la naissance du Parti.

A Addis-Abeba même, la contestation, si elle existait, ne pourrait couver qu'au sein des instances dirigeantes.

Mais au début de 1985, rien n'indiquait que la stabilité du régime, renforcée par l'épuration, en janvier 1984, de responsables accusés de collusion avec le Front populaire de libération du Tigray (FPLT), était en quoi que ce soit menacée.

Aucune alternative ne se dessinait face au pouvoir en place, alors que l'Éthiopie s'enfonçait dans une voie apparemment sans issue. La population éthiopienne a été évaluée à 34 millions d'habitants en 1984, et son taux de croissance annuel à 2,9%.

Or la production agricole n'ayant augmenté que de 18% depuis 1975, l'alimentation minimale des Éthiopiens était bien loin d'être assurée. La réforme agraire, qui a aussi fêté ses dix ans en 1985, a fait sauter les verrous structurels qui figeaient le monde rural.

Le nord du pays connaissait déjà, avant la réforme, un mode communal de propriété foncière, son impact s'est donc fait sentir principalement sur les riches terres du sud, appropriées par les colons amharas.

Mais ce premier pas, indispensable, n'a pas été suivi des mesures nécessaires pour impulser le développement des campagnes. Tous les efforts, y compris financiers, ont été centrés sur les fermes d'État (6% des terres cultivées) dont le rendement n'a guère été supérieur à celui des exploitations familiales.

Par contre, ces dernières, où vivent les quatre cinquièmes de la population, ont été au mieux délaissées, au pire pénalisées.

Les prix agricoles sont demeurés insuffisants.

Faute d'un réseau de distribution des produits de première nécessité et de collecte des éventuels surplus, les paysans en sont revenus à ne cultiver que pour subvenir à leurs file:///F/dissertations_pdf/0/451163.txt[15/09/2020 14:08:52] propres besoins. Dès lors, l'accélération, sur les hauts plateaux abyssins, d'une crise écologique manifeste depuis des décennies, jointe à l'insuffisance des communications et à la guerre qui ont empêché la.... »

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