Éthiopie 2005-2006 Impasse politique et diplomatique Jamais sans doute l’Éthiopie n’a été confrontée à de tels défis. Après une campagne...
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Éthiopie 2005-2006
Impasse politique et diplomatique
Jamais sans doute l’Éthiopie n’a été confrontée à de tels défis.
Après une campagne électorale qui a
débuté sur un mode libéral pour se durcir considérablement dans les dernières semaines, les élections
générales du 15 mai 2005 ont signifié un désaveu du régime conduit par Méles Zenawi.
Sa coalition du
Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) est apparue largement perdante :
nombre de ministres ont été défaits, en dehors de la région du Tigré où le Premier ministre Méles Zenawi
a été réélu avec rien de moins que 100 % des voix, et la capitale est passée entre les mains de
l’opposition.
De fait, la population a davantage voté contre le pouvoir en place qu’en faveur des deux
coalitions d’opposition qui, pour l’une, entendait mettre fin à l’expérience de fédéralisme ethnique et, pour
l’autre, en voulait une application plus réelle.
En réponse à une première manipulation du comptage des urnes – héritage sans doute du régime de
parti unique et de la culture militaire des dirigeants éthiopiens –, des manifestions se sont déroulées dans
tout le pays à partir du 8 juin 2005, provoquant l’arrestation de milliers de personnes et la mort de plus
d’une centaine d’autres sous les tirs de l’armée.
Il a fallu attendre le 9 août pour connaître les résultats
officiels, qui ont accordé une large victoire à la coalition gouvernementale : 296 sièges sur les 524 du
Parlement fédéral.
Pour mettre en pièces une opposition tenace, les arrestations se sont multipliées
quelques jours avant la tenue d’une manifestation monstre, le 2 octobre 2005 dans Addis-Abéba, et les
députés associés au régime ont voté, le 11 octobre, la levée de l’immunité parlementaire de certains élus.
Début novembre, de nouvelles manifestations ont été très violemment réprimées et les leaders de
l’opposition arrêtés : plus de 120 responsables du monde politique et de la presse libre ont ainsi été
accusés de félonie, de génocide, de conspiration contre le gouvernement.
Près de 7 000 personnes ont
été peu à peu relâchées avant la fin de l’année 2005, sans que l'on sache combien sont demeurées
emprisonnées.
L’ordre du FDRPE a régné de nouveau, incontesté.
La communauté internationale s’est montrée indécise.
Les observateurs de l’Union européenne (UE) ont
exprimé leurs réserves dès le lendemain du scrutin et publié, en août 2005, un rapport que le Premier
ministre éthiopien a qualifié d'« ordure ».
Cependant, pour plusieurs raisons, les sanctions financières
sont demeurées limitées après que les plus importants donateurs ont annoncé, le 29 décembre 2005, un
gel des crédits de près de 375 millions de dollars.
D’une part, elles auraient rapidement affecté l’ensemble
de la population puisque le budget de l’État éthiopien est financé pour plus de 50 % par l’aide étrangère ;
d’autre part, elles auraient fragilisé un acteur....
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