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ÉTUDE D'UN POÈME DE P. VALÉRY : : : "' " : : : : "" ., : : :...

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« ÉTUDE D'UN POÈME DE P.

VALÉRY : : : "' " : : : : "" ., : : : : • o : : : : " " " : : : : .. • Remarques préliminaires Le nom qui sert de titre à ce recueil Charmes peut se prendre dans un sens moderne évoquant, surtout dans l'adjectif «charmant», quelque chose d'agréable, de plaisant.

Mais Valéry pense aussi à un sens plus ancien (venu du nom latin carmen, « incantation magique»). Cette acception restera en usage jusqu'au xv11• siècle et même au-delà, chez certains auteurs.

Le sens de « pouvoir magique, qui vous ensorcelle >l est encore conservé dans l'expression « charmeur de serpents». Cette façon de jouer sur différents sens d'un mot (cornprenant le sens ancien} qui ne s'excluent pas, mais se surajoutent, était assez appréciée des poètes symbo­ listes, dont Valéry est comme.

le représentant au xx• siècle. Arrêtons-nous, ensuite, sur un point de versification important pour ce texte, car sa méconnaissance rencirait très aléatoire le commentaire des effets de rythme. r La syllabe comprenant un «e» muet est prononcée en poésie, même dans les cas où elle n'est pratiquement plus prononcée dans l'usage courant.

Ainsi l'adverbe «lentement», que nous prononçons le plus souvent « lent'ment» (deux syllabes), doit être prononcé en poésie «!en-te-ment» (trois syllabes}.

Il en est de même pour plusieurs autres mots du texte. La syllabe comportant un « e » muet ne compte cependant pas en poésie lorsque, à la fin d'un mot, elle : : .. .," : : : est suivie d'une voyelle.

Elle ne compte pas, non plus, en fin de vers.

Le vers cinq se décompose donc ainsi : , 2 34 5 6 7 8 Per - so- ne- pur'/ om- bre di- vin' La présence dans ce texte de nombreuses syllabes prononcées en poésie et non dans la langue courante contribue sans doute à lui donner une certaine solennité. LES PAS Tes pas, enfants de mon silence, Saintement, lentement placés, Vers le lit de ma vigilance Procèdent muets et glacés. Personne pure, ombre divine, Qu'ils sont doux, tes pas retenus? Dieux !.

..

tous les dons que je devine Viennent à moi sur ces pieds nus? Si, de tes lèvres avancées, Tu prépares pour l'apaiser, À l'habitant de mes pensées La nourriture d'un baiser, Ne hâte pas cet acte tendre, Douceur d'être et de n'être pas, Car j'ai vécu de vous artendre, Et mon cœur n'était que vos pas. Paul Valéry (1871-1945), extrait du recueil Channes, Éd.

Gallimard, 1922. Dans ce poème tiré de Charmes, et intitulé « Les pas », Paul Valéry évoque l'approche discrète, dans le silence d'une attente vigilante et sensible, d'une personne précieuse et chère, dont on devine qu'elle n'est autre que la poésie. Quatre quatrains suffisent pour construire un poème qui peut se lire suivant deux niveaux de signification étroitement imbriqués, mais qui conservent une possible autonomie. Cette allégorie, qui décrit en même temps l'approche de l'être aimé et l'approche de l'inspiration, permet à Valéry de raconter poétiquement la genèse du poème et de nous faire sentir tout ce que peut avoir de captivant et de sensuel la création poétique. Les pas de la «personne» qui s'iwance vers le «lit» du poète et quel' on se représente - sans que cela soit dit explicitement- sous les traits encore vagues d'une femme aimée s'approchant dans le silence, sont à la fois intimes et étrangers. Intimes, car la personne est connue, tutoyée, dès le seuil du poème, par l'apostrophe «Tes pas» qui revient au vers six, ramenée à l'être même et à l'attitude attentive et recueillie de celui qui l'attend («mon silence...», «ma vigilance...

»).

Le toi et le moi se conjuguent dans l'approche, comme s'accordent les pas «muets» du quatrième vers au «silence» du poète. Étrangers, car encore lointains dans cette approche même; le rythme du second vers suggère lenteur, silence, froideur mystérieuse de ces pieds «glacés» et «nus».

Le verbe «procèdent», qui signifie « avancent», est un mot d'origine savante, un calque du latin procedere, manifestant une hauteur et un raffinement qui rendent ces pas éminents et précieux: «Personne pure, ombre divine.» La triple exclamation du second quatrain («Qu'ils sont doux» « Dieux !» « tous les.... »

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