Explication de texte Explication d'un texte de Popper I..:extrémisme est fatalement irration nel, car il est déraisonnable de supposer qu'une...
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Explication de texte
Explication d'un texte de Popper
I..:extrémisme est fatalement irration
nel, car il est déraisonnable de supposer qu'une
transformation totale de l'organisation de la
société puisse conduire tout de suite à un sys
tème quifonctionne defaçon convenable.
Il y
a toutes les chances que, faute d'expérience,
de nombreuses erreurs soient commises.
Elles n'en pourront être réparées que par
une série de retouches, autrement dit par la
méthode même d'interventions limitées
que nous recommandons, sans quoi il fau
drait à nouveau faire table rase de la société
qu'on vient de reconstruire, et on se retrou
verait au point de départ.
Ainsi, l'esthé
tisme et l'extrémisme ne peuvent conduire
qu'à sacrifier la raison pour se réfugier dans
l'attente désespérée de miracles politiques.
Ce rêve envoûtant d'un monde merveilleux
n'est qu'une vision romantique.
Cherchant
la cité divine tantôt dans le passé, tantôt
dans l'avenir, prônant le retour à la nature
ou la marche vers un monde d'amour et de
beauté, faisant chaque fois appel à nos sen
timents et non à notre raison, il finit tou
jours par faire de la terre un enfer en
voulant en faire un paradis.
Karl R.
Popper, La Société ouverte
et ses ennemis.
Tome 1: «I.;ascendant
de Platon», trad.
J.
Bernard
et Ph.
Monod (Seuil 1979, p.
135).
La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.
Il faut et il suffit que l'ex
plication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il
est question.
Introduction
Évidence
générale qui
permet de faire
ressortir
la spécificité du
texte de Popper
Explicitation du
propos général
(sa thèse)
de Popper
Annonce du plan
1, 2: analyse des
2 parties du texte
3: discussion
de la thèse
de Popper
Créer une société meilleure semble être une aspiration très géné
ralement partagée.
Mais tout le monde n'est pas d'accord sur les
moyens pour y parvenir.
Dans ce texte, Popper dénonce l'extrémisme
politique qui réclame une transformation totale de la société.
Il cri
tique ainsi l'idéologie révolutionnaire et prône à la place une «méthode
d'interventions limitées», qui lui paraît la seule rationnelle.
On fera une explication linéaire du texte en décomposant son déve
loppement en deux temps.
On verra ainsi comment, dans un premier
temps Gusqu'à: «on se retrouverait au point de départ», 1.
7), Popper
analyse la contradiction interne de l'extrémisme, contradiction dans
sa démarche même.
P uis, dans un second temps, le caractère dange
reux qu'il attribue à celui-ci, c'est-à-dire la contradiction entre son but
et ce qu'il réalise effectivement.
On discutera ensuite le texte de Popper
en se demandant s'il n'y a pas aussi des contradictions et des dangers
dans le réformisme qu'il semble prôner, et en s'interrogeant sur les
notions d'«extrémisme» et de rationalité en politique.
Le premier moment du texte met en avant le caractère irration
nel de l'extrémisme.
Qy'est-ce d'abord que cet extrémisme politique
dont parle Popper? Il est défini comme l'idéologie qui prône une
«transformation totale de l'organisation de la société»: l'idéologie
révolutionnaire du marxisme ou de l'anarchisme, sans doute, mais
l'analyse de Popper semble pouvoir viser tout aussi bien la Révolution
française, ou même la révolution américaine.
Pourquoi«extrémiste»?
La référence à la notion d'extrême suppose la représentation d'un
éventail de possibilités, dans lequel le«bon» choix se situe au milieu,
«entre» les extrêmes, dont l'opposition est dénoncée comme factice
(par exemple pour Popper, l'opposition entre nazisme et commu
nisme): conception de l'action politique comme «mesurée» et rai
sonnable, dans une recherche de ce qu'Aristote appelait, à propos de
la question de la vertu, la «juste mesure».
Appliqué en politique, cela
signifierait que l'action raisonnable est celle qui entreprend de chan
ger un peu les choses, sans vouloir tout bouleverser: juste milieu entre
l'immobilisme, c'est-à-dire le conservatisme (qui veut «conserver» les
choses comme elles sont), et le progressisme radical qui veut tout
reprendre à zéro.
Il faut, pour Popper, être progressiste, mais cela
signifie aussi, visiblement, qu'on ne peut agir que progressivement.
Popper analyse le caractère irrationnel de la démarche révolution
Analyse du
1 °' aspect
naire de deux manières.
Son caractère«déraisonnable» d'un côté; son
caractère logiquement contradictoire de l'autre.
«Déraisonnable», car
Citation
« il est déraisonnable de supposer qu'une transformation totale de l'or
+ explication
ganisation de la société puisse conduire tout de suite à un système qui
fonctionne de façon convenable»: autrement dit, l'extrémisme fait un
mauvais calcul: une société dont toutes les institutions sont mises à
bas ne peut pas, du jour au lendemain, fonctionner correctement.
Image
L'image sous-jacente, c'est celle d'une machine qui doit être rodée, ou
sous-jacente
encore d'un organisme, qui doit arriver à maturation: Popper inscrit
à l'analyse
la société dans le temps.
Une société n'est pas juste une organisation
de Popper
d'un ensemble d'êtres humains: c'est«un système», un subtil équilibre
entre, notamment, les instances dirigeantes et ceux qui sont dirigés.
Définition
Pour «fonctionner», il faut que le pouvoir politique soit reçu comme
de la notion de
«fonctionnement» légitime par ceux sur qui il s'exerce, c'est tout le problème posé par
social: éclairage Rousseau dans Du Contrat social; et pour cela, il faut que ce pouvoir,
par référence
par exemple, soit structuré de manière complexe de manière à ce que,
à Rousseau et
pour reprendre la formule de Montesquieu, «le pouvoir arrête le pou
Montesquieu
voir», avec une division des pouvoirs.
Or diviser le pouvoir et main
tenir en même temps un pouvoir solide n'est pas facile à réaliser.
Cela
suppose une éducation, aussi bien des citoyens que de ceux qui exer-
Développement
1'" partie:
analyse
de la 1 1• partie
du texte
Les
contradictions
internes
de l'extrémisme
politique
Définition
du terme
«extrémisme»
Définition
de la rationalité
politique selon
Popper
Éclairage
par référence
à Aristote
Les deux aspects
de l'irrationnel
en politique
Analyse
du 2• aspect
Explicitation
des exemples
implicites dans
le texte
de Popper
Illustration
historique
(Trotski)
cent les pouvoirs; cela suppose aussi des relations de confiance, des
références à des traditions communes, de telles sortes que les institu
tions qui organisent la «société» soient soutenues par des coutumes
et des représentations qui fondent une «communauté» (pour reprendre
la distinction proposée par le sociologue allemand Tonnies).
Popper
semble ainsi se référer à l'idée énoncée par Montesquieu qu'il y a, dans
toute société, une dialectique entre les mœurs et les lois: les lois façon
nent progressivement les mœurs, mais réciproquement, c'est l'état des
mœurs qui rend possible ou impossible le fonctionnement des lois.
La
société n'est pas faite de pions: elle est faite d'individus humains, qui
vivent selon certaines habitudes, que l'on ne peut pas changer d'un
coup, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Et la violence, qui va de pair
avec les grandes révolutions, est rarement le meilleur moyen de faire
changer leurs habitudes aux gens - ou alors, et toutes les révolutions
en offrent de tristes exemples, il faut des violences extrêmes: la
«Terreur» en France, la dékoulakisation en Union Soviétique.
Mais il
s'agit alors moins de faire évoluer les mœurs que d'éliminer tous ceux
dont on considère qu'ils n'ont pas les mœurs appropriées.
Cette erreur d'évaluation sur le rapport entre les lois et les mœurs,
place, d'après Popper, l'idéologie révolutionnaire dans un cercle
vicieux logiquement: car, partant d'une situation imparfaite, le nou
veau pouvoir devra nécessairement travailler à s'améliorer.
Mais alors,
de deux choses l'une: soit il opère des réformes, des « interventions
limitées», et il cesse d'être extrémiste et il entre en contradiction avec
lui-même: s'il admet la réforme comme un moyen légitime d'amé
liorer la société, il aurait pu commencer par là et s'épargner la révo
lution.
S'il ne l'admet pas, il est également en contradiction car, il doit
sans cesse se révolutionner lui-même, et ne peut pas aboutir à une sta
bilisation politique: il est voué donc à ne jamais «fonctionner».
On
pourrait rapprocher cela du scepticisme en philosophie de la connais
sance: si aucune vérité n'est possible, alors l'énoncé «aucune vérité
n'est possible» est lui-même impossible.
Si «il faut changer toute la
société», alors aucune société ne peut jamais s'établir et «on se
retrouve ainsi au point de départ».
Historiquement, on en trouverait
sans doute une assez bonne illustration dans l'idée trotskiste de «révo
lution permanente», consistant à prôner une révolution interne au
prolétariat lui-même pour éviter que la révolution prolétarienne ne
se fige dans un régime bureaucratique.
L'idée évoque bien les deux
aspects de ce que décrit Popper: d'un côté (du côté de Trotski) la
volonté d'être fidèle au projet révolutionnaire et de révolutionner sans
cesse la révolution; de l'autre (du côté de Staline), l'échec de ce projet
2• partie:
analyse
de la 2• partie
du texte
Définition
du terme
«esthétisme»
Illustration:
Platon
Popper dénonce
la confusion
entre politique et
esthétique
Popper dénonce
la confusion
entre politique et
religion
Tentative
d'explicitation
des références
implicites
de Popper
et la mise en place effective d'un totalitarisme bureaucratique radi
calement contradictoire avec l'esprit initial de la révolution russe.
Le second temps du texte montre, lui, la contradiction dans
laquelle tombe l'extrémisme, entre le but qu'il se proposait et ce qu'il
réalise.
Popper introduit un nouveau terme, celui d'«esthétisme».
L'erreur, en politique, ce serait d'oublier le prosaïsme et de vouloir que
la société soit belle.
En effet, vouloir qu'elle soit belle, ce serait la
considérer comme une ceuvre d'art dont on aurait une vue d'ensemble
et dont on aurait harmonieusement agencé les parties.
Mais qui serait
ce «on»? Considérer la société comme une construction artificielle
suppose d'imaginer une instance supérieure, extérieure à la société
comme l'artiste est extérieur à son ceuvre, qui l'organise.
Une telle
conception disjoint donc le pouvoir de la société et lui octroie une
puissance extraordinaire.
Ceci peut être illustré par la théorie plato
nicienne des «philosophes-rois» et par la cité rationnelle dont Platon
échafaude la structure dans La République.
Popper récuse la pertinence
de cette rationalité en politique.
C'est peut-être une belle construc
tion de l'esprit, mais dans la mesure où elle mène, dans la conception
de Platon, à l'organisation du mensonge des dirigeants envers les diri
gés et à la prise en main complète de la vie de ces derniers, de la nais
sance à la mort, en passant par leur éducation et l'établissement de
leur position sociale, un tel esthétisme de la raison paraît difficilement
compatible avec la liberté des individus et donc avec la véritable raison
politique.
Dénonçant la confusion de la politique avec l'esthétique, Popper
dénonce aussi la confusion entre l'action politique et l'espérance reli
gieuse: «attente de miracle», «monde merveilleux», «cité divine» ...
la foi dans l'action régénératrice d'une révolution tient à la fois, pour
Popper, de l'attente messianique et de la puérilité du conte pour
enfants.
Sous l'apparence de la raison et quelles que soient les pré
tentions scientifiques du matérialisme dialectique de Marx, il s'agit
d'un utopisme «romantique» - terme qui signifie ici: ce qui «fait
appel à nos sentiments et non à notre....
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