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Expliquer le texte suivant : C'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable : ce sont nos misères communes...

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« Expliquer le texte suivant : C'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable : ce sont nos misères communes qui portent nos cœurs à l'humanité, nous ne lui devrions rien si nous n'étions pas hommes.

Tout attachement est un signe d'insuffisance : si chacun de nous n'avait nul besoin des autres, il ne songerait guère à s'unir à eux.

Ainsi de notre infirmité même naît notre frêle bonheur.

Un être vraiment heureux est un être solitaire : Dieu seul jouit d'un bonheur absolu ; mais qui de nous en a l'idée ? Si quelque être imparfait pouvait se suffire à lui-même, de quoi jouirait-il selon nous ? Il serait seul, il serait misérable.

Je ne conçois pas que celui qui n'a besoin de rien puisse aimer quelque chose ; je ne conçois pas que celui qui n'aime rien puisse être heureux. Il suit de là que nous nous attachons à nos semblables moins par le sentiment de leurs plaisirs que par celui de leurs peines ; car nous y voyons bien mieux l'identité de notre nature et les garants de leur atta­ chement pour nous.

Si nos besoins communs nous unissent par intérêt, nos misères communes nous unissent par affection. ROUSSEAU La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.

Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension pré-. cise du texte, du problème dont il est question. COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - La thèse du texte apparaît dès la première phrase, dont le reste constitue un développement qu'il convient de suivre en détail. - Analyser avec soin la comparaison entre le «frêle bonheur» de l'homme et le«bonheur absolu» de Dieu: à quoi sert la comparaison? - Bien souligner la différence finale entre «besoins communs» et «misères communes», «intérêt» et«affection». ■ Pièges à éviter - Inutile de rameuter vos connaissances générales sur Rousseau (et en particulier sur sa reconstitution de l'histoire de l'homme). - Attention au sens précis de certains mots : «sociable» désigne tout autre chose que la caractère agréable d'un homme...

À quoi renvoie, dans la première phrase,«lui»? - Ne pas déduire de la disposition en deux paragraphes qu'il y aurait, de l'un à l'autre, changement de point de vue. CORRIGÉ [Introduction] L'origine du regroupement des hommes est un problème souvent abordé par les philosophes, notamment au xvnr siècle.

Pourquoi, com­ ment l'homme est-il devenu sociable? Qu'est-ce qui le pousse à le demeurer ? Rousseau avance ici une réponse originale, en montrant que l'origine de la sociabilité doit être attribuée à la faiblesse constitutive de l'être humain, et que cette situation initialement négative produit un élé­ ment positif, même si ce n'est qu'un«frêle bonheur». [I.

La faiblesse de l'homme] L'homme est par définition imparfait.

Ce qui signifie plus particulière­ ment, et sans trop se soucier des connotations théologiques d'une telle affirmation, qu'il ne peut vivre seul, qu'il ressent en lui un manque radi­ cal, une insuffisance qui l'entraîne vers les autres. Cette imperfection détermine en effet des «misères», et c'est à cause de ces dernières, qui ont des effets sensibles ou affectifs, que naît dans «nos cœurs» un intérêt pour«l'humanité».

Ce terme peut s'entendre en deux sens, mais ils se rejoignent ici: c'est d'une part l'ensemble des qua­ lités de l'homme, de l'autre l'ensemble des hommes eux-mêmes.

Si cha­ cun était autosuffisant, il ne devrait rien aux autres ; mais puisque chacun est au contraire «homme», c'est-à-dire«faible» et«misérable», il est animé par une tendance qui le pousse vers les autres, soit pour y trouver _ l'aide qui va le compléter, soit pour apporter lui-même cette aide à un autre. Car la«misère» n'est pas le sort du seul individu.

Elle est au contraire le sort de tous, et l'attrait pour les autres se déploie en conséquence dans un contexte de réciprocité: ce que je dois à l'humanité est équilibré par ce que l'humanité me doit (ce qui instaure une sorte d'égalité immédiate, à ce niveau de sociabilité première). Ainsi, toute relation avec les autres, tout attachement, et quelle qu'en soit la détermination première (matérielle, affective...), vient rappeler que l'individu ne saurait vivre seul.

Sans ressentir le besoin des autres, l'homme n'aurait pas le projet de s'unir à eux (ce qui pourrait signifier que la pensée est liée à la condition matérielle, mais il ne faut sans doute pas aller trop loin dans une lecture matérialiste du texte). [Il.

La fragilité du bonheur] Ainsi, c'est ce qui nous détermine négativement (la non-perfection) qui fait naître du positif, à savoir le bonheur ressenti dans le sentiment de la complétude.

Mais ce bonheur est qualifié par Rousseau de«frêle»: il ne peut en effet être durable, et se caractérise par sa fragilité ou sa brièveté. L'union avec les autres peut combler momentanément les misères, elle n'en supprime pas la possibilité, puisque tous les hommes demeurent radicalement imparfaits.

Tout bonheur ressenti risque donc d'être suivi à nouveau d'un besoin ou d'une misère. À ce bonheur fragile, Rousseau oppose brutalement l'éventualité d'un «être vraiment heureux», jouissant donc d'un bonheur sans faille.

C'est pour souligner qu'il est solitaire.

Ce qui indique que ce vrai bonheur ne peut advenir qu'à un être sans faiblesse initiale: il est en effet le seul qui puisse vivre seul, et n'a aucun besoin des autres.

Logiquement, on doit donc qualifier cet être solitaire et totalement heureux de parfait, ce qui amène l'évocation de Dieu.

D'abord pour souligner que«Dieu seul jouit d'un bonheur absolu», et ensuite pour noter qu'un homme ne peut même pas avoir«l'idée» d'un tel bonheur: l'imperfection ne saurait concevoir quoi que ce soit d'absolu. Après la.... »

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